[Refuge] La vision de Renaud Dély

Source : Marianne, Renaud Dély, 28/04/2017
Sommes-nous devenus fous ? En rassemblant plus de 7,5 millions des voix, l’extrême droite française a battu le 23 avril son record historique dans les urnes. Marine Le Pen s’est qualifiée pour le second tour de l’élection présidentielle sans coup férir. Le Front national est aux portes du pouvoir. Jamais depuis 1965 et la première élection du président de la République au suffrage universel la démocratie française n’a paru aussi fragile et aussi menacée. Ce péril devrait émouvoir. Il n’en est rien. Cette situation devrait mobiliser. Pas davantage. Pis, la campagne du second tour s’est engagée sous les auspices d’un stupéfiant « Macron bashing ». Les mêmes qui reprochent au candidat d’En marche son arrogance pour avoir arrosé trop tôt son élection… répètent qu’il n’y a aucun risque de victoire de Marine Le Pen et qu’ils pourront donc à loisir se disperser le 7 mai vers l’abstention ou le vote blanc. Suicidaire aveuglement.
Depuis le soir du premier tour, l’ancien ministre de l’Economie est sommé de battre sa coulpe. Il est jugé responsable, et même coupable de tout. Lui qui est entré dans la carrière politique il y a moins de trois ans doit répondre de la progression quasi continue de l’extrême droite depuis plus de trois décennies. La bulle médiatique n’en finit pas de gloser sur son erreur de débutant – au sens propre du terme puisqu’il en est un en matière de campagne électorale – de la soirée qu’il a passée dans une brasserie parisienne. Les mêmes observateurs qui prophétisaient à longueur d’antenne avant le premier tour un introuvable « vote caché » et l’inéluctable « remontada » de l’ancien « collaborateur » de Nicolas Sarkozy assimilent désormais les moindres écarts de communication d’Emmanuel Macron à d’impardonnables fautes politiques. Son programme est passé au crible, ses propositions soupesées au centime près. Tous se gaussent, s’indignent ou s’alarment des fautes du jeune homme sans se préoccuper du vrai danger tapi dans l’ombre.

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