Le festival du racisme

C'est un festival... mais celui du racisme ! Certains ont peut-être en mémoire le fameux festival du film lesbien et féministe interdit aux hommes, festival qui n'avait pas suscité l'indignation de la mairie de Paris qui le subventionnait (est-ce toujours le cas ?) et qui continue manifestement sur le même registre (à en lire la section accessibilité où il est question de sous-titrage « à l'intention des femmes sourdes et malentendantes ») mais voici qu'un nouveau festival déclenche la polémique avec toujours la même philosophie d'exclusion d'une partie de la population. Auto-qualifié d' « afroféministe », le festival Nyansapo assume pleinement la « non-mixité » (novlangue quand tu nous tiens... il s'agit pourtant bien de racisme) à en lire le collectif afroféministe Mwasi dont l'objectif est de « faire entendre les voix des noires africaines et afrodescendantes ». Ce collectif explique « qu'elles sont les mieux placées pour saisir les armes de [leur] émancipation ». Émancipation de quoi, telle est la question puisque aucun lieu public n'est interdit à une personne en vertu de sa couleur de peau, son sexe, son âge... « Don't agonize, Organize »... la ségrégation raciale ? Ainsi expliquée en théorie, la question est, en pratique, très racialisée et c'est cela qui déclenche la polémique. Jugez plutôt : ce festival (de la connerie ?) prévoit 4 espaces distincts, l'un réservé aux femmes noires (80% du festival), un autre pour les personnes noires (hommes et femmes), un autre pour les femmes « racisées » (pour comprendre ce que cela signifiait j'ai écouté les défenseurs de ce mot : « être racisé-e, n'est pas appartenir à une race, mais vivre dans des structures sociales discriminantes, qu'il faut identifier comme telles pour pouvoir les renverser. », à l'évidence ce collectif n'a pas la même définition... et puis quid d'un blanc vivant dans un quartier où son ethnie est minoritaire ? A-t-il le droit de se sentir « racisé » et donc accéder à une partie de leur festival à la con... en vertu de sa situation, comment ça, « ça ne marche pas » ?) et un dernier accessible à tous. On imagine d'ici les contrôles au faciès et le traitement des cas des familles dont le mari est blanc et la femme est noire (ou inversement) avec des enfants métisses, un véritable casse-tête pour les organisatrices et le responsable de la sécurité. On ne s'étonne plus de rien à Paris et en France. Après les cafés et trottoirs interdits aux femmes, le camp d'été décolonial interdit aux blancs, certaines réunions de Nuit Debout interdites aux hommes, le festival subventionné du film lesbien et féministe interdit aux hommes, voilà que surgit un festival qui innove avec ce mélange de misandrie et de racisme anti-blanc. Peut-être serait-il temps de rappeler à ces gens qu'il fut un temps pas si éloigné où c'était les noirs ou les juifs qui étaient interdits de présence dans certains lieux... Mais laissons parler les pros... Alors évidemment, je suis allé consulter les associations censées lutter contre le racisme et toute forme de discrimination. Et il y a des disparités dans les réactions mais aussi des nouveautés.

  • SOS Racisme : Surprise ! L'association condamne (et c'est heureux) cet événement qui sur le plan jurudique est discriminatoire et parle "d'initiative abjecte". Si la créature du feu PS a vu son Président, Dominique Sopo, se fendre d'une tribune condamnant la composition du premier gouvernement sous Macron au motif que celui-ci n'a « aucun ministre majeur issu des immigrations maghrébines, subsahariennes ou des Antilles » (les personnes d'origine chinoise, indienne ou autre apprécieront), elle a au moins le mérite ici de ne pas faire dans l'ambiguïté ou le deux poids deux mesures auquel elle nous a habitué.
  • La LICRA condamne. Alain Jackubowitz a déclaré « Rosa Parks doit se retourner dans sa tombe », sauf que cette dernière a elle-même participé à des réunions sur ce même principe racialiste... cohérence quand tu nous tiens...
  • Le MRAP : Pas de trace sur leur site (peut-être des déclarations m'ont échappé). On se souvient néanmoins que le MRAP n'avait pas jugé bon de s'associer à la LICRA dans un procès sur fond de racisme anti-blanc il y a quelques années. Néanmoins, ils avaient publié, dans un texte d'orientation datant de 2012, la condamnation suivante : « Promouvoir des identités artificielles et “ uniques ”, qu'elles soient nationales, religieuses, ethniques ou raciales, conduit inéluctablement au racisme. Ces enfermements identitaires émanent des groupes dominants, mais se reproduisent dans les groupes dominés : le racisme antiblanc en représente un avatar. Le Mrap le condamne à ce titre d'autant plus qu'il apporte une inacceptable et dangereuse non-réponse aux méfaits et aux séquelles de la colonisation. ». Cette condamnation n'était pas au goût d'un collectif qui citant Albert Menni, relativisait, voire considérait comme négligeable ce « racisme édenté », celui des dominés, des faibles, « dont dont on pourrait se demander en conséquence s'il mérite même d'être considéré comme un racisme ».
  • Fondation Lilian Thuram Education contre le racisme : Pas de trace.
  • La LDH : Aucune trace de condamnation sur leur site.
  • Les Chiennes de garde : Pas de trace sur leur site
  • Ni Putes Ni Soumises : Le dernier sujet d'actualité sur leur site date de plus de 6 mois...
  • Osez le féminisme ! : Pas de trace sur leur site. Mais on peut lire ici le réponses de Raphaëlle Rémy-Leleu qui explique ne pas comprendre les réactions suscitées par l'organisation d'un tel événement : « ça commence à nous fatiguer et à nous énerver un peu. Des personnes ne veulent pas comprendre que des personnes "dominées" aient envie de s'organiser entre elles, pour aller vers leur émancipation. Ce sont des polémiques qui reviennent régulièrement, sur des bases assez malsaines. ». S'appuyant sur une analogie avec le féminisme, elle explique « quand on s'organise entre femmes, parce qu'il y a certains sujets qu'on a envie d'abord d'évoquer entre femmes, on a des espaces de non-mixité. Cette non-mixité, qui est choisie, est une méthode d'organisation. La non-mixité choisie et la non-mixité subie sont deux choses différentes par essence et dans leurs objectifs. »

Evidemment il ne fallait pas s'attendre à ce que des associations féministes condamnent... et il aura fallu attendre que le sujet soit mis sur le tapis (circonstances aggravantes : l'utilisation de locaux municipaux, mais nous dit-on les ateliers discriminants ne sont pas prévus dans ces locaux publics) pour que Mme Hidalgo réagisse, condamne « fermement », et demande l'interdiction de l'événement. On s'oriente vers une pseudo-solution (car apparemment c'était prévu dés le début) intermédiaire, la mixité raciale et sexuelle sera de mise dans les locaux publics, et les ateliers aux critères d'admission racialistes auront lieu dans des lieux privés. Le « camp d'été décolonial » également interdit aux blancs a pu s'organiser dans un lieu privé lui aussi. Quand l'anti-racisme justifie le racisme D'abord, comme d'habitude un certain nombre d'intervenants condamnent la reprise en main de cette histoire par l'extrême-droite, comme si c'était l'extrême-droite qui était à l'origine de l'événement. Si pour de nombreuses associations antiracistes ce racisme (arrêtons de parler de « non-mixité ») répond au même principe d'exclusion que les autres racismes, un courant de pensée (si on peut le qualifier ainsi) tente d'expliquer l'intolérable par l'analogie aux mouvements afro-américains qui furent réservés exclusivement aux noirs. L'idée est que les « opprimés » doivent pouvoir exprimer leur rancœur librement, ce qui serait impossible avec la présence de l'oppresseur blanc. Certains vont plus loin encore en niant l'existence même d'un racisme anti-blanc dans la société, puisque le blanc étant le dominant, tout racisme envers lui ne serait qu'une sorte de réaction à l'oppression, marginal, certes regrettable mais au fond excusable, le fameux racisme édenté de Menni. Ma conclusion à l'attention des « non-racisés » : évitez ces lieux et ces événements où vous êtes de toute façon exclus, discriminés, jugés comme oppresseurs par défaut et où des gens sont assez stupides pour vous catégoriser selon votre concentration de mélanine. Les pires racistes de France ce sont eux et ça commence à se voir. Si c'était le dialogue qu'ils voulaient, expliquer, partager leur ressenti et leurs expériences (ce qui pourrait être constructif), ils ouvriraient leurs portes au lieu de s'enfermer dans un communautarisme qui ne peut qu'engendrer à terme le racisme, le vrai celui-ci.
Voir en ligne : http://www.agoravox.tv/IMG/jpg/festival-interdit-blancs-gg.jpg

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