On a souvent tendance, quand on parle des « règles » en économie, à utiliser un même mot pour décrire des réalités très différentes. Olivier Favereau[1] avait proposé, il y a de cela plus de 30 ans, une distinction et une séparation entre différentes règles. Compte tenu de l’importance que jouent les règles dans les comportements tant micro que macro-économiques, c’est un sujet capital[2].
Néanmoins, un certain nombre de confusions demeurent sur cette question. En particulier quand on considère les règles internes et externes aux organisations[3]. Il faut donc chercher à préciser les relations qui existent entre les règles et les organisations, mais aussi envisager la question de la survie et de la croissance d’une organisation (qui est un fait observable dans la vie de tous les jours) alors que nous sommes dans un univers économique plongé dans le paradigme de la concurrence[4]. Ce paradoxe a été traité en son temps par Coase[5].
Mais, la question des « coûts de transaction » est loin d’épuiser le « pourquoi » d’une organisation. Chez Coase, en effet, il faut supposer des coûts de transaction mesurables sur le marché pour en arriver à l’organisation-firme; or, comme le montre Richard Langlois, le concept de coût de transaction n’est réellement opératoire que dans le court terme, et par là insuffisant pour penser l’entreprise[6]. On peut y ajouter celle des compétences, complétant ainsi l’explication coasienne[7].
Mais, cela laisse dans l’ombre les effets directs et indirects induits par la coopération entre individus dissemblables qui s’opère dans une organisation. Cette coopération peut tout aussi bien se produire à l’intérieur des organisations qu’entre des organisations[8].
C’est donc sur une tentative d’explication de pourquoi, et à quelles conditions, une coopération peut être stable que ce papier est consacré. On n’ignore pas que des structures idéologiques peuvent contribuer à cette stabilité, comme cela fut démontré dans le cas du Japon[9]. Mais, ces structures jouent alors le rôle de règles informelles ou implicites[10]. Nous sommes donc revenus à l’importance des règles. Pourtant, dans certaines de ses règles l’influence de la culture commune partagée par un société est fondamentale pour expliquer la stabilité de formes organisées de coopération.Lire la suite
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