[RussEurope-en-Exil] Lehman Brothers, 10 ans après, par Jacques Sapir

Le dixième anniversaire de la « crise des subprimes » suscite un intérêt renouvelé pour ce qui se passa alors, les causes immédiates comme les causes profondes de cette crise. Cette crise n’était pas inattendue, du moins pour certains. A la suite d’une présentation faite dans le séminaire Franco-Russe de juin 2006, nous avions décidé avec nos collègues russes de l’Institut de Prévision de l’Economie (IPE-Académie des Sciences), et dans le cadre du séminaire Franco-Russe, de constituer un groupe de travail sur la crise probable qui allait éclater. Différents papiers furent présentés au séminaire de juin 2007 (Paris), puis de janvier 2008 (Moscou) et je fus invité pour présenter nos travaux au Russia Forum qui se tint à Moscou à la fin du mois de janvier 2008.
Dans ce forum, j’eu un débat animé avec le Ministre des finances russe de l’époque, M. Koudrine, qui présentait la Russie comme un « havre de stabilité ». Je le mis publiquement en garde contre ce genre de formule qui d’une part était très imprudente (on le constata par la suite) dans le cadre d’une crise mondiale et qui d’autre part fragiliserait les finances et l’économie russe. Cette mise en garde fut publiée dans une revue russe, Rossija v Global’noj Politike [1] ce qui montre que mes mises en garde avaient été écoutées par certains. Mais, cela ne fut pas suffisant pour empêcher le gouvernement russe de commettre plusieurs erreurs graves, dues à la domination des restes d’une idéologie libérale dont Koudrine était alors le porte-parole.
La crise ne cessa de se développer, avec tout d’abord la faillite de Bear Stearns puis les graves inquiétudes sur Fanny Mae et Freddy Mac, les deux institutions publiques gérant une partie du portefeuille hypothécaire, pour enfin culminer avec la crise de Lehman Brothers.

J’en rendis compte au jour le jour en utilisant le blog – Actualités de la Recherche en histoire visuelle d’un de mes confrères de l’EHESS, André Gunthert, que je tiens à remercier ici[2].Lire la suite

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