Sous pression de l'UE, la Wallonie ne plie pas

La Belgique était sous intense pression pour donner son accord à la signature du Traité de libre-échange UE-Canada, prévue jeudi à Bruxelles, mais les chances de faire plier la résistance de la Wallonie au CETA paraissent désormais quasi nulles. La Belgique est le seul des 28 pays de l'Union européenne qui se trouve dans l'impossibilité de signer le CETA, un accord concernant plus de 500 millions d'Européens, en raison du blocage de cette région francophone du sud du pays de 3,6 millions d'habitants. Paul Magnette, le ministre-président de la Wallonie avait fait savoir, qu'il considérait qu'un tel ultimatum "n'était pas compatible avec le processus démocratique". Il "a toujours refusé de s'installer dans un timing contraignant." Alors que François Hollande se félicite d'une probable adoption prochaine du CETA en France, Paul Magnette, explique devant le Parlement Wallon pourquoi la Belgique ne cédera pas devant les menaces de la Commission Européenne et ne signera pas le CETA : Intervention complète du ministre président wallon annonçant son refus de valider le CETA : Extrait de son discours sur le débat et la vitalité démocratique : « C'est pour notre Parlement et la Wallonie, un moment extrêmement important.
Ce dont nous parlons, ici, ce n'est pas seulement d'un traité commercial entre l'Union européenne et le Canada. Ce dont nous parlons, ici, c'est de toute la philosophie des échanges commerciaux tels qu'ils se construiront pour les 10, 15, 20 ou peut-être 30 prochaines années. Cela tombe sur le traité CETA mais la discussion que nous avons, au-delà̀ de toute l'amitié́ qui nous lie aux Canadiens, est dans le fond une discussion de principe, est une discussion évidemment politique et même, à certains égards, une discussion philosophique. Sur le sens même de ce qu'est le commerce et sur la manière dont il faut le mener. C'est pour cela qu'il y a dans ce débat tant de gravité. Je commencerai comme vous, Monsieur Jeholet, par vraiment me réjouir du fond du cœur de la qualité́ des débats que nous avons eus dans ce Parlement sur ces sujets et qui font que ces débats qu'aujourd'hui, nous pouvons très sereinement assumer notre opposition à l'égard de l'ensemble de nos partenaires qu'ils soient européens ou canadiens. Il y a très peu d'autres parlements qui ont mené́ un débat aussi riche que le notre.S'il y a un débat, ici, en Wallonie (…) c'est que la Wallonie a toujours été́ une terre de grande vitalité́ démocratique. Nous avons des organisations syndicales, des mutualités, des associations, dans tous les secteurs, extrêmement actives, dynamiques, vigilantes, mobilisées qui ont étudié́ ce texte avec beaucoup de sérieux, qui ont consulté les meilleurs experts, qui ont remis des avis et qui ont alimenté nos propres travaux. Cette vitalité démocratique de notre propre population, nous ne pouvons pas en faire fi ; nous ne pouvons pas le balayer du revers de la main sous prétexte que nous risquons d'être isolés. Être isolés de sa propre population, être isolés de ses propres citoyens, à une époque, au début du XXIe siècle, où la démocratie est déjà̀ tellement profondément en crise, ce serait au moins aussi grave que d'être diplomatiquement isolés. Nous devons faire en sorte que ces liens très forts que nous avons soient préservés. Dire, comme Mme Defrang-Firket : « Nous avons un pouvoir formidable, nous avons une société civile qui s'est mobilisée, c'est très bien. Mais enfin bon, à quoi bon, laissons tomber, signez, ratifiez et puis allons de l'avant et ignorons tout le travail que nous avons fait », ce se serait remettre en cause nos propres compétences constitutionnelles et notre propre vitalité́ démocratique. À quoi sert alors un parlement, s'il faut de toute façon signer, s'il faut de toute façon ratifier ? ». À l'inverse, dire : « Mettons tout cela à la poubelle, cela ne sert à rien de discuter », ce serait non seulement confirmer un isolement complet mais ce serait aussi ne pas utiliser pleinement le pouvoir qui est le notre. Bien sûr, nous utilisons pleinement ce pouvoir mais nous l'utilisons pour obtenir quelque chose, pas juste pour crier non, pas juste pour dire que nous ne sommes pas d'accord. Pas d'accord, pas d'accord, pas d'accord ! Quand on a dit qu'on n'était pas d'accord, il faut ensuite dire ce que l'on veut et il faut utiliser le rapport de force que l'on a construit pour obtenir des concessions qui vont dans le sens de ce que sont nos inspirations et de ce que sont les aspirations de notre population. C'est cela la politique et c'est cela que nous sommes en train de faire. C'est difficile mais malgré́ tout, il faut aller au bout de cet exercice ». Un magnifique exemple de respect des principes de la démocratie à faire connaître à tout le monde ! Sources : - Greg Tabibian -Blog du plan C -Le Parisien économie - J'suis pas content tv - Tripalio
Voir en ligne : http://www.agoravox.tv/IMG/jpg/Paul_Magnette.jpg

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