Edouard Vuiart (@EVuiart) est analyste Géopolitique et Essayiste, diplômé de l’IRIS et auteur d’ “Après Daech, la guerre idéologique continue”
Les aspects procéduriers des institutions américaines peuvent parfois jouer des tours. Et la Commission sénatoriale des Affaires étrangères en a récemment fait les frais avec l’audition du Sous-secrétaire d’État américain aux affaires européennes et eurasiennes, A. Wess Mitchell, à propos des relations américano-russes…
Pour mieux comprendre toute la portée historique de ce fait d’actualité, revenons un court instant sur les fondements de la doctrine géopolitique anglo-américaine.
Qui contrôle l’Heartland domine l’Eurasie
Il est tout d’abord essentiel d’évoquer la vision du monde du père de la discipline géopolitique, le géographe britannique Sir Halford J. Mackinder (1861-1947), dont les analyses influencèrent la politique étrangère anglo-américaine pendant de longues décennies. En 1904, dans son discours intitulé « Le pivot géographique de l’histoire » présenté devant la Royal Geographical Society de Londres, Mackinder divisa le monde en deux types de puissances : maritimes et terrestres. Selon lui, « l’anneau de bases » des puissances maritimes (Grande-Bretagne, États-Unis, Canada, Afrique du Sud, Australie et Japon) ne pouvait être sérieusement menacé par les puissances terrestres du continent eurasien. Réfléchissant à ce qui aurait pu permettre une telle menace, Mackinder déclara que si l’Empire russe parvenait à s’étendre davantage en Eurasie pour accéder aux mers et aux vastes ressources, et que « si l’Allemagne s’alliait à la Russie », alors un « empire mondial pourrait être en vue » [Source]. L’influence de la Russie sur le continent eurasien et sa proximité avec l’Allemagne constituaient alors selon lui les plus grands dangers pour la suprématie de l’Empire britannique.Lire la suite