[RussEurope-en-Exil] Trèbes et l’attentat de trop, par Jacques Sapir

Billet invité

L’attentat islamiste survenu le vendredi 23 mars aura donc fait quatre morts et de nombreux blessés. Le terroriste a lui même été abattu. Un attentat de plus dira-t-on, et un attentat de trop. Mais il y a dans cette attaque, menée par un criminel qui revendiquait son appartenance à DAECH quelque chose de plus. Nous sommes nombreux à être sous le choc du sacrifice exemplaire du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, qui s’était proposé en otage au terroriste pour sauver des vies, et que ce même terroriste n’a pas hésité à abattre froidement. Il y a, dans ce geste d’humanité de la part du lieutenant-colonel Beltrame, chef exemplaire qui avait préparé ses hommes à ce type de prise d’otages, quelque chose qui dépasse notre simple condition humaine et qui impose le respect. Cet homme a marché à la mort les yeux ouverts pour que d’autres vivent. A rebours, il y a dans l’a-humanité du terroriste quelque chose qui nous révulse et nous horrifie. Cet homme a tué quatre autres hommes de sang-froid et en a blessé de nombreux autres. La comparaison des deux est donc terrible. Elle est aussi fortement symbolique. Cette confrontation entre deux mondes, entre deux images du monde, va marquer les esprits.

L’attentat de trop ?

Car, cet attentat ne survient pas n’importe quand. Nous sommes en France, en mars 2018, soit près de 6 ans après les meurtres de Merah, trois ans après le massacre de Charlie-Hebdo, 30 mois après celui du Bataclan, 21 mois après celui de la Promenade des Anglais à Nice. Cette litanie est terrible. Elle l’est d’autant plus que nous voyons ce gouvernement et ce Président, Emmanuel Macron, s’éloigner chaque jour un peu plus de la notion d’état de droit et de démocratie, comme on a pu le constater dans les affaires universitaires de Toulouse ou de Montpellier, comme on le constate avec le projet de loi liberticide sur les « fake news », comme on le constate encore avec le démantèlement et la vente à l’encan des services publiques.
Les français ont, et à juste titre, le sentiment d’être abandonnés aux appétits toujours plus immodérés de la « finance » alors qu’on les massacre. Et, les deux sont liés. La politique économique et sociale d’Emmanuel Macron a pour pendant logique sa volonté de ne rien faire face au terrorisme islamiste, car le sentiment de peur est probablement le meilleur rempart, du moins le croit-il, contre la colère sociale. Il y a, de manière inconsciente ou consciente, une instrumentalisation du danger par un pouvoir qui est aujourd’hui de plus en plus discrédité. Cette complaisance vis-à-vis de l’islamisme, c’est à dire les dérives génocidaires de l’Islam, s’enracine aussi dans la politique à courte vue qui veut, par le clientélisme et le népotisme, acheter une forme de paix sociale. C’est ce qui justifie ses déclarations, dénonçant certes les « crimes », mais les mettant sur le même pied que les formes extrêmes de la laïcité. C’est ce qui justifie aussi les déclarations scandaleuse du gouvernement par rapport au texte de « l’Appel des 100 » qui a été récemment publié dans Le Figaro[1].Lire la suite

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