Damas encore accusé d'avoir eu recours à des armes chimiques

Bis repetita placent : le gouvernement syrien est de nouveau accusé d'avoir eu recours le 7 avril à des armes chimiques. La porte-parole du département d'Etat américain, Heather Nauert, a déclaré que « la Russie, avec son soutien sans faille au régime (syrien), porte en définitive la responsabilité de ces attaques brutales », tout nouveau bombardement chimique devant être « immédiatement empêché ». Le président américain de son coté a incriminé l'Iran, la Russie et « Assad l'animal ». Rien de moins. Il faudra ainsi s'attendre dans les jours et les semaines qui suivront à un déluge de dénonciations, condamnations et d'indignations de nos journalistes, éditocrates et experts, tous redresseurs de torts et défenseurs de la veuve et de l'orphelin devant l'éternel comme nous le savons. « Une fois encore le boucher de Damas massacre son peuple et gaze sa population. Mais que fait la communauté internationale devant ce désastre ? » se lamenteront ces belles âmes dont la russophobie est déjà chaufée à blanc par l'affaire Skipral. On imagine déjà les titres de la presse écrite « Qui arrêtera le nouvel Hitler (donc Poutine) ? » La ligne Rouge d'Obama faisant déjà office de nouveau Munich dans les esprits des élites du bloc américano-atlantiste, ces tournures ne sont pas trop difficiles à imaginer. Face à cette pression médiatique, les élus feindront de céder aux injonctions journalistiques, les larmes aux yeux et la voix tremblante de compassion pour les enfants victimes du Tyran Poutine et de sa créature Assad, l'animal. Voilà de quoi se donner de l'importance, eux qui ne sont plus que des ersatz de politicien sans autre pouvoir que de se dandiner sur les plateaux télévisés afin d'assurer le service après vente de décisions prises par d'autres dans les bureaux luxueux de l'oligarchie néolibérale technocratique et actionnariale. Les bienfaits de la » démocratie « resteront intarissables… tant que subsistera la possibilité pour ces communiquants de se pavaner dans les médias. Revenons à nos moutons et résumons cette nouvelle histoire d'attaques chimiques en Syrie : Un colonel de l'armée syrienne a annoncé le lundi 5 mars qu'un atelier de production d'armes chimiques a été localisé dans la Ghouta orientale. Le vice-ministre syrien des Affaires étrangères a annoncé dimanche 11 mars que les rebelles cherchaient à mettre en scène une attaque chimique pour en rejeter la responsabilité sur les forces gouvernementales syriennes. L'ambassadeur de Syrie à l'Onu a ensuite donné l'information selon laquelle les autorités syriennes ont mis à la disposition du Conseil de sécurité plus de CENT QUARANTE lettres confirmant que les rebelles disposaient de substances chimiques et qu'ils les utilisent contre les civils. Le secrétariat des Nations unies n'a jamais daigné répondre. Tout le monde s'accorde à admettre que l'armée arabe Syrienne et ses alliés ont déjà reconquis 95 % des zones rebelles de la Ghouta orientale. Alors que la victoire est acquise pour le camp du gouvernement dans cette zone, les rebelles de Jaich Al-Islam, qui contrôlent la dernière poche rebelle , accusent les forces gouvernementales d'avoir eu recours le 7 avril à des armes chimiques contre un hôpital. Des organisations syriennes (OSDH, les casques blancs, l'ONG médicale SAMS) se sont alignées sur ces accusations, ont dénoncé un recours à « du gaz de chlore toxique » et ont évoqué au moins 40 morts par suffocation et plus de 500 cas, en majorité des femmes et des enfants », qui présentent « les symptômes d'une exposition à un agent chimique ». Et bien évidemment, cela a entrainé une réprobation internationale avec en tête Donald Trump qui a promis que Bachar al Assad paiera « le prix fort », la France qui, par l'intermédiaire du ministre des affaires étrangères a prévenue qu'elle assumera « toutes ses responsabilités au titre de la lutte contre la prolifération chimique », la Grande-Bretagne qui y voit une preuve supplémentaire de la brutalité d'Assad contre des civils innocents et la Turquie qui admet soupçonner « fortement » le gouvernement syrien. Comme le faisait remarquer il y a quelques mois le représentant permanent russe auprès des Nations unies à propos des enquêtes sur les armes chimiques, « est-ce que quelqu'un s'est posé cette simple question : à quoi bon le gouvernement syrien utiliserait des armes chimiques ? Qu'est-ce que cela pourrait lui apporter ? » C'est la question qui vient spontanément aux esprits malades comme le décriraient nos journalistes, d'autant plus que dans le cas de la Ghouta orientale, les forces gouvernementales et leurs alliés livraient une bataille gagnée d'avance et qu'ils avaient déjà été prévenus que leurs adversaires se préparaient à les accuser dune attaque chimique. Mais qu'importe ? Selon un communiqué de l'état-major des forces armées Russes datant d'il y'a trois semaines, l'armée américaine avait déjà mis sur pied des groupes d'assaut équipés de missiles de croisière dans la partie orientale de la mer Méditerranée, dans le golfe Persique et dans la mer Rouge. Et l'ambassadrice des États-Unis à l'Onu Nikki Haley avait déjà menacé le mois passé la Syrie d'une frappe similaire à celle réalisée par Washington en avril 2017. De qui se moque-t-on ? De nous pardi ! Il faut croire qu'on le mérite. En effet, le citoyen ordinaire n'aura pas lu le texte du télégramme diplomatique des stratèges du "regime change" syrien et qui prescrit entre autre à mettre la pression sur la Russie en dénonçant « l'horrible situation humanitaire ainsi que la complicité russe dans la campagne de bombardements de cibles civiles ». Comme à chaque fois que la rébellion (hors Daech) perd du terrain en Syrie (le cas le plus emblématique étant la reprise d'Alep par les troupes gouvernementales en 2016…), nous subissons une intense propagande médiatique visant à influencer l'opinion publique pour lui faire prendre parti dans la complexe guerre syrienne. Ce parti étant évidemment celui du Quai d'Orsay (administration noyautée par la pensée néoconservatrice) qui abonde quasi systématiquement dans le sens de la politique extérieure des États-Unis dans la région depuis la présidence Sarkozy. Pour la Ghouta nous sommes en plein dedans. Que se cache-t-il derrière l'écran de fumé humanitaro-humanitaire dégoulinant d'affectivité droidelhommiste de la clique des communicants politico-médiatiques ? Derrière cet écran de fumée, le scandale, aux yeux de ceux qui décident vraiment, est que le gouvernement syrien reconquiert du terrain sur les groupes rebelles appuyés par « les occidentaux » et leurs alliés du golfe. La région de la Ghouta est une zone stratégique à partir de laquelle l'opposition armée est susceptible de menacer Damas en cas d'activation par ses parrains (la majorité des groupes rebelles de la partie orientale étant sponsorisée par le Qatar et l'Arabie Saoudite) et constituer ainsi la pointe de diamant du « Regime change », une sorte d'épée de Damoclès à quelques kilomètres du centre administratif de l'Etat syrien. Du point de vue des autorités, il était inconcevable de maintenir une présence rebelle aux portes de Damas, d'où l'offensive débutée au mois de février. Les forces rebelles écrasées et évacuées de la Ghouta orientale, la rébellion une fois reléguée dans des zones périphériques ne pourrait plus peser autant sur les négociations pour la transition politique et le futur de la Syrie. Voilà ce qui est inaccessible à nos journaleux à l'indignation sélective moins diserts sur les massacres à Mossoul, à Raqqa ou au Yémen, où la France a vendu à l'Arabie Saoudite des chasseurs et des missiles qui, « à l'insu de son plein gré », massacrent des civils, enfants inclus. La Syrie n'est pas le lieu d'un combat entre gentils et méchants, c'est le théâtre décisif d'une confrontation non seulement régionale mais globale entre puissances aux intérets divergents et qui pourrait bien dégénérer en guerre de haute intensité. Sources vidéos : euronews (en français)
Voir en ligne : https://www.agoravox.tv/IMG/jpg/syrie-attaque-chimique-douma.jpg

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