Je profite de cet excellent billet de Jacques-Marie Bourget pour exprimer mon plein soutien à Taha Bouhafs. OB
Le vaillant confrère qui a piqué Benalla en train de tabasser des citoyens a été mis en garde à vue. Plutôt de le qualifier de journaliste, la presse qui dit la vérité a préférer parler de lui, Taha Bouhafs, en le désigant comme “militant”. Comme Péri, Manouchian, Brossolette.
Mes derniers amis, avec lesquels je viens de me réunir dans une cabine de karaoké, le savent, je ne suis pas du genre à critiquer la police. Quand ils coupent des mains, éborgnent des regards, provoquent la mort d’une vieille dame à Marseille je trouve ça vraiment juste et bien. D’ailleurs la vieille dame on ne va pas la compter puisqu’elle est algérienne. L’action policière est conforme à la comptine des Droits de l’homme, telle que récitée par Castaner : nous sommes une grande démocratie où la répression ne saurait être injuste. Les borgnes et les sans main, qui ont remplacé les « sans dents », doivent s’affirmer heureux. Le coup de matraque, le pétard du flash-ball sont comme le goupillon qui bénit le pécheur, ou le coup de règle de l’instit vintage. Va en paix mon fils.
Mais ce qui m’a choqué, et là je vais être franc avec les amis de la police, c’est l’arrestation et la garde à vue d’un journaliste. Donc d’un confrère. Comme c’est une espèce en voie d’extinction, j’aime les hommes de presse, tout autant que le regretté volatile, le dodo. Mon premier mouvement a été de sauter sur une trottinette d’Hidalgo, qui n’est pas lente, pour foncer vers le commissariat d’Alfortville où le reporter était détenu par d’exquis policiers. Mon second mouvement fut de lire à la volée, sur téléphone, ce que disait la presse des malheurs du confrère : « Le journaliste militant Taha Bouhafs poursuivi pour « outrage », son téléphone mis sous scellé », lis-je dans « Le Monde » qui dit toujours vrai, même à 8h54 quand le croissant vient de quitter la lune pour rejoindre la sous-tasse du café. A l’OBS, autre succursale de Niel, on affiche la même chose : « Le journaliste et militant Taha Bouhafs… ». Je m’en vais alors voir au vrai chic « Parisien », chez Arnaud qui, lui, n’est que le beau-père de Niel, mais c’est rebelote : « Le journaliste et militant Taha Bouhafs… ».
Je délaisse la trottinette pour la réflexion : si d’aussi merveilleux confrères qualifient ce journaliste de militant c’est pour nous dire, entre les dents, qu’il n’est pas journaliste, ou pas vraiment. Donc pas nécessaire de rouler jusqu’à Maison Alfort, ville que mes chats détestent car pleine de vétérinaires. Je n’ai donc pas milité en faveur du militant. C’est vrai, un vrai journaliste ne milite pas, prenez Bernard Guetta, mon modèle à imiter, l’avez-vous jamais lu ou entendu militer ? Avez-vous, déjà, entendu un mot doux sur Macron sorti de la bouche de Delahousse ? Non puisque « Le Monde » les présente comme « journalistes », sans le mot semi-remorque, « militant ». Faut croire « Le Monde ». Tant qu’un mensonge n’est pas accrédité par ce journal, ce n’est pas une vérité.Lire la suite