Brésil en « paralysie active… », par Richard Labévière

Source : Proche & Moyen-Orient, Richard Labévière, 04-09-2017
Oiapoque, Macapa, Belém, 3 septembre 2017.
A Saint-Georges – dernière ville de Guyane avant la frontière -, une fois passé le pont qui enjambe le rio Oiapoque, la première ville brésilienne d’Oiapoque (33 000 habitants) s’organise à partir du fleuve, de ses piroguiers, de ses bazars chinois – qui vendent de tout -, et du siège de la police fédérale, en face de l’église catholique qui résiste aux Evangélistes installés en périphérie dans de riches villas. Le centre-ville abrite aussi le musée amérindien très pédagogique avec ses cartes des zones tribales de l’Etat d’Amapa (800 000 habitants), une université dotée d’un département francophone très dynamique, le palais de justice et les deux churrascaria (restaurants de viandes) les plus fréquentés.
Pour sortir de ce bout de Brésil encore pionnier, on emprunte une piste de terre en direction de Macapa (300 000 habitants). Après une heure de route, sur la gauche, une piste plus improbable encore mène à Vila Velha Jari, au bord du rio Cassiporé qui débouche sur le lac Maruani : là où la création du monde a commencé, le royaume de Genival ! C’est l’heure du Mascaret1, lorsque la marée de l’océan remonte le courant descendant des bras d’Amazone : une grande vague qui peut dépasser sept mètres. C’est sur ces berges qu’on peut rencontrer les villageois brésiliens et amérindiens qui ont résisté aux expulsions forcées durant la dictature militaire (1964 -1985), ces années de plomb dont le grand écrivain Jorge Amado décrit si bien les logiques économiques. Les anciens se souviennent, croyant ces temps définitivement révolus…
Pourtant, une grande inquiétude règne de nouveau, car « l’histoire est en train de se répéter », explique Odaïr, « à l’époque, on voulait nous faire partir pour créer un parc naturel. Une fois vidées de leurs habitants, certaines de ces zones ont déjà été vendues par tranches aux miniers, forestiers et entreprises de l’agro-business. Le gouvernement actuel renouvelle le même processus en cédant aujourd’hui plus de 4 millions d’hectares de forêt – classée patrimoine de l’humanité – à des sociétés privées qui vont continuer à massacrer l’Amazonie et déplacer les dernières populations autochtones ».Lire la suite

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