Source : Ideas
Ce texte s’appuie sur un article académique téléchargeable librement à l’adresse suivante : https://ideas.repec.org/a/ris/actuec/0091.html
« Copions le Canada qui a eu le courage de l’austérité et qui a fait baisser sa dette publique dans les années 90 ! ». Le démarrage de la crise des dettes souveraines en Europe a conduit à ce genre d’injonction régulièrement répétée comme un mantra de la part de commentateurs, prétendument experts, venant pérorer sur les plateaux télé en costume et boutons de manchettes. En effet, il serait vain d’attendre de leur part, en guise d’argumentation, de quelconques travaux académiques validés à grands renforts de statistiques. Ils ne les connaissent pas. En réalité, il s’agit plutôt d’un ordre donné à l’emporte-pièce, d’une affirmation péremptoire sortie de tout contexte macroéconomique et historique. Car, faut-il le rappeler, en économie, le contexte ne compte pas pour du beurre !
Avant toute chose, procédons brièvement à quelques rappels. Au début des années 90, le Canada rencontre de grandes difficultés, il fait face depuis plusieurs années à un ralentissement marqué de son activité puis à une récession entraînant une forte hausse du chômage et une dégradation de ses comptes publics. Ainsi, en 1994, le ratio rapportant la dette publique au PIB dépasse allègrement 97% et le déficit public, soit la différence entre les dépenses et les recettes de l’Etat, représente plus de 6% du PIB. La situation budgétaire est telle que le pays sera la source de quolibets de la part de la presse économique et financière américaine, le Wall Street Journal qualifiant le Canada de « membre honoraire du Tiers-Monde » dans un édito au vitriol.
C’est Jean Chrétien, le premier ministre issu du parti libéral et vainqueur des élections fédérales d’octobre 1993, qui, flanqué de Paul Martin son ministre des finances, décide de mener une politique d’austérité budgétaire afin de reprendre le contrôle des comptes de l’Etat. La rigueur est de mise : gel des salaires des fonctionnaires, baisse des effectifs, accès aux allocations chômage durci, rabotage en règle des dépenses de santé et saignées prolongées dans les investissements publics. Le résultat ne peut être nié, le déficit public se transforme en excédent dès 1997 et la dette publique rapportée au PIB, bien que cela demeure fort modeste, s’amenuise.Lire la suite
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