Maboula Soumahoro : civilisation européenne et identité noire

"Maîtresse de conférence et fondatrice de l'association Black History Month, Maboula Soumahoro est une spécialiste de la civilisation américaine et de la diaspora africaine. Au fil de ses travaux, elle interroge le rapport entre civilisation européenne et identité noire. Au micro de Dialogues elle revient sur son parcours, ses combats, sa vision de l'identité française et nous parle de son prochain ouvrage, le Triangle et l'hexagone (éditions de la Découverte)" A l'aune de l'opposition dont ils peuvent tous faire l'objet, puisque cette opposition politique et médiatique n'a qu'un souhait - le retour de la communauté musulmane et des minorités visibles à l'invisibilité des années 60 et 70, tête baissée, reléguée aux tâches les plus ingrates -, laissons tous ces Français issus de notre ancienne empire colonial s'organiser car personne ne fera rien pour eux ; personne ! en cela, les 50 dernières années leur donnent raison aujourd'hui encore. Et c'est alors qu'ils reviendront vers nous.... car, pour l'heure, rien n'est pire que le sentiment d'impuissance, de ne rien pouvoir faire pour soi-même alors qu'on a eu l'erreur d'attendre tout des autres qui sont incapables de comprendre (et ne souhaitent pas le faire non plus de peur de devoir céder quelques places et remettre en cause quelques certitudes mêmes feintes et faussement réitérées ad nauseam), ce que les minorités dites visibles ont vécu et vivent. Il faut les soutenir pour cette raison ; parce qu'ils ont enfin compris ce qu'il fallait comprendre. "Touche pas à mon pote"... disait l'autre dans les années 80 et 90. Or, le jour où le pote a voulu prendre la parole, l'autre a fait volte-face et s'est retourné contre ce pote (Lobs, Libé, Marianne, le PS) un peu moins pote maintenant qu'il avait souhaité des années durant muet et confiant ; il est vrai qu'il était question à terme d'endormir et d'instrumentaliser ce pote. Mitterrand, Lang et Dray s'en chargeront avec SOS racisme et l'accès aux médias de Le Pen père. Aussi, Dès maintenant, il leur faudra exiger d'être présents dans tous les débats qui touchent à l'immigration, au colonialisme, à l'Islam, aux Français issus de notre ancien empire colonial, aux boat-people de la Méditerranée, au racisme, aux discriminations et à la couverture de tous ces sujets dans les médias de masse (radio, télé et internet)... Il leur faudra Intervenir sur tous les événement culturels (colloques, expositions) qui touchent ces sujets... Il leur faudra exiger un droit de réponse sur tous ces sujets qui seraient débattus sans eux... Il leur faudra alerter à chaque fois que c'est nécessaire et mettre face à ses responsabilités le CSA et exiger des actions, voire des sanctions... Car.... les débats à huit-clos devant un public tout acquis à "la cause" (audience confidentielle qui plus est) ne sont d'aucune utilité. Il faut en sortir au plus vite... tout en gardant à l'esprit ce qui suit : avant d'intervenir dans les médias de masse, terrain hostile a priori du côté des animateurs et de leurs invités, il est d'une nécessité absolue de tirer toutes les conclusions qui s'imposent suite à l'analyse de l'environnement médiatique auquel les "disruptifs" sont confrontés.. car on n'a pas le droit de ne pas tenir compte de cet environnement sous peine d'être discrédités auprès de la majorité silencieuse qui n'a pour seule grille d'analyse de la réalité que ce que les médias lui donnent à penser. Ce qui implique le choix d'un ton et d'un vocabulaire adéquats, tout en restant d'une fermeté totale sur les principes ; ceux d'une morale humaniste et soucieuse de la justice des conditions d'existence de nous tous, bien évidemment. La vérité est dérangeante, aujourd'hui plus que jamais. Aussi faut-il savoir la communiquer au plus grand nombre : toute la difficulté (tout l'enjeu) est là : dans le dévoilement et l'adhésion. Tout discours accusatoire est contre-productif excepté quand il a pour but de dénoncer ad hominem des représentations et des propos racistes non-reconnus comme tels et qui bénéficient d'une complaisance qui serait jugée inacceptable s'ils touchaient une autre population. Mieux vaut : "Voilà ce que nous avons vécu, ce que nous vivons" plutôt que : "Voilà ce que vous nous avez fait vivre et ce que vous nous faites vivre". Car, l'idée c'est de gagner des suffrages en convainquant ; sûrement pas d'en perdre.
Voir en ligne : https://www.agoravox.tv/IMG/jpg/Maboula-Soumahoro.jpg

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