Source : François-Bernard Huyghe, 15-08-2017
Crise bizarre au Département d’État américain : le Secrétaire Rex Tillerson refuse d’utiliser une enveloppe de 60 millions de dollars (plus 20 millions déjà attribués) pour financer des activités dites « de contre-propagande ». Or ces fonds risquent d’être perdus s’il ne les emploie pas avant le 30 septembre. Du coup des élus hurlent, à commencer par les sénateurs Portman et Murphy qui avaient fait passer fin 2016 le Countering Foreign Propaganda and Disinformation Act pour l’année fiscale 2017. Cette loi était destinée en principe à favoriser la riposte des États-Unis face à des campagnes de propagande et de désinformation étrangères, et ce à travers l’action du Global Engagement Center (GEC). Un partie de la presse hurle qu’il s’agit d’une concession au Kremlin et que l’administration Trump ne veut rien faire qui puisse indisposer Poutine (et surtout pas parler de l’ingérence russe dans les élections américaines). La presse russe, de son côté, accuse le GEC d’être le Ministère de la Vérité de Big Brother dans 1984. Comment comprendre cet imbroglio ?
Commençons par un rappel historique de faits bien connus des lecteurs de ce blog :
depuis les guerre froide, les États-Unis ont une longue tradition de « diplomatie publique », un terme apparu dans les années 60. Il désigne la combinaison de médias émettant au-delà du rideau de fer et de réseaux humains pour mener une subversion idéologique contre le communisme, ou, si l’on préfère, montrer une vitrine attractive de l’Occident
Après la chute du Mur, on réduit ces activités, auparavant confiées à l’USIA (US Information Agency) et le soft power (qui vient plus spontanément par la culture, la société civile…) devient plus à la mode que la lutte idéologique.Lire la suite
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