Aude, journaliste, donne quelques leçons de vérification de l'info à Fdesouche, SOS Racisme Anti-Blancs et Florian Philippot. Avec plus ou moins de succès.
Sur Twitter, Pierre Sautarel, administrateur de Fdesouche, s'est défendu en arguant qu'il n'avait fait que reprendre dans sa revue de presse une information déjà parue ailleurs :
C'est une fake news votre truc sur le camembert... il s'agit d'un article de La Manche Libre... C'est à eux qu'il faut faire la leçon — Pierre Sautarel (@FrDesouche) 30 mai 2017
J'ai dû tomber sur une fake page dans ce cas ? :)) pic.twitter.com/huxQRGHdHw — Aude (@WTFake_) 30 mai 2017
vous connaissez le principe des liens hypertextes ? Vous savez ce qu'est une revue de presse ? — Pierre Sautarel (@FrDesouche) 30 mai 2017
Vous voulez avoir le dernier mot.. je vous laisse — Pierre Sautarel (@FrDesouche) 30 mai 2017
Comme nous allons le montrer, les torts sont partagés dans cette affaire. Tout part d'un article de La Manche Libre, publié le 17 mai 2017, qui affirme que l'étiquette "fabriqué en Normandie" est, depuis le 1er mai 2017, interdite par l'Union européenne, afin de ne plus conserver que l'appellation d'origine contrôlée "camembert de Normandie". Via le site de Numérama, on retrouve le contenu de cet article : En effet, La Manche Libre a depuis corrigé son article, dont le titre est désormais interrogatif : "Camembert : l'étiquette "fabriqué en Normandie" bientôt interdite ?" Fdesouche a repris dès le 18 mai le contenu de l'article de La Manche Libre avant sa modification. On ne saurait reprocher à un média de reprendre l'info d'un confrère sans rien vérifier (c'est ce que font généralement tous les médias) ; il est donc pertinent de dire à Aude qu'elle aurait dû s'en prendre à La Manche Libre, plutôt qu'à Fdesouche (même si l'idéologie de ce dernier site ne lui plaît pas). La seule faute de Fdesouche dans sa revue de presse est de ne pas avoir mis entre guillemets l'expression "fabriqué en Normandie", ce qui peut laisser penser, si on ne lit que le titre de l'article, que l'UE a interdit le camembert de Normandie. Le député Gilbert Collard est ainsi tombé dans le panneau... Cette absence de guillemets suffit-elle à faire une intox ? En tout cas, si on lit sur Fdesouche les quelques lignes qui suivent immédiatement le titre, on comprend bien que l'UE n'a pas interdit le camembert de Normandie :
"L'Union Européenne, par un décret publié lundi 1er mai 2017, interdit désormais aux industriels l'utilisation de l'étiquette « fabriqué en Normandie » pour leurs camemberts. Ne restent désormais plus que le « camembert de Normandie », d'appellation d'origine contrôlée."
Pourtant, que nous dit Aude, lorsqu'elle prend son téléphone pour appeler la Commission européenne ? Quelle question pose-t-elle à son interlocuteur ?
"Bonjour, c'est Aude Favre, je suis journaliste. Est-ce qu'il y a un décret qui a été publié le 1er mai 2017 qui interdit le camembert de Normandie ?"
Autrement dit, la journaliste vérifie une information qui n'a jamais été publiée par Fdesouche, ni par personne, puisque précisément l'article nous dit (à tort) que l'appellation "fabriqué en Normandie" est interdite (elle reste en vérité autorisée, comme l'expliquent les Décodeurs du Monde) au profit de la seule appellation "camembert de Normandie". Aude débunke donc ici une intox imaginaire. Cela est d'autant plus incroyable que, dans sa vidéo, elle lit les lignes juste sous le titre, qui disent le contraire de ce qu'elle en a compris... Pour être équitable, on fera remarquer à Pierre Sautarel que l'article publié sur son site le 18 mai est toujours en ligne près d'un mois plus tard, sans modification, bien qu'il ait reconnu, le 30 mai sur Twitter, qu'il s'agissait d'une fake news. On s'attendrait à ce qu'un site dit de "réinformation" fasse preuve d'un peu plus de déontologie, en suivant mieux encore que les médias traditionnels les consignes de la Charte de Munich, qui recommande de "rectifier toute information publiée qui se révèle inexacte".
Voir en ligne : http://www.agoravox.tv/IMG/jpg/aude_journaliste-2.jpg
