Source : Global Europe Anticipation Bulletin, du Laboratoire Européen d’Anticipation Politique, Mars 2017.
Sans Kissinger pour négocier le pétrodollar et remettre la monnaie américaine au centre du jeu mondial après le choc de l’annonce de Nixon en 1971 d’interrompre la convertibilité du dollar en or, le billet vert ne serait plus la référence mondiale depuis plus de 40 ans déjà. Trump saura-t-il s’entourer de conseillers de même calibre – et saura-t-il les écouter ? Car un choc de même ampleur est en gestation : il s’appelle défaut de paiement sur la dette publique étasunienne. C’est en effet le tabou qu’a levé l’élection de Trump. Alors, prophétie auto-réalisatrice ou sain débat ? Solution ou catastrophe ?
L’impensable défaut souverain
S’il est un pays interdit de défaut sur sa dette publique, ce sont les États-Unis. Les bons du Trésor US sont en effet au cœur du système financier mondial, considérés comme le safe haven ultime et comme le marché d’obligations le plus liquide au monde. Il va sans dire que personne n’envisage que les États-Unis puissent manquer le moindre remboursement de leurs obligations souveraines. La déflagration qu’un tel défaut engendrerait serait, semble-t-il, sans commune mesure avec celle de la faillite de Lehman Brothers, si l’on se réfère aux montants en jeu (600 milliards de dollars pour Lehman, contre 20 000 milliards de dette publique US) et à la place systémique de Wall Street, et plus généralement de la finance outre-Atlantique. Des États-Unis qui tiennent leur rang dans l’ordre mondial actuel sont clairement privés de cette option, qui est pourtant assez courante pour les autres pays (au cours des 35 dernières années, nous ne comptons pas moins de 70 défauts souverains dans le monde1 …).Lire la suite
Source