Le Président de la République va parler ce soir, 10 décembre. Nous savons déjà, des fuites complaisamment relayées qu’il ne parlera guère du pouvoir d’achat. Pourtant, cette question est centrale pour une sortie de la crise que la France connaît depuis le début du mouvement des Gilets Jaunes. S’en remettre à la bonne volonté des entreprises ne peut suffire. A l’heure où j’écris ce texte, on ne sait donc pas ce dont le Président va parler. Sans doute de mesures institutionnelles, dont certaines sont nécessaires, mais dont on pressent qu’elles seront insuffisantes et surtout qu’elles ne calmeront pas la légitime colère qui monte en France.
Pour l’instant, c’est essentiellement pas la répression, une répression qui a fait un mort à Marseille et plusieurs personnes estropiées ainsi que par sa mise en scène, qu’Emmanuel Macron a répondu aux demandes de ce mouvement. Le nombre d’arrestations a atteint quasiment les 2000, et sur ce nombre des centaines et des centaines se sont révélées arbitraires. Les enquêtes diligentées contre le député François Ruffin, contre un des représentants des Gilets Jaunes, et contre un animateur d’un mouvement écologique pacifiste, démontrent que le pouvoir, aux abois, est prêt à tout. Le symbole des véhicules de maintien de l’ordre de la Gendarmerie utilisés dans Paris restera. La répression est revenue au niveau des années 1968 et suivantes. Nous sommes donc aux antipodes de la société apaisée que nous promettait Emmanuel Macron au printemps 2017.
Affichant un mépris de fait, la Président Macron a surtout complètement manqué son rendez-vous avec les français. L’effondrement de sa côte de popularité à 18% le confirme[1]. Il s’est aussi largement déconsidéré aux yeux de l’étranger[2]. Si sa survie politique, compte tenu des règles de la Vème République est possible, son quinquennat a de fait perdu tout sens, faute d’un véritable « tournant social ».
La question du pouvoir d’achat
Car, la question du pouvoir d’achat s’affirme bien depuis ces deux dernières semaines comme la principale revendications des Gilets Jaunes, ancrant de manière manifeste ce mouvement dans l’espace des luttes sociales. Ce n’est pas, bien entendu, la seule. Il ne faudrait pas oublier les justes revendications concernant la justice fiscale ni celles concernant la représentativité du système politique. Ce sont, aussi, des revendications importantes, et qu’il convient d’intégrer. Mais la revendication sur le pouvoir d’achat par son côté urgent, voire désespéré, doit être entendu d’urgence. Elle concerne tant les salariés que les travailleurs indépendants et les retraités.Lire la suite