G7 de Biarritz : Plus de jeux que d’enjeux ! Par Guillaume Berlat

Source : Proche & Moyen-Orient, Guillaume Berlat, 02-09-2019
« Le rôle d’un diplomate est d’accourir avec un seau partout où le feu menace » (Metternich). Après l’échec retentissant de la précédente édition de la réunion de ce club sous présidence canadienne en raison des foucades de Donald Trump1, il tenait à cœur à Emmanuel Macron de relever le défi en faisant du G7 de Biarritz (24-26 août 2019) un immense succès à porter au crédit de sa diplomatie « balnéaire » (la côte d’Azur à Brégançon et la côte Basque à Biarritz2) et sa diplomatie du « profilage » (il se livrerait à des analyses poussées de la psychologie de ses interlocuteurs afin de les caresser dans le sens du poil pour parvenir à ses fins diplomatiques, ignorant que les États sont des monstres froids). Il avait choisi de mettre cette rencontre sous le signe de « la lutte contre les inégalités ». Un thème parfait pour le « président des riches » !
On l’aura compris le défi à relever était de taille et cela d’autant plus que l’environnement international n’a fait que se dégrader au cours des derniers mois. Dans un climat commercial particulièrement tendu entre la Chine et les États-Unis3, les mauvaises nouvelles sur l’activité économique mondiale s’accumulent et les bourses sont dans l’expectative4. L’Amazonie brûle5, créant une crise diplomatique franco-brésilienne6 (avec échange permanent d’amabilités peu diplomatiques entre les deux rives de l’Atlantique à jet continu). Les crises se succèdent (Inde-Pakistan à propos du Cachemire, États-Unis avec la Corée du nord et l’Iran sur des questions nucléaires, avec la Chine sur le commerce, Hongkong7, Libye, Syrie8, Yémen, Ukraine…). Quant aux membres du G7, ils ne sont pas au mieux de leur forme : l’Italien, Guiseppe Conte expédie les affaires courantes, le Canadien, Justin Trudeau est empêtré dans une affaire de conflit d’intérêts, le Japonais, Shinzo Abe est en conflit larvé avec la Corée du sud sur les questions mémorielles, le Britannique, Boris Johnson joue son avenir sur le « Brexit », la chancelière allemande, Angela Merkel parvient en fin de règne à la tête d’une grande coalition paralysée par le début d’une récession économique, le président du conseil de l’UE, Donald Tusk attend la relève, l’américain, Donald Trump veut en finir avec le multilatéralisme et le libre-échange, le Français, Emmanuel Macron se prépare à une rentrée chaude9. La Russie est toujours maintenue à l’écart de ce cénacle en raison de son invasion de la Crimée et la Chine n’en fait pas partie (elle participe au G20).
La sauterie estivale préparée par Emmanuel Macron dans une ville aux allures de forteresse se présentait objectivement sous les pires auspices en dépit de ses bonnes paroles (24 août 2019 à 13h00 dans la lucarne) pour expliquer au bon peuple de France les objectifs et les défis du barnum de Biarritz. Mais, au bout du compte, bien que le résultat soit moins pire qu’imaginé, le G7 est aussi contesté et contestable, aussi paralysé qu’impuissant et aussi inutile qu’inefficace.
UN G7 CONTESTÉ ET CONTESTABLELire la suite

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