Source : Proche & Moyen Orient, Richard Labévière, 16-07-2017
Début juillet, la dernière réunion d’Astana aura au moins permis de nouveaux échanges de prisonniers et, surtout, de consolider l’établissement des « zones de désescalade » afin d’élargir la géographie du cessez-le-feu établi après la libération d’Alep en décembre 2016. L’autre cessez-le-feu – conclu en marge du G-20 entre Vladimir Poutine et Donald Trump pour le sud-ouest de la Syrie – constitue une seconde bonne nouvelle. En Jordanie, experts russes et américains se sont mis d’accord sur un mémorandum portant sur la création d’une « zone de désescalade » dans les régions de Deraa, Qouneitra et Soueïda. Enfin, depuis le 10 juillet, un nouveau cycle de discussions a repris aux Nations unies à Genève sous l’égide du diplomate Staffan de Mistura, continuant à porter sur les « quatre paniers » et leur ordonnancement : réforme de la constitution, gouvernement de transition, élections et lutte contre le terrorisme.
Absente de ces différents processus, la diplomatie française se trouve aujourd’hui réduite à une posture d’observation, sinon d’impuissance, dans une région où elle était pourtant un acteur de poids depuis le démantèlement de l’empire ottoman. L’expertise cartographique, une école d’islamologues les plus réputés au monde, une empathie et une connaissance personnelle des principaux responsables et décideurs politiques de la région, avaient pourtant fait de la France l’un des pays les plus écoutés et les plus attendus dans l’Orient compliqué. Désormais, pour reprendre les mots de l’un des principaux ministres des Affaires étrangères de la région : « la France est sortie de nos écrans… » Que s’est-il passé ?
Trois évolutions franco-françaises ont conduit à ce désastre :
1) la mode germanopratine d’un sans-frontièrisme post-kouchnérien, alliée à une morale à géométrie variable des droits de l’homme, s’est imposée comme politique étrangère à part entière de notre pays, où une grande partie de la haute fonction publique est tombée dans une fascination transie de l’école néo-conservatrice américaine. Dans ce contexte, notre diplomatie orientale historique s’est proprement désagrégée au profit de postures ne répondant plus à la défense et à la promotion des intérêts de la France, mais se conformant à des impératifs idéologiques très éloignés des réalités du terrain. Le symptôme le plus spectaculaire de cette évolution anomique aboutit à la fermeture de notre ambassade à Damas par Alain Juppé dès mars 2012.Lire la suite
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