Description de la vidéo reprise : "Ne tournons pas autour du pot. Certains auditeurs doivent être choqués voire stupéfaits et même indignés que pour parler de la question migratoire j'invite Renaud Camus. Ils pensent que je prends une lourde responsabilité en lui ouvrant aujourd'hui le micro de France Culture. Je voudrais répondre à cette accusation silencieuse et assourdissante. Il se trouve que Renaud Camus, qu'on n'entend plus et ne voit plus nulle part a forgé une expression qu'on entend tout le temps et partout : le grand remplacement. Certaines personnalités qui ont pignon sur rue la reprennent à leur compte, d'autres en contestent la pertinence comme tout récemment Régis Debray dans la Revue des deux mondes " je ne crois ni au grand remplacement ni à la soumission". Il y en d'autres qui en font un drapeau "Nous sommes le grand remplacement" écrivaient les Kids du Bondy Blog Meklat et Badrou, ce qui leur a valu les chaleureuses félicitations d'Edouard Louis alias Eddy Bellegueule " Depuis le temps qu'on lutte et espère le grand remplacement de la vieille France Bravo Meklat et Badrou !" Bref Renaud Camus n'a plus de voix au chapitre et il est sur toutes les lèvres. En lui donnant la parole j'ai voulu mettre fin à l'anomalie de cette absence omniprésente et ce qui a achevé de me décider c'est la reprise critique de ce syntagme obsédant par le démographe Hervé Le Bras dans ses deux derniers livres Malaise dans l'identité et l'âge des migrations. Le temps de l'explication est donc venu : qu'est ce que le grand remplacement Renaud Camus ? Intervenants :
Renaud Camus (écrivain, essayiste)
Hervé Le Bras (Démographe, directeur d'études à l'INED (Institut national d'études démographiques), directeur de recherche à l'EHESS à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS)" Pour résumer, ici Hervé Le Bras oppose deux idées à la théorie de Renaud Camus : - La première porte sur la nature même du remplacement : Hervé Le Bras estime bien qu'il y a un grand remplacement, mais pas d'un peuple par d'autres peuples. Il parle de mixité des origines. - La vision chiffrée : Camus assure que les chiffres ne peuvent pas rendre compte de la réalité, s'appuyant sur des exemples (comme la baisse du niveau scolaire, baisse que plus personne ne conteste après avoir été pourtant niée durant des années). Il estime que l'expression "sciences humaines" est un oxymore et que la science a failli pour rendre compte de la réalité. Le Bras, épistémologue entre autres, revendique et se réfère exclusivement au caractère scientifique de sa démarche, la seule au contraire à pouvoir rendre compte de la réalité. Il estime que l'INSEE a beaucoup affiné ses chiffres et qu'il est impossible d'avoir une vision globale de la situation par la simple observation individuelle. Deux visions s'affrontent donc, une qui se veut objective, statistique, scientifique, une autre plus intuitive. Michèle Tribalat souvent citée et contestée parle de "substitution démographique" pour l'Ile-de-France, et comme le rappelle l'animateur de France Culture, il est indéniable que la population a changé dans cette région : il interroge justement Le Bras sur la vision des étrangers de la France. Ceux-ci sont naturellement surpris par le contraste entre une France telle qu'elle est et l'idée qu'il s'en faisait ou qui était dans leurs souvenirs. Mais Le Bras semble ne pas admettre cela et nous parle de niveau d'éducation des personnes d'origine étrangère comme pour ne pas y répondre. La vision de Le Bras est particulièrement caricaturale quand il explique qu'il suffirait de régler le problème de la Libye pour stopper l'immigration africaine. Caricatural et même à côté de la plaque quand il nous explique que ces Africains sont incités à ne pas prendre des bateaux de fortune... sans doute emporté par sa volonté de contredire à tout prix son interlocuteur. Il reste néanmoins réaliste sur les mouvements de population, et se dit même pessimiste quant à ces changements et leurs effets. Son apport reste malgré tout intéressant. Ainsi, ce débat en forme d'opposition frontale constitue un préambule à une note de lecture sur le livre collectif dirigé par Georges Bensoussan « La France soumise » (suite du célèbre « Les territoires perdus de la République »). En introduction de celui-ci, l'approche de Bensoussan n'est absolument pas statistique, et il s'en revendique. Pour donner le ton du livre : « Si chaque époque a ses spécificités, s'attacher à observer les évolutions et comparer les faits historiques permet de dégager des principes universels nécessaires à la compréhension du présent et à l'évitement de nouveaux désastres. Depuis bientôt un siècle, les idéologies totalitaires totalitaires ont fait l'objet d'études comparatives qui ont mis en lumière leurs similitudes mécaniques. Nous faisons face aujourd'hui à un totalitarisme nouveau qui dispose d'un corpus idéologique structuré, qui bénéficie de vecteurs de communication et de diffusion modernes, de bases territoriales (des Etats théocratiques), enfin d'armées officielles comme le Hezbollah ou officieuses comme les djihadistes de tous pays. Ce totalitarisme est habité par un projet hégémonique à visée universelle. » Source : France Culture et la chaîne YT de La Lucarne et la Nuit
Voir en ligne : http://www.agoravox.tv/IMG/jpg/camus-le-bras-finkielkraut.jpg
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