Basée sur une synthèse de l'étude de documents déclassifiés en 2005, et disponibles aux archives nationales, l'enquête de Jean Marc Roeder nous apprends comment l'origine et la mise en oeuvre du projet d'assassinat de JFK sont d'abord venus de la mafia. Les grands parrains de la pègre : Carlos Marcello, Sam Giancana, Santo Trafficante, John Roselli, respectivement parrains des villes de la Nouvelle Orléans, de Chicago, de Tampa en Floride et de Las Vegas furent apparemment les principaux commanditaires. Leur problème ? Le bureau du procureur général, le ministre de la Justice, Robert Kennedy, qui menait alors une campagne contre la corruption aux Etats-Unis. En fait une guerre ouverte contre eux et leurs affaires. Ils opéraient jusque là plutôt tranquillement, graissant des pattes utiles, opérant différentes sortes de chantages, certains collaborant même avec la CIA dans des coups d'Etats en Amérique latine, ou ils pouvaient ensuite étendre leurs business. Ils décideront alors, courroucés, de frapper la tête : JFK. Entre alors en ligne de compte toute la complexité du contexte. Un contexte ou JFK se trouvait particulièrement isolé. Même s'il jouissait d'une côte de popularité exceptionnelle auprès du public, certains de ses choix politiques et stratégiques lui valurent beaucoup d'hostilité dans différents cercles d'influences, auprès de ce qu'on appellerai aujourd'hui l'Etat profond, et même jusqu'à sa propre administration. Militaires, riches industriels, banquiers, c'est donc apparemment l'hostilité de la mafia qui aura allumée la mèche. Ils trouveront ensuite un soutien financier, stratégique et politique auprès de riches pétroliers et vendeurs d'armes Texans -dont le poulain n'est nul autre que Lyndon Johnson- et avec lesquels Carlos Marcello, le parrain des parrains, entretenait déjà des relations d'affaires. Ce n'est pas la CIA qui agira, mais des agents dissidents au sein de celle ci, dont certains étaient membres de la mafia, ou sympathisants du projet, et qui useront alors de son infrastructure. Osvald, tous les éléments tendent à le démontrer, fut comme il le prétendit lors de son arrestation, un bouc-émissaire. Le pourquoi de la loi du silence, semble d'après cette enquête relever de la raison d'Etat. Cela aurait fait partie du plan. Robert Kennedy lui même, aura été contraint d'étouffer l'affaire en tant que ministre de la Justice, bien que frère de la victime. C'est même lui qui initiera la commission Warren, dans le but de valider la version Osvald. En cause la problématique Cubaine, ou un coup d'Etat militaire se préparait. Révéler au public la réalité des faits sur l'assassinat, revenait par définition à dévoiler au grand jour certains programmes sensibles des services secrets, en particulier l'opération d'envergure que Kennedy préparait contre Fidel Castro. A ce moment de l'histoire, la guerre froide est à moitié chaude, et Cuba est un enjeu majeur, un détonateur en puissance... Autour de l'événement, de ses tenants et aboutissants, de nombreuses digressions, qui enrichissent la vue d'ensemble. Malgrès quelques lacunes du côté de l'interviewer, Jean Marc Roeder livre là un exposé parfois décousu mais magistral. Très sensé et cohérent historiquement, il parle essentiellement de faits établis. Passionnant. Introduction jusqu'à la minute 8. Développement du contexte et présentation des différents personnages présents dans le paysage pendant une bonne part de l'interview, le détail du déroulement des faits à Dallas se trouve vers la fin à partir de 1h30 environ. Enjoy.
Voir en ligne : http://www.agoravox.tv/IMG/jpg/jfk-i-02.jpg
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