Que gagnent les journalistes ? Entre précarisation et salaires faramineux

Source : ACRIMED, Frédéric Lemaire, 26-11-2019

Lors des mobilisations des gilets jaunes, les journalistes n’ont pas manqué de s’interroger sur la « défiance » exprimée par les manifestants à l’égard des médias. Pour certains, leur profession serait victime d’un mythe, selon lequel les journalistes seraient membres d’une élite parisienne, fortunée, proche du pouvoir. En particulier, la question du salaire des journalistes a pris une dimension importante : dans quelle mesure son montant révèle-t-il une éventuelle déconnexion à l’égard du reste de la population ? Dans cet article, nous proposons un ensemble de chiffres qui livrent, en réalité, une situation très contrastée. Il n’en reste pas moins qu’au sein de la profession, les éditocrates et autres présentateurs stars – qui font l’agenda médiatique – affichent des rémunérations très supérieures à celles de la grande majorité de la population française – et en particulier des autres journalistes.

En décembre 2018, dans une émission d’Arrêt sur images, l’historienne Ludivine Bantigny expliquait la déconnexion des présentateurs stars des chaînes d’information vis-à-vis du mouvement des gilets jaunes par leurs salaires très élevés. « J’ai vérifié les salaires des journalistes, ce sont des gens qui sont payés entre 15 000 et pour certains 50 000, 60 000 euros mensuels » avançait-elle, à la suite de la diffusion d’un extrait d’une émission de Bruce Toussaint.
Souvent prise au pied de la lettre – comme si l’historienne évoquait le cas de l’ensemble des journalistes – la citation a suscité de nombreuses réactions dans les médias [1]. Selon L’Express, les salaires faramineux des journalistes seraient « un mythe » ; un « fantasme » selon Challenges ; Le Parisien y va également de son article de « fact-checking ».
Autant de mises en perspective qui ont au moins l’intérêt de rappeler la grande hétérogénéité des situations parmi les journalistes. Ainsi, comme le rappelle l’article de L’Express, les titulaires d’une carte de presse ne disposent pas tous de revenus comparables à ceux de Natacha Polony, qui touchait 27 400 euros mensuels (l’article ne précise pas s’il s’agit du montant net ou brut) pour sa revue de presse sur Europe 1 jusqu’en 2017, ou de Maïtena Biraben (55 944 euros brut par mois comme présentatrice du « Grand journal », avant son licenciement en 2016).Lire la suite

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