Il existe tout un pan « oublié » de l'histoire mondiale : celui de l'esclavage des Blancs, qui a duré plus de deux mille ans et qui ne s'est terminé qu'avec la modernisation ottomane au début du XXe siècle. Cette histoire, occultée par nos manuels scolaires, est de plus en plus renseignée par les historiens universitaires. Il ne semble cependant qu'aucun livre pris séparement parvienne à faire le tour de la question : l'ampleur du phénomène et les implications d'une telle révision de l'histoire sont trop vastes. En faisant l'hypothèse que l'on parvienne un jour à regarder en face ces données édifiantes, à quoi pourrait ressembler cette histoire — et l'Histoire — « révisée » à enseigner aux générations futures ?
Il est difficile d'aborder un phénomène qui s'est étalé sur tant de siècles. Non seulement difficile en raison de son étendu, mais aussi du manque de travaux disponibles. La traite des Slaves, allant du VIIIe au XVIIIe siècle, peut servir de cadre pour suggérer la complexité d'une telle question. Des Tchèques, des Moraves, des Slovaques, des Polonais, des Slovènes, des Croates, etc... Voilà ce que nous évoque couramment ce terme de slave. Un reste, au demeurant, du récit national savamment entretenu ? Le terme latin sclavus - slave - désigne, depuis le VIIIe siècle, l'esclave dans la plupart des langues. Au temps des Carolingiens et de notre cher Carolus Magnus — un roman national à lui tout seul —, on ne va pas chercher de Slaves aux confins orientaux de l'Europe, mais tout simplement de l'autre côté du Rhin. C'est le genre de détails qui n'est pas abordé même par les historiens les plus spécialisés de ces questions. Et pour cause, un spectre plane dont personne ne veut entendre parler : et si c'était aussi arrivé chez nous ? Sommes-nous les descendants de Slaves ? Mais surtout, quelles en sont les conséquences ? Verdun. Ville au lourd passé historique, et ce pour de multiples raisons. Arrêtons-nous un instant avec Évariste Lévi-Provençal (1894-1956), ancien professeur à la Sorbonne, qui nous parle "d'usines à eunuques" vers le VIIIe siècle dont les prisonniers sont destinés à l'exportation vers l'Espagne et l'Orient musulman : Ils étaient destinés à la garde des harems, faisaient l'objet d'un commerce spécial de la part de marchands juifs qui avaient surtout en France, en particulier à Verdun, d'importantes manufactures d'eunuques. En sachant qu'à ces époques, le taux de mortalité de l'opération avoisinait les un sur deux. Une autre historienne, Nell Irvin Painter, attire notre attention sur le fait que cet esclavage des Blancs est fondamental pour comprendre comment s'est construite la blanchité, notamment à travers son idéal de beauté. Les Blancs sont en effet très appréciés par leurs voisins du sud. Mais ce n'est sûrement pas là le noeud du problème. Nous sommes toujours aux alentours du VIIIe et Xe siècles et Jacques Heers (1924-2013), ancien directeur d'études à Paris IV, nous rappelle ainsi : Les mécènes chrétiens fournissent la matière première, les médecins juifs opèrent, les Arabes les achètent et les consomment. Derrière cette économie "trans-religieuse" si fructueuse et qui a perduré si longtemps ne se cacherait-il pas une certaine idéologie sous-jacente et qui l'accompagnerait ? La question reste ouverte. De Verdun, nous passons à Verden, située en Basse-Saxe. Le massacre de Verden, nous dit Wikipédia, est un événement marquant des guerres saxonnes au cours duquel le roi franc Charlemagne, qui réclamait la suzeraineté sur la Saxe, ordonna la mort de plus de 4 500 Saxons en octobre 782. Au cours d'une campagne intermittente de trente ans visant à christianiser les Saxons, il détruisit en 772 l'Irminsul, leur arbre sacré. Ce sur quoi l'histoire se fait discrète, c'est que le chef saxon qui a fini par être défait vers 782, Widukind, est parti chercher protection chez le roi danois viking Godfred. Or, ce n'est que quelques années plus tard que commencèrent les premières invasions vikings. Les causes naturelles souvent avancées pour expliquer l'attitude des vikings, comme le réchauffement climatique qui aurait engendré une croissance soudaine de la population — ceux-ci n'ayant alors plus d'autres choix que de partir piller les alentours — n'est aujourd'hui plus vraiment satisfaisante. Il s'agit certainement, comme ailleurs, d'une multiplicité de facteurs. Il pourrait plus certainement s'agir de ce facteur climatique concomitant à des vagues d'immigrations ayant duré des décennies, d'Européens occidentaux fuyant les conversions forcées, couplées à un probable embargo économique. C'est en tout cas la dégradation notoire des relations avec les Carolingiens et l'Église de Rome qui a pu être le facteur déclencheur des invasions et qui pourrait expliquer les actes de barbarie des vikings. Quoi qu'il en soit, au regard des nombreux points communs que partageaient Germains, Nordiques et Gaulois tant sur le plan linguistique, politique que spirituel, on est en droit de se demander si les autorités politiques françaises de l'époque n'ont tout simplement pas aussi massacré leur propre population. La réponse paraît évidente, du moins on est en droit de se questionner sur les origines réelles, et très certainement multiples, du régime du servage qui va prendre son essor en ce début de Moyen-Âge. Comme une allégorie rendant compte de cette situation, Maurice Guignard, dans La cathédrale de Chartres, nous parle de l'extinction des bisons d'Europe en ces termes : De nombreux témoignages de la présence de bisons européens existent encore, bien que tout ait été fait pour effacer leur mémoire. En vérité, les raisons de cet ostracisme doivent être cherchées dans une sourde lutte religieuse.
- Statue de Widukind à Herford, en Allemagne.
Voir en ligne : https://www.agoravox.tv/IMG/jpg/esclavage-europeens.jpg