De gauche à droite et de haut en bas : Jean-Luc Mélenchon, Adeline Chenon-Ramlat, Martine Billard et Djorge Kuzmanovic
Vous voilà donc soumis
Soumis aux rumeurs, aux ragots de Facebook, à la peur de l’ombre.
Le constater m’atterre et m’inquiète considérablement sur votre capacité d’opposition à quoi que ce soit durant les législatives.
Je m’explique.
Alors que j’étais candidate à la députation, élue par un groupe de soutien (bien avant les présidentielles) et validée par vos soins, vous avez subitement eu vent de présomptions à mon égard, d’attaques au sens vide du type : « c’est un soutien d’Assad… une négationniste (!) » enfin bref un tas d’expressions en forme de poudre à faire peur et dont on devrait exiger qu’elles soient argumentées, avant de les prendre pour argent comptant.
Mais c’est présumer trop vite…
Pas un seul coup de fil, pas une seule tentative d’explication avec moi. Je ne sais même pas si vous avez fait votre enquête…
Vous m’avez subitement envoyé, la veille de la Convention pour les législatives, à 22h 30, une lettre assez sèche m’annonçant que j’étais désinvestie de ma candidature et cerise sur le gâteau démocratique, « qu’une autre suppléante allait être nommée ».
J’ai eu l’impression de recevoir un coup de marteau sur la tête… Et de la part de mon propre camp en plus ! Moi qui aimais la force du projet « France Insoumise », je réalise d’un coup qu’il est entrain de vaciller au premier vent mauvais, à la première confrontation avec la rumeur et la diffamation…
Je ne veux pas y croire, téléphone au candidat titulaire de mon binôme : Samuel Florin, qui est lui-même sidéré devant le manque de preuve et la façon stupéfiante dont on me prévient : il est 23h00 et nous devons nous retrouver le lendemain matin à Villejuif pour la Convention !!!
Il me dit que « cela devrait s’arranger » et qu’il serait très étonnant que la France Insoumise utilise des méthodes de si bas étages…
De mon côté, le mail n’étant pas signé d’un nom mais d’un « le comité électoral », j’écris immédiatement à celui avec qui je réfléchissais sur le dossier syrien : Djordje Kuzmanovic qui connait bien mon travail et qui sait la lutte que je mène depuis presque 7 ans pour que l’information au sujet de la Syrie retrouve un peu de décence, pour faire partager ma connaissance (J’ai écrit le livre “Ma Syrie” l’année dernière et tiens , depuis le début des hostilités, un blog sur ce sujet à Mediapart) et mon expérience sur ce pays qui souffre d’une agression épouvantable et d’une désinformation nauséabonde (Pour donner un autre point de vue, j’ai participé à l’émission sur France 2 en 2016 : “Un œil sur la planète : Syrie , le grand aveuglement” un succès d’audience et plus de 12 millions de vues sur FaceBook et viens de faire paraître un long reportage dans la revue XXI sur la vie d’un artiste syrien de Lattaquié). Djordje m’assure vouloir faire invalider cette décision inexplicable, qu’il en trouve les termes « déplacés », se dit désolé et conclue : « ne va pas à la Convention, je vais parler avec le Comité et je te tiens au courant »
Nous avons attendu tout le week-end. A force de téléphone, mon groupe de soutien fini par apprendre que la décision vient de Martine Billard et qu’elle va me téléphoner au plus vite. On explique à Samuel durant la Convention « qu’en soit on ne me reproche rien » mais que les membres du Comité électoral ont peur que des détracteurs de Jean Luc Melenchon n’orientent la campagne sur le thème de la Syrie à la vue de mon seul nom. (Ciel quel pouvoir ! Faut-il que je détienne de précieux arguments pour que ma seule présence trouble à ce point !)
Toujours aucun appel, aucune preuve, aucune explication. RIEN.
Le fait que j’ai été élu par un groupe de soutien n’existe pas, le fait que ces rumeurs ne sachent pas se justifier importe peu ; on nous laisse dans le silence et ce parti qui me semblait juste, audacieux et sincèrement réformateur prend peu à peu le visage d’un fuyard, d’une banale salade sur une étale de marché qui hurle « Votez pour moi » avant de perdre ses feuilles.
Ce silence est d’autant plus pervers que la date limite de dépôt des dossiers de candidature en préfecture est ce soir et que sans binôme paritaire, le comité électoral rejette automatiquement le dossier.
Je ne voulais pas diviser mon groupe de soutien et considérant que chacun est assez grand pour se faire une opinion, je lui ai laissé le choix d’élire ou non une autre suppléante sachant que sinon nous n’avions pas de binôme-candidat du parti à Puteaux. C’est ce qu’il a fait, face au silence et à l’urgence…
Voilà, vous savez tout.
Je n’ai toujours aucune nouvelle de Martine Billard ou du comité électoral. Djordje, qui n’en fait pas partie, m’a envoyé un SMS pour déplorer qu’on ne m’ait pas téléphoné.
La rumeur a donc gagné et, sans preuve aucune, réussi à soumettre la France Insoumise.
Adeline Chenon Ramlat (source)
(publié avec l’aimable autorisation de l’auteure)
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