La disgrâce... Plusieurs actuels ou anciens collègues accusent le présentateur Frédéric Haziza de comportements déplacés avec des femmes journalistes, évoquant notamment des « mains baladeuses »...
L'affaire Weinstein et les hashtags #BalanceTonPorc ou #MeToo ont fait remonter les souvenirs et libéré certaines paroles. Astrid de Villaines, journaliste à La Chaîne parlementaire (LCP), a déposé plainte dimanche 19 novembre contre Frédéric Haziza, un journaliste vedette de la même chaîne qu'elle accuse d'agression sexuelle. Astrid de Villaines détaille les faits survenus le 20 novembre 2014. Il est environ 17 heures ce jour-là lorsqu'elle téléphone dans un coin isolé de l'open space. Elle souhaite rejoindre son bureau, mais Frédéric Haziza lui bloque le passage. Voici ce qu'elle raconte dans sa plainte que nous nous sommes procurée :
« Je lui ai redemandé de libérer le passage, mais monsieur Haziza a insisté pour que je passe devant lui, sans qu'il ne bouge du passage. Je suis donc passée devant lui, face à face. Monsieur Haziza a alors tendu son bras droit, autour de ma taille. Sa main s'est alors retrouvée au niveau de mes fesses, côté gauche, en l'appuyant fortement. Dans le même temps, monsieur Haziza m'a pincé la fesse gauche. »
« Je précise qu'au cours des années qui ont précédé, monsieur Haziza avait des gestes ou des allusions plus ou moins déplacées, à savoir : qu'il me frôlait le haut de ma poitrine avec ses mains et qu'il me déclarait que mes hauts de vêtements m'allaient bien, tout en fixant ma poitrine », ajoute-t-elle dans sa plainte. Elle explique ne pas avoir prêté une « attention particulière à ces faits » avant l'agression du 20 novembre. Au sens de la loi une main aux fesses constitue en effet une agression sexuelle.
- Astrid de Villaines, une des victimes du harceleur Haziza
Interrogé par BuzzFeed News, Thibaud Le Floch, en poste à LCP à l'époque et aujourd'hui journaliste pour l'émission Le Tube de Canal+, confirme les faits :
« J'étais juste derrière eux deux. Lorsqu'Astrid est passée, Frédéric lui a donné une fessée. J'ai juste entendu le bruit et Astrid crier : "Ça va pas Fred, t'es pas bien ? On est en 2014 !" »
Ex-journaliste de LCP, Charles Villaneuve, également présent au moment des faits, poursuit :
« Je l'ai vu lui attraper la fesse. Elle est partie très choquée et Frédéric Haziza est rentré dans son bureau. Avec un collègue, j'ai décidé d'aller le voir pour exiger qu'il fasse des excuses publiques dans l'open-space. Il nous a suivis mais a simplement parlé à voix basse à Astrid. Il était gêné. »
Jean-Pierre Gratien, le rédacteur en chef de l'époque, a immédiatement convoqué Astrid de Villaines et Frédéric Haziza pour entendre les deux témoignages et exiger des excuses du présentateur. Selon la plainte d'Astrid de Villaines, Frédéric Haziza à d'abord nié les faits, avant de les reconnaître sur un ton très léger. Au point de lui proposer de lui acheter un pain au chocolat « pour la calmer ».
« Monsieur Haziza nous a déclaré (devant elle et le rédacteur en chef, ndlr) ne pas m'avoir touché les fesses, mais juste les genoux et n'a pas reconnu les faits devant mon rédacteur. Je précise que monsieur Haziza a déclaré devant mon rédacteur, vouloir m'acheter une viennoiserie afin que cet incident s'achève. Je précise avoir quitté la salle après ces propos déplacés (sur l'achat de viennoiseries, ndlr). »
Trente minutes plus tard, le journaliste s'est exécuté. « Alors qu'Astrid était à son bureau, Haziza est quand même revenu avec un pain au chocolat en parlant à voix basse pour peut-être s'excuser. Je ne sais plus si Astrid a accepté, mais je me souviens que le climat était très hostile », se souvient Andréa*, une autre salariée. Dans le même temps, le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de LCP s'est saisi pour demander des comptes. Six jours après cette agression, le comité publie un échange avec la direction à ce sujet. Et annonce notamment que le journaliste va recevoir un avertissement. [...] « Il s'est accroupi d'un coup et a attrapé mes mollets » Anne*, qui travaillait avec Frédéric Haziza quotidiennement pendant un contrat à durée indéterminée (CDI) en 2013, se rappelle elle aussi d'épisodes « assez dégueulasses ». « J'avais assez vite repéré quelque chose qui me choquait. Il passait derrière certaines filles de la rédaction et sous prétexte de leur faire des chatouilles, il en profitait pour les peloter. Il mettait ses mains sur leurs seins. Elles rigolaient nerveusement et se laissaient plus ou moins faire », raconte cette ex-collaboratrice qui dit avoir dû adopter une attitude pour se protéger : « J'étais dans une posture très froide avec lui, pour éviter qu'il ne me fasse ça. » La méthode était efficace, sauf ce « seul jour » où Frédéric Haziza l'a « touchée » :
« J'étais dans un bureau avec un autre rédacteur en chef. J'étais en jupe lorsque Haziza est rentré dans la pièce. Il s'est accroupi d'un coup et il a attrapé mes mollets avec ses mains pour les toucher. J'ai crié pour l'engueuler. L'autre personne présente a ri en lui disant légèrement qu'il ne devait pas faire ça. À l'avenir quand il s'approchait de trop près, je criais et lui, partait comme un gamin. C'était ma parade pour éviter d'avoir d'autres problèmes. »
Nombre de ses collègues, hommes ou femmes, dépeignent un homme « parfois agressif », « aux mains souvent baladeuses » et « à l'humour salace ». Jérôme*, un ancien journaliste de LCP, confirme que le présentateur a pu être « très violent verbalement » et « a une réputation de sexiste ».
« Il se justifie souvent en disant qu'il fait simplement des blagues, mais il sait de toute façon qu'il bénéficie d'une sorte d'impunité. »
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http://www.20minutes.fr/web/2173879-20171122-agression-sexuelle-bernard-henri-levy-prend-defense-frederic-haziza-twitter
Voir en ligne : https://www.agoravox.tv/IMG/jpg/haziza-lcp-harcelement.jpg