Le Président de la République Emmanuel Macron, déambule dans une rue d’Alger, le 6 décembre 2017, lors de sa première visite en Algérie en tant que chef d’Etat.
Le président français a effectué, le 6 décembre 2017, « une visite d’amitié et de travail » à Alger, qu’il a quittée le jour même. Que retenir de cette visite-éclair, sachant que, pour réchauffer les relations algéro-françaises, les présidents français se rendent en Algérie le plus souvent au mois de décembre ? Des questions ont envahi mon esprit avant la visite de Macron que Bouteflika a félicité « pour son élection bien méritée », affirmant avec conviction que le peuple français « a distingué un ami de l’Algérie » (1).
A – Avant le 6 décembre 2017
1 – Macron déclare : « Je viens avec l’état d’esprit d’un ami de l’Algérie, mais je ne suis pas l’otage du passé douloureux entre Paris et son ancienne colonie » (2). Ainsi, il met des balises à son déplacement en invitant les officiels algériens à inscrire leurs demandes, si demandes il y a, dans ces balises.
Si dans un souci de jeter les bases de nouvelles relations saines et amicales entre les deux pays, les dirigeants algériens demandaient à Macron « Prouvez le contraire et libérez- vous de l’esprit du passé colonial monsieur le président », la visite serait, sans nul doute, des plus fructueuses.
Mais, ne dit-on pas « l’ami de tous, n’est l’ami de personne » ?
2 – Quelles algériennes chanteront pour Macron ?
En décembre 2012, le président Bouteflika avait, en l’honneur de François Hollande et de sa compagne Valérie Trierweiler en visite à Alger, fait chanter les Tlemcéniennes, dans leurs plus beaux costumes traditionnels et leurs précieux atours, dans le langage de Bugeaud et de Bigeard.
Sachant que les algériens qualifient le pouvoir de « clan d’Oujda », les membres de ce clan saisissent l’occasion de la visite de Hollande en Algérie et invitent le couple présidentiel à Tlemcen, leur bastion, adressant « un bras d’honneur au peuple algérien » (3).
Qui fera-t-il chanter pour Emmanuel Macron et sa femme Brigitte en décembre 2017 ? La réponse est venue cinglante et sanglante, nous le verrons plus bas.
3 – Macron fête-t-il la Saint-Nicolas à Alger ?
Sans savoir qui l’a invité, je me suis demandé pourquoi Macron a choisi la date du 6 décembre pour se rendre à Alger ? Par contre, je sais que c’est la journée de Saint Nicolas, « fête des enfants », célébrée avec la distribution des cadeaux et de friandises aux petits écoliers.
Viendra-t-il pour échanger des cadeaux ou bien pour en recevoir sans rien donner à ceux qui lui offriront l’hospitalité ? Viendra-t-il en tant que (faux) papa Noël?
B – Macron durant sa visite
1 – Un peuple de chouhada ou de goumia ??
Sitôt le sol Algérien foulé, Macron aurait reçu un message de l’ambassadeur d’Algérie à Paris, Abdelkader Mesdoua, « aligné » avec le 1er ministre, le Vice-ministre de la Défense nationale, chef d’état-major de l’armée et le ministre des Affaires étrangères, pour l’accueillir à l’aéroport.
En effet selon la rumeur, cet officiel l’aurait accueilli par un « Soyez le bienvenu en France M. le président » (4). Cette phrase imputé à un officiel algérien, est-elle une stigmate d’un rêve réprimé ou enfoui dans le subconscient d’un officiel éveillé et émerveillé par la visite d’un maître qui aurait oublié le 1er novembre 1954 ? Ou est-ce une pensée réelle ? Ce message des émetteur algériens nostalgiques d’une certaine époque, aurait-il été compris par le récepteur comme une reconquête possible de l’Algérie ?
2 – Une accolade que le mari n’a jamais connue
Enthousiasmé par cet accueil chaleureux, Macron décide d’arpenter les rues d’Alger à la rencontre du « peuple » pour un bain de foule que seuls les présidents français prennent dans les villes algériennes.
Des Tlemcéniennes pour Hollande, une Algéroise pour Macron, symboles d’une Algérie trahie et que des forces occultes cherchent à inféoder aux héritiers des anciens bourreaux du peuple algérien. À travers cette femme voilée dont la mémoire a été certainement violée et souillée veut-on nous dire que l’Algérie est la maîtresse éternelle de la France ?
Que cette femme épouse, peut-être, d’un harki demeuré et décédé en Algérie, ainsi que celles dont les youyous ont percé le ciel d’Algérie , que ces femmes sachent, que les algériennes ne se reconnaissent pas en elles et que la flamme du 1er novembre est toujours éclatante dans leurs cœurs.
Rappelons que lors la visite de Hollande en Algérie en décembre 2012, un geste a choqué tout le peuple. Alors qu’il prenait un bain de foule dans les rues d’Alger, un algérien, selon le journal Echourouk, Sassi Hamza, 54 ans et un cadre du FLN, lui ont saisi sa main pour l’embrasser. « Je ne suis pas un traître, j’ai fait ce geste pour prouver l’hospitalité des Algériens si l’on ne m’avait pas retenu, j’aurais serré dans mes bras F. Hollande pour lui dire soyez le bienvenu en Algérie ».
3 – Les collabos effrayés par les archives
Deux cent mille (200 000) boites d’archives (environ 60 tonnes) contenant des documents ont été transférés clandestinement vers la France entre 1961 et 1962. Elles concernent notamment la vie politique et administrative durant la colonisation de 1830 à 1962. En 52 années l’Algérie a récupéré 2% de ces archives détenues illégalement par la France. A ce rythme, leur totalité sera récupérée dans environ 2 500 ans.
Le ministre des Moudjahidine « chargé d’exprimer au président français les attentes de l’Algérie vis-à-vis de la France », (5) attend avec fermeté Macron pour demander la restitution de ces archives. Comment un ministre qui refuse de dire au peuple Algérien le véritable nombre de moudjahidine vivants, peut-il exiger d’un gouvernement étranger de lui livrer des documents de cette importance ? Ces archives, « très explosives », selon l’historien algérien Mohamed Harbi ne sont pas vivement souhaitées tant que les descendants des générations ayant rendu des services à la France coloniale sont vivants, car elle démentiraient tous les chiffres annoncés par le ministère des moudjahidine.
Par ailleurs, Ould Abbas, excellent joueur de pipeau, contredit, cinq mois jour pour jour, le président de la république et le « président du FLN » dont il est le Secrétaire général. Il déclare que « l’Algérie n’a pas besoin d’excuses ni de reconnaissance. La France a reconnu ses crimes en 1962 ». Il ignore ou feint d’oublier que le Président de la république avait adressé, l’occasion du 55ème anniversaire de l’indépendance de l’Algérie une lettre au peuple dans laquelle il avait écrit :
« Notre peuple exige toujours une reconnaissance de ses souffrances de la part du colonisateur d’hier, la France » (…) « le partenariat d’exception dont l’Algérie et la France ont engagé la construction fin 2012 gagnera en sérénité et en élan dans une reconnaissance des vérités de l’Histoire » AFP du 5 juillet 2017 (6).
Ce que j’ai retenu de cette visite :
1 – Durant son quatrième mandat, Bouteflika reçoit son quatrième président français.
2 – L’Algérie attendait Macron sur « La question de mémoire », pour une Algérie sans mémoire.
SERAGNHI Laid
Références :
(1) Le Temps d’Algérie du 9 mai 2017
(2) TV5 du 6 décembre 2017
(3) Le matin dz du 16 décembre 2012
(4) Alg24 du 7 décembre 2017
(5) Le Figaro du xxx Juillet 2017
(6) Algérie patriotique du 4 décembre 2017
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