Une histoire de métro...

Une histoire de métro... Nous passerons sur les violences en marge de cette victoire... elles sont devenues tellement banales en France où nos autorités sont incapables de protéger les personnes et leurs biens qu'il ne sert plus à rien de les déplorer. A chaque 14 juillet, de ma mémoire s'extirpe sans peine une scène en particulier de « La Grande vadrouille ». Avant de vous livrer quelle est cette scène, on se doit de dire que ce film c'est la France, « la belle France » comme le déclame ''Big Mustach'' en dépliant un bout de tissu où l'hexagone figure. De ce duo génial composé de Stanislas Lefort, chef d'orchestre tyrannique d'une incommensurable mauvaise foi et d'Augustin Bouvet, peintre en bâtiment gauche et un brin naïf à la musique d'Hector Berlioz, des sublimes paysages de la Bourgogne, aux hospices de Beaunes en passant par un Paris que les deux acteurs peineraient à reconnaître s'il ressuscitaient aujourd'hui, cette comédie d'aventure est un voyage dans le cœur de la maison France dont on ne se lasse jamais. Sans doute faudrait-il désormais des sous-titres à bon nombre de Français de 2018 pour comprendre ce film... Pousserions-nous le vice à réclamer une "mythanalyse" ? Cette courte vidéo est juste une transition, un effet pour évoquer cette scène, celle du train où lors d'un monologue pesant, un officier nazi bouffi par son appartenance à la race supérieure et sa suffisance de vainqueur provisoire cite un auteur français, un dreyfussard qui plus est... le tout, à l'attention d'un parachutiste Anglais en cavale et réduit à lui passer les condiments. Une scène particulièrement réussie. A l'époque, nous étions colonisés, occupés par un ennemi dont le chef n'a eu de cesse de marteler son aversion et sa soif de revanche dans son célèbre « Mon combat ». Mais à l'instar du chéfaillon nazi qui interpelle Peter dans ce train dont la destination est la liberté, nous suscitions néanmoins l'admiration de nos éphémères occupants. Cette scène est probablement une coquetterie de scénariste ou du dialoguiste qui a cru bon de faire rajouter à l'officier de la Vvehrmarcht deux mots aux vers de Péguy : « La France Etoile de la mer voici la lourde nappe Et la profonde houle et l'océan des blés » Ja, Charles Péguy était un admirable poète. Voici un autre extrait de sa « Présentation de la Beauce à Notre Dame de Chartres » : Vous nous voyez marcher, nous sommes la piétaille.
Nous n'avançons jamais que d'un pas à la fois.
Mais vingt siècles de peuple et vingt siècles de rois.
Et toute leur séquelle et toute leur volaille

Et leurs chapeaux à plume avec leur valetaille
Ont appris ce que c'est que d'être familiers,
Et comme on peut marcher, les pieds dans ses souliers,
Vers un dernier carré le soir d'une bataille.

Nous sommes nés pour vous au bord de ce plateau,
Dans le recourbement de notre blonde Loire,
Et ce fleuve de sable et ce fleuve de gloire
N'est là que pour baiser votre auguste manteau. La France est à la fois le théâtre et l'héroïne principale du film. Une France, occupée certes, mais la France quand même. Précisément, chacun est libre d'interpréter l'évocation de l'énorme succès de Gérard Oury. Demain, après-demain et sans doute pendant plusieurs semaines, il n'y en aura que pour les Bleus, à tel point que les médias n'ont même pas pris la peine de signaler qu'un ressortissant Egyptien déjà condamné deux fois pour des faits de droit commun a, ce 14 juillet, brandi un couteau dans une rame de métro parisienne non loin d'une station dont nous reparlerons plus bas. Il a hurlé « je suis musulman et je bute tous les cathos » semant la panique. L'homme a été maitrisé par les clients avant d'être interpellé par la police. Tout est bien qui finit bien. La presse a très largement ignoré ce fait qui aurait du faire la une, simple fait divers. Que ne ferait-on pas pour quelques dixièmes de points de PIB en plus ? Mais il y a mieux encore. Selon Ouest France, la RATP a décidé de renommer 6 stations de métro : "Ainsi, la station Avron (ligne 2) prendra le nom de « Nous Avron Gagné », Charles de Gaulle - Etoile (ligne 2) se transformera en « On a 2 Étoiles », Victor Hugo(ligne 2) deviendra « Victor Hugo Lloris », Bercy (lignes 6 et 14) sera dite « Bercy les Bleus », Notre-Dame des Champs (ligne 12) sera « Notre Didier Deschamps » qui aura droit à un autre hommage puisque Champs-Elysées - Clémenceau (ligne 13) sera « Deschamps Elysées - Clémenceau »". Fort heureusement, celle où l'Egyptien a fait des siennes continuera de porter son nom bien trouvé pour définir la France de 2018 : Anvers. Peut-être devrions-nous suggérer à la RATP de rajouter un "contre nous" afin de coller à l'actualité, non ?
Voir en ligne : https://www.agoravox.tv/IMG/jpg/train-grande-vadrouille.jpg

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