Face au Covid-19, les pouvoirs publics naviguent tristement à vue. L’objectif visant à juguler une épidémie en atténuant au maximum son impact sanitaire et économique suppose de faire des choix sous contrainte et dans un cadre cognitif dégradé : exercice difficile par nature, qui implique un pilotage quotidien et de constants ajustements, au risque de sembler tâtonner, de paraître en faire trop selon certains et pas assez selon d’autres.
La souplesse et le pragmatisme, ainsi érigés en ligne de conduite, se sont cependant heurtés depuis le début de la crise à un dogme inébranlable sur un point précis, celui des frontières. Les autorités françaises ont d’emblée faire savoir qu’il était hors de question de les « fermer ».
La manière d’aborder cette question, ainsi que les arguments censés y répondre, montrent que la frontière est pour nos dirigeants un thème particulièrement sensible, un objet de croyances solidement établies, que les conventions n’autorisent pas à remettre en cause, même dans des circonstances exceptionnelles.
Aussi n’est-il pas illégitime de se demander si la défense bec et ongle du principe de la frontière ouverte, – c’est-à-dire de l’absence de frontière en matière de circulation des biens et des personnes – ne constitue pas une limite malheureuse à l’efficacité de la réponse gouvernementale à la crise. Les capacités de résistance de la France seraient-elles bridées par les a priori idéologiques de ses dirigeants ?
Poser la question, c’est y répondreLire la suite
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