Dans "L'Emission politique" du 4 mai 2017 sur France 2, Michel Houellebecq vient témoigner sur la vie politique actuelle et délivrer sa vision des élections présidentielles.
Michel Houellebecq : « La deuxième France, dont vous parlez, la France périphérique, qui hésite entre Marine Le Pen et rien, je me suis rendu compte que je la comprenais pas, que je la voyais pas, que j'avais ben perdu le contact, et ça quand on veut écrire des romans, je trouve que c'est une faute professionnelle assez lourde. » Léa Salamé : « Et pourquoi vous avez perdu le contact avec cette France-là ? » Michel Houellebecq : « Parce que je la vois plus ! Je fais partie de l'élite mondialisée maintenant, typiquement. J'exporte même en Allemagne. Pourtant je viens de cette France. »
Ensuite, l'écrivain estime que la grande fracturation de cette élection traduit un vote de classe :
« Le mot est démodé mais il y a une classe qui vote Le Pen, une classe qui vote Mélenchon, une classe qui vote Macron, une classe qui vote Fillon... Que je le veuille ou non, je fais partie de la France qui vote Macron, parce que je suis trop riche pour voter Le Pen ou Mélenchon. »
En gros, Macron porte un projet d'ouverture économique et sociétal (c'est le projet des gens pour lesquels tout va bien), Le Pen un projet de fermeture ou de protection économique et sociétal (c'est le projet des gens pour lesquels tout va mal), Fillon un projet d'ouverture économique mais de conservatisme sociétal, enfin Mélenchon un projet de protection économique mais d'ouverture sociétale. Les deux finalistes portent les deux projets les plus cohérents et radicaux, entre les deux France qui se comprennent le moins. D'où la violence du débat de second tour. Un duel Fillon-Mélenchon, laissant plus de place à la nuance, aurait sans doute un peu moins polarisé la société.
Voir en ligne : http://www.agoravox.tv/IMG/jpg/houellebecq-honte-presidentielle-2017.jpg