Syrie, le retrait américain : Une affaire de bon sens. Par François Nicoullaud

Source : François Nicoullaud, 30-12-2018
(écrit le 30 décembre 2018, publié par lemonde.fr le 30 janvier 2019)
Les Français déploraient l’affrontement des superpuissances durant la Guerre froide, mais chaque fois qu’un dégel s’amorçait, se plaignaient de l’émergence d’un condominium. Ils ont ainsi refusé en 1968 d’adhérer au Traité de non-prolifération nucléaire. Ils s’élevaient contre la division de l’Europe, mais faisaient la grimace à l’Ostpolitikde Willy Brandt. L’URSS disparue, ils ont pointé du doigt l’hégémonisme américain, tout en théorisant la naissance d’un monde multipolaire, lourd d’incertitudes. Déjà en 1996, Jacques Chirac laissait percer sa nostalgie d’un monde bipolaire « critiquable mais lisible ».
Plus récemment, ils ont lourdement critiqué la dérobade de Barack Obama quand il s’est agi de punir Bachar el Assad pour son utilisation de l’arme chimique. La frappe avortée aurait dû déstabiliser le tyran, donner à l’opposition armée la chance de le renverser. On a vu les effets de telles interventions quand Trump, lui, a frappé, une première fois seul en 2017, puis un an plus tard avec Français et Anglais. Cette seconde fois, une centaine de missiles a été tirée. Assad ne s’en est pas plus mal porté. Selon notre ministre des affaires étrangères, le raid avait détruit « une bonne partie » de l’arsenal chimique syrien. Il en restait donc assez pour faire de tristes dégâts. Saddam Hussein n’avait pas non plus bronché quand Bill Clinton, en 1998, avait déversé sur l’Irak quelque mille bombes et missiles.
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