N’en faites pas une histoire de pétrole – Par Paul R. Pillar

Source : Lobe Log, Paul R. Pillar, 29-10-2019
Donald Trump (Gage Skidmore via Flickr)
La confusion a régné quant aux objectifs de la présence des troupes américaines en Syrie et quant à savoir si les objectifs déclarés sont les objectifs réels. A l’origine, l’expédition était largement comprise comme une expédition de lutte contre l’État islamique (EI) après que le groupe eut établi un mini-État sur une grande partie du territoire syrien et irakien. Puis des faucons au sein de l’administration Trump et le président Trump lui-même, dans un cas classique de dérive des objectifs de la mission, ont déclaré que les troupes américaines étaient également en Syrie pour « surveiller l’Iran ». Plus tard, les variantes de la mission étendue ont consisté non seulement à observer l’Iran, mais aussi, grâce à des mécanismes inexpliqués, à amener l’Iran et peut-être la Russie à abandonner leurs positions en Syrie.
Plus récemment, Trump a été soumis à de fortes pressions de la part de diverses parties du spectre politique pour maintenir l’armée américaine en Syrie, en contradiction avec son intention déclarée de quitter le pays et avec ses ordres de redéployer des troupes qui se trouvaient dans la partie nord-est du pays habitée par des Kurdes. Les pressions politiques et les tendances contradictoires obligent à encore moins de clarté qu’auparavant sur ce qu’est ou devrait être la mission des troupes. Trump, qui tente de tirer le plus grand avantage politique possible de l’assassinat du dirigeant de l’EI Abu Bakr al-Baghdadi et proclame qu’en raison de la mort d’al-Baghdadi « le monde est maintenant un endroit beaucoup plus sûr », résiste à l’idée que la mission originale de combattre l’EI en Syrie est toujours nécessaire, au moins de la manière générale et ouverte avec laquelle cette mission fut formulée pour commencer. La mission déclarée a donc évolué une fois de plus, avec une nouvelle raison d’être qui était apparue avant même la suppression d’al-Baghdadi. Certaines troupes américaines restent dans l’est de la Syrie, selon ce raisonnement, pour sécuriser les modestes ressources pétrolières du pays.
Il y a toujours une dimension EI à cette logique, dans la mesure où le groupe, alors qu’il avait son mini-État, a tiré des revenus de l’exploitation des champs pétroliers sous son contrôle. Mais pour cela, il lui fallait le mini-État. Tout scénario dans lequel l’EI exploite à nouveau, plutôt que de simplement endommager, les champs pétroliers syriens présuppose le rétablissement de son califat territorial, ce qui signifie que le monde serait de nouveau confronté à une tâche anti-EI plus grande et plus générale. Dans son statut actuel de mouvement insurgé et de groupe terroriste plutôt que de mini-État, l’EI n’est pas en mesure d’exploiter le pétrole, sauf peut-être de manière extrêmement modeste, à la manière du banditisme nigérian, en exploitant subrepticement un pipeline.Lire la suite

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