Un modèle simple des interactions
Depuis maintenant plusieurs années s’affirme en France une tendance à privilégier l’accord d’entreprise sur l’accord de branche ou l’accord national, bref sur ce que l’on appelle les « conventions collectives ». L’idée dominante est que le niveau de l’entreprise serait le plus pertinent. Cette idée a pour elle une apparente logique (qui ne connaît mieux les problèmes locaux que les acteurs locaux) et une apparente simplicité.
Mais, cette idée simple n’est-elle pas une idée reçue ? Dit d’une autre façon, limiter le cadre de la négociation à la seule entreprise suffit-il à créer les conditions de stabilité qui doivent être requises pour qu’une négociation puisse aboutir ?
Le but de ce texte est donc de présenter une exploration du problème de la cohérence de la négociation en entreprise par la théorie des jeux, mais aussi de montrer comment un instrument formel peut aboutir à des résultats différents de ceux supposés par la théorie standard suivant la nature des hypothèses utilisées.
On se propose ici de tester les choix possibles entre un entrepreneur et un salarié, et l’impact de ces choix sur des règles de fonctionnement interne de l’entreprise. On commencera par construire un modèle simple de théorie des jeux, puis on complexifiera progressivement le jeu, en relâchant progressivement les hypothèses standards de symétrie d’information puis de rationalité, pour tester la capacité de l’entreprise capitaliste, avec son asymétrie de pouvoir, à susciter en son sein les comportements assurant la compatibilité entre règles internes et contraintes externes en face à une variation de la situation économique.Lire la suite
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