Source : The Nation, Stephen F. Cohen, 16-05-2018
Stephen F. Cohen, professeur émérite d’études et de politique russes à NYU et à Princeton, et John Batchelor poursuivent leurs discussions (généralement) hebdomadaires sur la nouvelle guerre froide entre les États-Unis et la Russie. (les comptes rendus précédents de ces conversations, qui en sont maintenant à leur cinquième année, peuvent être consultés sur TheNation.com.
Le 9 mai, lors d’un événement public parrainé conjointement par le Harriman Institute de l’Université Columbia et le Jordan Center for Advanced Russian Studies de l’Université de New York, Cohen et McFaul, un professeur de l’Université Stanford et ancien conseiller principal du président Obama pour la Russie à la Maison-Blanche, puis son ambassadeur à Moscou, ont débattu d’un sujet historique crucial mais aussi terriblement d’actualité : « La nouvelle guerre froide américano-russe : qui est responsable ? » Cohen soutient que des politiques américaines malavisées menées depuis les années 1990 sont largement responsables. McFaul, s’inspirant des thèmes de son nouveau livre, From Cold War to Hot Peace, soutient que c’est le leader de la Russie depuis 2000, Vladimir Poutine,qui est à blâmer. (Une vidéo du débat entier est disponible ici).
Batchelor rapporte plusieurs déclarations de Cohen et McFaul lors de l’événement, dont Cohen et lui discutent. Parmi les principaux points soulevés par Cohen, on peut citer les suivants :
— La nouvelle guerre froide se déroule depuis plus de vingt ans sans véritable débat public – que ce soit lors d’élections, au Congrès, dans les médias, dans des think tanks ou des universités. Dans une démocratie, de tels débats sont le seul moyen de remettre en question et de changer la politique officielle. Par conséquent, les politiques malavisées de Washington à l’égard de Moscou ont été guidées par les mêmes hypothèses et principes sous-jacents depuis les années 1990. Cette situation diffère radicalement de celle de la guerre froide, longue de 40 ans, et durant laquelle la politique américaine était régulièrement débattue aussi bien à la base qu’au plus haut niveau, entre les années 1960 et les années 1980. Et ce manque de débat public est l’une des raisons pour lesquelles cette nouvelle guerre froide est plus dangereuse que la précédente. Par conséquent, souligne Cohen, si cette discussion parvient à créer un précédent et inspire plus de débats de ce genre entre les représentants de points de vue radicalement opposés, comme c’est le cas pour lui et McFaul, il n’y aura pas de perdants mais seulement des gagnants dans l’élaboration de la politique américaine envers la Russie.Lire la suite
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