Santiago – Beyrouth : Le fascisme revient… Par Richard Labévière

Source : Proche & Moyen-Orient, Richard Labévière, 28-10-2019
A Violetta, Alberto, Victor et tous les autres. Santiago, Concepcion, Valparaiso 1979 – 1982.
Revoir les « pacos » (les flics) et les « assassinos » (les militaires) dans les rues des abords de l’université Diego Portalès glace le sang. Déjà vu, trop vu ! Lorsque les nervis de la CIA assistaient des escadrons de la mort allant jusqu’à emmurer des blessés encore vivants derrière des murs de briques, rebouchées à la hâte avec du ciment prompt : les « enterrés vivants » ! Le 11 septembre 1973, des chasseurs-bombardiers survolent le palais de la Moneda : près de 3 500 morts, des dizaines de milliers de blessés et disparus ; les doigts du guitariste Victor Jara coupés à la hache…
En ordonnant le déploiement des forces de l’ordre dans les grandes villes du pays, le président Sebastian Pinera (centre-droit) a pris la responsabilité de raviver ces mauvais souvenirs… qui viennent de rafler une quinzaine de vies. Et il ose demander pardon en justifiant sa décision par l’impérieuse nécessité d’assurer « la sécurité » de ses concitoyens ! La sécurité ? La sécurité des gens, en particulier des petites gens… c’est d’abord manger à sa faim, accéder à l’eau potable, à des transports publics abordables pour aller travailler et à un seuil minimal de santé et d’éducation.
Au lieu de cela, et depuis le début de la fin de la dictature Pinochet (1990), les gouvernements socio-démocrates – dont celui de notre ami Ricardo Lagos avant ceux de Michelle Bachelet (2006 – 2010) – ont poursuivi les politiques ultra-libérales lancées sous la dictature par les fous furieux Chicago Boys de Milton Friedman, ayant utilisé le Chili comme le laboratoire de leurs délires, déjà tellement meurtriers à l’époque : tout privatiser… Tout ! Ne laisser subsister aucun service public, aucune activité qui échappe à l’initiative et la seule propriété privée considérée comme l’ADN du progrès ! Aujourd’hui, cette utopie morbide craque de toutes parts !Lire la suite

Source