Billet invité
La question du « populisme » est aujourd’hui à l’ordre du jour. Selon « Marianne » cette question diviserait la France Insoumise, entre partisans d’une ligne populiste et partisans de la vieille « union de la gauche »[1]. La question de la stratégie, ou plus précisément des stratégies qui s’affrontent, est un véritable problème, et un de ceux qui ne disparaitront pas d’un claquement de doigt. L’autoritarisme du Président Emmanuel Macron, que confirment chaque jour un peu plus ses réactions face à la contestation sociale (et l’on pense ici aux dizaines de blessés de Notre-Dame des Landes ou des évacuations de grévistes dans les universités), est une preuve que les divers mouvements, même s’ils convergent, ne pourront provoquer un changement de politique. Le mieux que l’on puisse en espérer, et ce mieux n’est pas rien, serait un blocage des désastreuses réformes qu’Emmanuel Macron et son gouvernement cherchent à faire passer en force.
Si donc l’on veut faire reculer le néo-libéralisme et l’élite – qu’on l’appelle oligarchie ou comme le faisait Jean-Pierre Chevènement l’établissement – il devient dès lors clair qu’il faudra trouver un débouché politique aux luttes sociales. Mais ce débouché politique implique un affrontement frontal avec l’oligarchie. Pour que cet affrontement soit victorieux il doit être compris qu’il convient de présenter un vaste front. Aucun mouvement ne pourra espérer être victorieux sur la base de ses simples forces. Mais, si des formes d’alliances – rendues nécessaires par le système électoral français – vont s’imposer, elles ne résolvent nullement la question du cadre de cette alliance ni celui du choix entre une stratégie dite « populiste » et une stratégie dite « d’union », que ce soit à gauche ou à droite.
Stratégies et mode de scrutin
Les stratégies dites « d’union » ont pu fonctionner dans le passé. Que ce soit avec « l’Union de la Gauche » dans les années 1970 au début des années 1990, ou sous l’appellation de « gauche plurielle » lors des législatives de 1997, cette stratégie a été gagnante. A droite, les stratégies « d’union » ont été moins formalisées. Elles ont néanmoins permis la victoire de Valery Giscard d’Estaing en 1974, puis celle de Jacques Chirac en 1995 (après cependant un affrontement féroce au sein de la droite) et enfin en 2007 avec la victoire de Nicolas Sarkozy. Mais, il convient ici de ne pas confondre une tactique, qui peut être provisoire, avec une stratégie. Ce qui caractérisait la vie politique française des années 1970 aux années 1990 était bien la construction, certes problématique, certes entachée de multiples contradictions, de deux « blocs » chacun réuni par une stratégie d’alliance. La construction de ces « blocs » rendait naturelle l’alliance tactique en période d’élections.Lire la suite