Resurgence du peuple algérien des geôles de l’histoire. Par Youcef Benzatat

Source : Proche & Moyen-Orient, Youcef Benzatat, 23-02-2019
Il n’y a de peuple que si et seulement si une population investit la rue à l’unisson et déclame un intérêt commun et un objectif partagé, en brandissant des slogans dans lesquels tous les individus s’y reconnaissent et où le «nous» devient le sujet principal : le peuple. Un sujet qui s’affirme unique maître de sa destinée. C’est du moins ce qu’a démontré la population algérienne ce vendredi 22 février 2019. Cette date marquera l’histoire de la nation algérienne en validant l’acte de naissance de son peuple.
Si au cours des jours qui ont précédé cette date, les populations des différentes villes avaient manifesté séparément, chacune à un moment décalé, ce 22 février les a vus synchroniser leurs manifestations autour de slogans identiques et d’objectifs partagés avec détermination. Principalement, le rejet catégorique de la prétention au cinquième mandat au profit du président sortant Abdelaziz Bouteflika. Ce dernier étant le symbole vivant du système de pouvoir qui a marginalisé la population et confisqué l’Etat et ses institutions. C’est donc à tout ce système de pouvoir aussi que s’adresse le rejet unanime de la foule des manifestants. Allant jusqu’à appeler à l’avènement d’un nouvel Etat et d’une nouvelle république, la sienne.
L’émergence du peuple algérien, qui a vu sa naissance ce 22 février 2019, est jalonnée par plusieurs étapes. La première fut celle qui a vu l’Emir Abdelkader tenter d’unifier la population, pour mener une résistance commune à la pénétration coloniale pendant la première moitié du XIXe siècle, sans succès, et qui a vu la population néantisée jusqu’au dépouillement de son identité et de ses référents structurels par la puissance coloniale victorieuse.
La deuxième étape fut celle où l’ALN/FLN a réussi à l’impliquer dans la Guerre de libération nationale de l’emprise coloniale et notamment l’expression de son unité lors des manifestations de décembre 1960. Mais sitôt l’indépendance acquise, la population fut dépossédée de ses droits politiques et marginalisée pour demeurer une population sans emprise sur sa destinée.Lire la suite

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