"Vérité pour Curtis" : Une histoire banale en banlieue sud

Bien que tragique, c'est une histoire tout ce qu'il y a de plus banale. Rappel des faits : Vendredi 5 mai 2017, à Massy (91 – Banlieue sud de Paris), la BAC a voulu contrôler un jeune homme de 17 ans. Curtis, les apercevant, a pris la fuite au guidon de son quad sans casque. Roulant semble-t-il trop vite, il a raté son virage et terminé sa course dans un bus (heureusement ce n'était pas une femme avec une poussette, un enfant ou une personne âgée), d'après Catherine Denis, procureure de la République. Pris en charge le jeune Curtis est décédé des suites de ses blessures dans la nuit. L'engin avait les pneus lisses (toujours d'après la procureure). La suite ? Mais pourquoi l'écrire, vous la connaissez déjà. Alors pour la forme et en condensé :

    • La version de la BAC (qui dit avoir perdu de vue le véhicule puis retrouvé au moment de l'accident) est contestée, la famille porte plainte contre x pour homicide involontaire ; des témoignages prétendent que le véhicule de police l'aurait poursuivi, certains évoquent même un choc entre les deux véhicules ;
    • Violences urbaines durant le week-end qui suit sur Massy avec incendies de véhicules, de conteneurs à ordures et autres jets de cocktails molotov sur la police ;
    • Marche blanche ce dimanche dernier avec T-shirts « Vérité pour Curtis », "Justice" a du être jugé excessif ;
    • Couvre-feu déclaré à Massy et à Antony pour les moins de 16 ans pour éviter la casse supplémentaire (on se demane bien ce que font des jeunes demoins de 16 ans dans la rue passé une certaine heure, mais bref) ;
    • Appels au calme du père de la victime et des Maires des communes de Massy et Antony.

En images : Une cagnotte Leetchi est en cours, et voici la déclaration du père de Curtis : "Nous avons perdu notre fils dans des circonstances tragiques, Curtis a perdu la vie le 6 mai 2017 à Massy après avoir percuté un bus, plusieurs versions sur les circonstances de sa mort. Personne ne s'attend à perdre un fils aussi jeune à 17 ans, nous avons besoin de vous de votre solidarité pour les frais d'obsèques de Curtis, votre soutien nous allégera dans cette terrible épreuve. Nous ne pouvons pas nous contenter uniquement de la version policière. C'est donc pour cela que nous avons décidé de nous constituer partie civile pour connaître la vérité sur sa mort. Cette procédure judiciaire va avoir un coût conséquent dans notre quotidien, pour mener à bien cette action nous avons besoin de votre solidarité et de votre soutien dans ce long combat". Les questions Bien entendu, aucune information sur les points importants : pourquoi ce délit de fuite (pour un simple défaut de port du casque cela paraît disproportionné de prendre ces risques...) ? Le véhicule était-il assuré ? Son conducteur avait-il le droit de le conduire ? Etait-ce le sien et si oui, vu le prix de ce genre d'engin, comment un gamin de 17 ans a fait pour se le payer ? Il semble qu'auncun journaliste n'ait cru bon de se poser ces questions. L'enquête est en cours et nous aurons peut-être les réponses... Mais la plus importante est sans doute celle-ci : pendant combien de temps les pouvoirs publics vont-ils laisser faire n'importe quoi sur la voie publique ? Parce que voilà, s'il s'agissait d'un cas isolé, on parlerait d'un banal fait divers, sauf qu'il s'agit d'une énième histoire où l'on retrouve toujours les mêmes ingrédients : jeunes gens inconscients qui ne respectent aucune règles, délit de fuite, accident (ou pas, à voir), émeutes (qui n'arrivent que dans certains quartiers)... la routine en somme. Bienvenue à Massy ! Quand dans la presse je suis tombé sur cette histoire d'une ville que j'ai bien connu, je me suis souvenu de ces jeunes en train de « s'amuser » dans le quartier avec leurs motos non homologuées utilisant la voie publique comme un circuit. Et cette histoire de quad m'a immédiatement remémoré celui que j'avais vu faire des roues-arrières en pleine circulation devant les commerces de la rue d'Alger et tout particulièrement de cet accident auquel j'ai assisté : le jeune (sans casque, mais était-il nécessaire de le préciser ?) qui ne maîtrisait manifestement pas son engin avait mis un peu trop de gaz et celui-ci avait lamentablement basculé en arrière. C'était assez ridicule à voir sur le moment et ce fut sans gravité... en revanche il aurait très bien pu percuter quelqu'un, mais ça c'est un détail. Du reste il arrive que ce ne soit pas des accidents, mais des actes volontaires comme il y a quelques mois. Cette fois-ci c'est à moto (non homologuée a priori) qu'un individu de 22 ans a volontairement percuté deux policiers en tentant de prendre la fuite. Mais cette affaire n'a pas fait les gros titres, après tout, ce sont les risques du métier... Il y a quelques années, une histoire similaire (cette fois-ci la moto était volée, les jeunes dans un état d'ébriété et sous l'emprise de stupéfiants), mais peu importe, le tarif a été le même : émeutes. Massy (qu'on peut découvrir ici en images), ville qui a eu une croissance démographique phénoménale à partir des années 60, a connu de nombreux épisodes de violences (affrontements entre "jeunes", règlements de comptes, meurtres sanglants...) comme la plupart des villes de l'Essonne. D'autres actuels ou ex-habitants vont sans doute répondre que Massy n'est pas que cela et c'est vrai. Mais c'est aussi cela et pour ceux qui voudraient découvrir (c'est pas tous les jours comme ça non plus bien entendu), voici à proximité de la Place de France (ça ne s'invente pas). Et pour les amateurs de musique, vous savez, cet art qui permet de transmettre plein de valeurs positives à nos jeunes... voilà à quoi certains sont biberonnés. Intéressant n'est-ce pas ?
Voir en ligne : http://www.agoravox.tv/IMG/jpg/massy-feu.jpg

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