Lettre ouverte à l’attention d’Envoyé Spécial

Très chers collègues,
Déjà, permettez que je vous appelle collègues, sans être moi-même détenteur de la carte de presse. Je tiens à vous remettre à l’esprit qu’avant d’être un emploi, l’activité du journaliste consiste à rédiger des articles. Tout simplement.
À l’instar du politique, le journaliste ne devrait être mu que par l’altruisme et le bien commun, et certainement pas par une quelconque ambition. Ce qui pour vous est un emploi se trouve être pour nous autres un travail.
Je viens de visionner le reportage que vous avez eu l’extrême amabilité de nous consacrer, ce soir du 07 janvier 2016.
Je ne serai pas long. Je ne rivaliserai pas de rhétorique et ne perdrai ni mon temps ni mon énergie à démonter vos arguments fallacieux, les internautes que vous avez eu la bonne idée de renvoyer sur notre site le feront eux-mêmes relativement vite.
Je souhaiterais juste vous faire savoir une chose. Plusieurs petites choses, à la réflexion.
À votre volonté d’agiter, nous répondrons encore par la sérénité.
À votre inaltérable résolution de diviser toujours plus, nous proposerons toujours le rassemblement.
Derrière la réinformation se niche l’éveil.
Peu nous chaut, finalement, de savoir qui est responsable du 11 septembre. Cela nous est égal de savoir si oui ou non, il aurait été possible d’éviter les événements du 13 novembre. Dans une certaine mesure, bien évidemment, mais l’idée est là…
Ce qui nous motive, c’est que les gens aient la volonté toujours croissante de se réapproprier les moindres aspects de leurs vies. De récupérer l’espace dérobé par les sphères médiatiques et politiques, entre autres.
Après la réinformation, qui n’est pas une finalité — ce que vous semblez ignorer, ou sciemment éluder — vient l’action.
La récupération de la politique. L’affranchissement de l’économique. Le tirage au sort des élus. Le salaire à vie. D’autres idées brillantes dont les heures sont venues, ou viendront bien assez tôt, selon l’état d’esprit de la personne qui lit ces mots.
Je comprends votre agitation. J’ai beaucoup d’empathie pour vous.
Je ne suis pas sans ignorer les soubresauts qui agitent votre petit microcosme lorsque vous constatez que la parole sur Internet vous échappe et que les débats se font sans vous, que vous ne représentez finalement absolument plus rien pour les gens lorsque les postes de télévision sont éteints.
Vous êtes de plus en plus absents de l’opinion publique, nous vous rendons peu à peu superfétatoires.
Ce que vous craignez enfin, ce n’est pas que nous désinformions le peuple, c’est que nous lui donnions les outils conceptuels et les moyens d’action pour tout simplement bâtir un monde dans lequel vous seriez subitement devenus superflus.
N’ayez pas peur, ça va bien se passer.
Bisous.
Kevin Amara
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