Source : Proche & Moyen-Orient, Guillaume Berlat, 10-02-2020
« Le monde que nous avons créé est le résultat de nos pensées. Il ne peut pas être changé sans que l’on change notre manière de penser » (Albert Einstein). En arrivant à l’Élysée en mai 2017, notre fringuant président de la République avait des pensées, des idées très arrêtées sur le nouveau monde qu’il entendait modeler à son image.
Il les a développées durant tout l’acte I de son quinquennat (2017-2019) avec le succès que l’on sait. L’Union européenne devait être intégralement transformée à l’image de son discours de la Sorbonne. Le couple franco-allemand devrait être redynamisé selon sa volonté. Donald Trump, à qui il avait réussi à écraser le poignet dans un bras de fer mémorable, allait lui manger dans la main, gobant à son insu l’accord sur le nucléaire iranien et sur le climat (COP21) en devenant un adepte inconditionnel du multilatéralisme. La Françafrique avait rendu l’âme à Ouagadougou. La Libye allait retrouver les chemins de la paix. L’Iran allait se rabibocher avec les États-Unis. La Chine deviendrait le modèle du libre-échange. En outre, Emmanuel Macron distribuait quelques mauvais points et quelques mandales à la Russie. Le recevant à Versailles, il infligea à Vladimir Poutine une leçon de démocratie, un camouflet diplomatique pour son attitude peur amène durant la campagne électorale (diffusion de « fake news » et intrusion dans le système informatique du parti en marche). C’est au centre de l’Europe (pays du groupe de Visegrad) qu’il voyait les mauvais élèves de la classe européenne : Pologne, Hongrie, République tchèque. Il leur administra quelques sévères réprimandes pour leurs comportements intolérable sur divers registres.
Avec l’entrée dans l’acte II de son quinquennat (depuis la seconde moitié de 2019), le chef de l’État semble avoir pris conscience, outre ses grandes difficultés sur la scène intérieure, de son isolement sur le grand échiquier international et de la nécessité de changer son fusil d’épaule. Nous en avons un nouvel exemple avec la visite officielle qu’il vient d’effectuer en Pologne les 3 et 4 février 2020 censée compléter le tandem franco-allemand. Avec Varsovie, le ton a changé. Après Haro sur la Pologne, symbole d’une diplomatie de l’invective, nous sommes brutalement passés à Bravo à la Pologne1, signe d’une diplomatie de la câlinothérapie. Ce changement de pied interpelle sur la diplomatie de l’inconstance qui doit valoir un bravo à Jupiter.
LA DIPLOMATIE DE L’INVECTIVE : HARO SUR LA POLOGNELire la suite
Source