L'Afrique du Sud veut accélérer les expropriations sans dédommagement des fermiers blancs

"Des balles en caoutchouc pour faire fuir les squatteurs. Des face-à-face tendus comme celui-ci, l'Afrique du Sud en a connu beaucoup ces dernières années. Policiers d'un côté. Manifestants noirs de l'autre. Ils réclament que soit délogés de leurs terres les fermiers blancs. Eux qui possèdent plus de 70% de la surface agricole du pays. Sous pression à un an des législatives, le parti du président Cyril Ramaphosa a voté en faveur d'une expropriation des terres sans compensation. De quoi accélérer leur redistribution à la population noire…" (France 24, 3 août 2018)
Pour prendre un peu de recul, ce reportage de France 24 datant d'octobre 2015 :

"En Afrique du Sud, la violence dans les grands centres urbains comme Pretoria, Johannesburg ou Le Cap fait souvent la une des journaux locaux. Mais la violence fait aussi des ravages dans les campagnes. Reportage. Les fermiers sud-africains, isolés au milieu de leurs propriétés, sont des cibles faciles. Les statistiques montrent que ce sont les zones rurales qui sont les plus touchées par la violence : depuis le début de l'année, 160 fermes ont été attaquées, soit près d'une par jour. Et 44 fermiers blancs ont trouvé la mort. Au-delà du drame, ces chiffres posent aussi la question raciale, dans une société qui n'a pas encore pansé toutes les plaies de l'apartheid. Nos reporters ont sillonné les immenses plaines agricoles d'Afrique du Sud pour comprendre pourquoi ce climat d'extrême violence perdure."

On peut aussi visionner le documentaire Farmlands, posté le 25 juin 2018 sur YouTube (déjà plus d'un million de vues), en ayant conscience que Lauren Southern, son auteur, est une militante d'extrême droite très controversée. Elle estime que les violences que subissent les fermiers blancs ont des motivations raciales et pourraient faire présager d'un "génocide blanc" ; de son côté, la correspondante de France 24, Caroline Dumay, affirme qu'on n'a jamais "prouvé" qu'il s'agissait de crimes raciaux, même si, comme elle le concède, "il n'y a pas grand monde qui s'est penché sur la question". Elle déclare encore :

"Sur les 3000 attaques de fermes ces dix dernières années, on ne peut pas dire que ce soit des crimes raciaux à chaque fois. Ça l'a été, les fermiers ne sont pas toujours les personnages les plus populaires dans les campagnes, mais ça n'est pas forcément racial ou politique. Il y a un rapport de la commission sud-africaine des droits de l'homme qui dit qu'on a autant de chances de se faire tuer si on est fermier noir que si on est fermier blanc, donc a priori le critère de la race n'est pas un critère d'explication pour cette violence rurale."

Par ailleurs, contrairement à ce qu'affirme Lauren Southern dans son film, les crimes contre les fermiers en Afrique du Sud ont tendance à baisser ces dernières années, après un pic entre 1997 et 2002, selon un récent article de fact-checking du site Quartz Africa. Pour les plus intéressés, cet article (en anglais) critique le "pseudo documentaire" de Lauren Southern et ses nombreuses relations avec des personnalités d'extrême droite. Avec ce petit appareillage critique, on peut regarder ce film (sous-titré en français) et tenter, même si ça n'est jamais facile, de séparer le bon grain de l'ivraie.
Voir en ligne : https://www.agoravox.tv/IMG/jpg/afrique_du_sud.jpg

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