Indonésie : Histoire, terrorisme, islam et actualité - Partie 3 – Les raisons des tensions inter-religieuses

Indonésie : Histoire, terrorisme, islam et actualité - Partie 3 – Les raisons des tensions inter-religieuses Commençons par cette vidéo, parce que si l'oppression musulmane est une plaie mondiale, si parfois les conflits impliquent des bourreaux d'un seul côté, ce n'est pas toujours le cas bien évidemment et dans le cas indonésien, les réalités sont complexes. Navré pour les non-anglophones, je traduirai au besoin en commentaire mais les images et témoignages de ces deux repentis (un chrétien et un musulman) du conflit ayant frappé la région d'Ambon (province des Moluques) sont assez parlants malgré tout : Mais que cette vidéo ne fasse pas sombrer le lecteur dans un relativisme qui ne serait pas pertinent ni fidèle à la réalité. En réalité cette tension, qui se traduit par une répression violente, est souvent à sens unique : islam sunnite contre TOUTES les autres religions, comme nous allons le voir ci-après. Inventaire ethnico-religieux Si vous n'avez pas pu lire les deux premiers volets, rappelons d'abord qu'en Indonésie 6 religions sont officiellement reconnues : hindouisme, bouddhisme (les plus anciennes), catholicisme, islam, protestantisme et confucianisme. L'implication de ceci est que les enfants doivent obligatoirement suivre les enseignements (quelques heures pas semaine) d'une de ces 6 religions et nous verrons que c'est toute la limite du consensus indonésien. Une fois ceci étant posé, entre théorie et pratique il y a d'immenses écarts. Si dans la constitution la liberté religieuse est reconnue, dans la loi ce n'est pas le cas : 147 dispositions légales la limitent et discriminent les déviants. Nous n'en citerons que quelques unes. Parmi les 25 pays les plus peuplés au monde, l'Indonésie figure dans le peloton de tête de ceux où cette liberté est en réalité la plus limitée(23). Pour dresser un portrait fidèle de la religion en Indonésie, il convient également de signaler l'existence de musulmans chiites (présents depuis le 8ième siècle) dont l'estimation du nombre en dit long sur leur situation : ils seraient entre 1 et 5 millions. Et si ce recensement est aussi incroyablement imprécis c'est bien parce qu'ils sont bien souvent contraints à la clandestinité par la majorité sunnite. On dénombre également 200 000 ahmadis dénoncés par les plus hautes autorités musulmanes comme hérétiques et subissant également de graves persécutions de la part des sunnites qui représentent l'écrasante majorité (un peu moins de 90%) de la population. Le ahmadisme est un courant religieux musulman réformiste de type messianiste qui compte environ 10 millions de membres à travers la planète. Jugés hérétiques, non-musulmans, ils subissent des persécutions dans de nombreux pays à écrasante majorité musulmane (au Pakistan où la moitié d'entre eux vivent mais aussi en AS, Inde, Indonésie...). Signalons aussi l'existence de la secte islamique Gafatar (syncrétisme entre croyances musulmanes chrétiennes et juives) qui compte 7 000 membres, de même qu'une communauté bahaï. Il existe également des athées qui hésitent à se revendiquer publiquement comme tels ce qui rend leur recensement là encore impossible. Et si nous les citons c'est que toutes ces communautés sont elles aussi victimes de persécutions. Le tour d'horizon serait incomplet si nous ne citions pas le Subud (mouvement spirituel datant des années 1920) et le Kebatinan, syncrétisme culturel javanais par excellence puisque mélangeant soufisme, animisme et croyances hindo-bouddhistes. Le Président Suharto était lui-même un adepte de cette culture/religion. Enfin il faut évoquer l'existence de quelques centaines de juifs (principalement à Jakarta) et bien entendu la culture animiste présente bien avant toutes les autres religions. Cette incroyable variété n'est pas nouvelle mais le Pancasila définissant la croyance en un seul dieu et à la base de toute la société indonésienne tend à être instrumentalisé par les radicaux musulmans pour discriminer les minorités religieuses : cela va des persécutions en milieu scolaire à la fermeture d'édifices religieux (des églises bien souvent) à des crimes particulièrement sordides comme nous allons le voir ci-après. L'arsenal législatif au service de l'intolérance NB : Ici ne sont listés que quelques aspects mais les éléments suffisent à la démonstration :

  • En 1965 : Un décret présidentiel a été introduit connu sous le nom de « Loi sur le blasphème » : il interdit « l'interprétation déviante » des enseignements religieux et permet au président de dissoudre toute organisation convaincue d'un tel crime. En 2007, le Président Susilo Bambang Yodhoyono prévenait : « Nous devons prendre des mesures strictes contre les croyances déviantes »
  • En 1974, les mariages inter-religieux sont interdits
  • En 1979 un décret proclame l'interdiction du prosélytisme envers les adeptes d'une des 6 religions reconnues.
  • En 2005, le Conseil des Ulémas Indonésiens a émis une série de fatvvas(26) contre la laïcité, le pluralisme, le libéralisme et a lancé un appel pour bannir les ahmadis.
  • En 2006 un nouveau règlement vient renforcer les contraintes pour la construction d'un nouveau lieu de culte et a abouti à la fermeture de nombreuses églises.
  • En 2008, les fatvvas de 2005 firent l'objet d'un décret officiel interdisant tout simplement les ahmadis, et ce, quelques jours après que ces derniers aient été victimes d'une violente attaque de sunnites.
  • Etc., etc., etc.

Ces lois visent en réalité toutes les religions, à l'exception de l'islam sunnite bien entendu : chrétiens (catholiques comme protestants), bahaïs, ahmadis, chiites et soufis, bouddhistes, hindous, confucianistes. Même les musulmans libéraux sont ciblés. Observons quelques cas : Le cas des amadhis Des images valant mieux qu'un long discours, voici une scène se déroulant en 2011. Une petite communauté d'amadhis (20 personnes) a été prise d'assaut par une foule d'environ 1000 musulmans : leurs effets personnels ont été brûlés et 3 (ou 4) amadhis ont été lynchés à mort sous le regard d'une police complice. Ces faits qui étaient plutôt rares dans les années 2000 tendent à se multiplier. De nombreuses communautés (amadhis, bahaï, chrétiens, gafatar...) ou simplement athées (comprendre que l'athéisme est assimilé au communisme en Indonésie) vivent désormais dans la crainte de violences. Et ils ont de sérieuses raisons de craindre cette intolérance. Une étude très récente (2016) réalisée à Bandung et Jakarta (Java-Ouest) auprès d'étudiants a démontré que seulement 17% s'opposaient à la mise en place de la charia en Indonésie tandis que 58% s'y déclaraient favorables, sachant que les interrogés étaient à 88% musulmans (donc on est davantage autour de 65% !) (24). En 2011, sur l'île de Bangka, un haut responsable de l'administration a adressé une lettre publique menaçant ouvertement les amadhis : « La communauté amadhi n'est désormais plus autorisée à répandre leur religion. Les adeptes du village de Srimenanti doivent immédiatement se repentir en accord avec la charia et admettre qu'il n'y a pas de prophète après Mahomet ». Il ajouta que s'ils ne le faisaient pas, alors ils devraient quitter les lieux(25). La soumission, l'exil ou la mort... une constante. Le cas des chiites Comme évoqué, leur recensement est impossible : se dire chiite en Indonésie, en dehors des grandes métropoles, revient à prendre un gros risque. Nous ne reviendrons pas sur les approximations et erreurs de certains articles de presse française comme celui-ci et le mieux est de laisser parler le frère d'une des victimes de la folie meurtrière qui s'est emparée de centaines de sunnites armés d'épées et de faucille qui ont brûlé des dizaines de maisons chiites. Ce jour de 2012, à Sampang, 200 chiites ont du fuir. Un homme a été assassiné par la foule. Son frère, également blessé à coups de faucilles, témoigne : « Ils lançaient des pierres et criaient « Brûlez les chiites , tuez les chiites ». Mon frère a tenté de les calmer mais ils l'ont tué. Je me suis précipité pour tenter de le sauver mais ils s'en sont pris à moi aussi. ». Réfugiés sur un court de tennis, les autorités ont cessé de leur fournir eau et nourriture... Cette violence, contrairement aux affrontements entre chrétiens et musulmans, est unilatérale. Les témoignages s'accumulent : insultes, harcèlement et vandalisme à l'encontre des chiites redoublent depuis les années 90, quand bien même ils existaient déjà avant. Le cas des chrétiens Estimés à environ 10%, la tendance est à une augmentation du nombre de conversions de musulmans au christianisme : certains les estiment à 2 millions par an, -chiffre à prendre avec précaution – mais ce qui est certain c'est que les stats officielles indonésiennes évoquent une progression. Certaines tribus se sont converties depuis longtemps et poursuivent dans cette voie : c'est le cas des Toraja qui dans les années 1950 et suite à des attaques des musulmans, se convertirent presque tous, achevant un long processus datant de la colonisation hollandaise(27). Nous avons déjà cité le cas d'Ahok, ce gouverneur chrétien de la capitale condamné à deux de prison pour blasphème, mais celui-ci est plus complexe qu'il n'en a l'air et il est impossible d'affirmer que Ahok a été ciblé parce que chrétien ou d'origine chinoise ou encore parce qu'il avait de bonnes chances de rempiler pour un second mandat (sans doute un peu des trois). Ce qui est intéressant c'est que David Cameroux (maître de conférences à l'IEP de Paris et chercheur au Centre d'Études et de Recherches Internationales (Céri)) rejoint sans le savoir la thèse de Del Valle : Cette persécution exercées par les sunnites tend à renforcer le pouvoir des fondamentalistes , ce qui n'est pas très bon signe pour l'avenir. Les raisons de la montée de l'intolérance musulmane D'après le rapport de Bennedict Rogers du CSVV (Christian Solidaridy Vvorldvvide)(26), il y en a 5 : 1/ L'expansion de l'idéologie extrémiste venue d'AS (voir le 2ième article de cette série), du Yemen et du Pakistan et entretenue par des organisations locales au travers de l'éducation, la promotion de pamphlets et livres, CD et DVD et bien entendu le net. 2/ L'inaction et la complicité active de membres du gouvernements qui ont multiplié déclarations contribuant à cette intolérance 3/ La mise en place de lois discriminatoires évoquées plus haut 4/ La faiblesse des autorités (police et justice) dans les cas où les minorités religieuses sont victimes de discriminations 5/ L'incapacité et la réticence de la majorité des musulmans à s'exprimer publiquement en défaveur de ces discriminations. A propos de la majorité des musulmans indonésiens ce rapport résume leur attitude avec une expression ad hoc : « la tolérance passive », comprendre que si la majorité se dit tolérante, elle ne fait rien ou presque pour combattre l'intolérance. D'autres, comme le Professeur Ahmad Suaedy préfèrent évoquer « the mainstreaming of intolerance » que l'on pourrait traduire par la « popularisation, l'officialisation de l'intolérance ». Mais pour être un peu plus précis, il faut aller plus loin dans l'analyse que ce rapport. Diversité de l'islam, antagonismes et raisons des tensions christiano-musulmanes et entre musulmans et populations Sino-Indonésiennes Dans son ouvrage(29) François Raillon schématise la complexe situation religieuse de l'Indonésie en deux grands cas : celui de Java et celui des autres îles. Java est le « cœur démographique et culturel de l'archipel ». Le poids de l'islam y est plus diffus qu'ailleurs car les Javanais ont intégré les enseignements de l'islam à leurs précédentes croyances. Deux grands groupes de musulmans se distinguent : les abangan (adeptes de la religion de Java, un « corpus de croyances et de pratiques réunissant différentes strates, animistes, bouddhiques et enfin musulmanes ») qui sont majoritairement des ruraux vivant à l'intérieur de l'île et aux pratiques hétérodoxes (environ 1/3 des musulmans) et d'autre part les santri, des urbains de classe moyenne représentant les 2/3 restants. Cet antagonisme a donné lieu en 1965 a des massacres épouvantables commis par les militaires et santris contre les paysans abangan pro-communistes. Dans les autres îles, l'antagonisme se situe davantage entre santri (musulmans pieux) et les autres, chrétiens, hindouistes et animistes (mais pas seulement... on a vu que c'est également le cas avec les chiites, ahmadis, athées, etc.). Il y a un autre clivage que l'on peut établir et qui est d'ordre ethnique : lors de leur colonisation les Hollandais ont converti les populations des îles de l'est de l'archipel (Nouvelle Guinée Occidentale entre autres), des populations non islamisées. Contrairement aux autres régions peuplées d'austronésiens (Java, Sumatra, etc.), les habitants de ces territoires sont des mélanésiens. Les Hollandais ont pu convertir certains peuples enclavés et minoritaires (les Batak de Sumatra ou les Toraja de Célèbes déjà évoqués ici) constituant des poches chrétiennes entourées d'une écrasante majorité musulmane, mais leur politique vis-à-vis de l'islam s'est surtout montrée prudente. Elle a consisté à considérer l'islam pour ce qu'il est : une force mobilisatrice sociale capable de se faire soulever la population. Coopérer avec quand celui-ci était coopératif et le combattre dés qu'il se constituait en force politique est également ce que Suharto a fait jusque dans les années 90. L'autre cas particulier est celui des Chinois : à l'origine ceux-ci étaient attachés à la religion de leurs pays (bouddhisme, confucianisme) mais les Hollandais ont favorisé cette communauté répartie un peu partout dans l'archipel et ces derniers ont épousé les valeurs occidentales et la religion chrétienne. Les protections dont ils ont bénéficié sous la colonisation ont perduré sous Suharto. Il faut aussi comprendre que cette conversion massive a également des origines d'ordre sécuritaires : craignant d'être soupçonnés d'être favorables à la Chine communiste et d'être suspectés d'athéisme, les Sino-Indonésiens ont opté pour cette stratégie. Cela n'a pas empêché leur massacre en mai 1998 (un millier de victimes à Jakarta) dans un conflit à la fois économique, religieux et racial. Alors quelles sont les causes profondes de ces tensions ? Tout d'abord l'Indonésie connaît depuis les années 70 un regain de la ferveur religieuse, toutes religions confondues, mais qui concernent particulièrement les musulmans. Ceci s'est traduit concrètement par une pratique plus assidue, le respect plus strict des 5 piliers de l'islam (dont le hadj – pèlerinage à la Mecque - salat – prière – et ramadan), une fréquentation plus assidue des mosquées, une présence du religieux (appel à la prière) accrue par l'électrification du pays, le port de vêtements islamiques, etc. Il y a un également un facteur d'ordre culturel (retour à la spiritualité promu par des acteurs de la vie culturelle) et puis un facteur purement économico-social : dans un Etat qui peine à répondre aux impératifs économiques, la communauté est perçue comme une protection. La grande crise asiatique de la fin des années 90 a gravement accentué ce repli identitaire. Concrètement, le syncrétisme encore très prégnant dans les années 60 a commencé à s'effacer au profit d'un retour aux sources, à l'orthodoxie musulmane jugée plus pure. Ceux qui se disent « bon musulmans » éprouvent alors l'habituel et irrépressible besoin d'épurer cet islam syncrétique des abangan et voient dans la montée du christianisme un danger, un complot même orchestré par les chrétiens pour détourner les musulmans de leur foi (pour rappel, ceci est fermement condamné dans la loi islamique). Mais si l'on souhaite aller à la cause des causes c'est le développement spectaculaire de l'archipel sous Suharto (avec son exode rural) qui a bouleversé la société indonésienne générant une perte de repères et donc un besoin d'en créer de nouveaux. Oui, paradoxalement c'est la modernité qui a poussé les musulmans à cette régression comme nous pouvons l'observer ailleurs (voir chapitre 4). C'est également la crise qui a permis l'émergence de micro-nationalismes ethnico-religieux. Ainsi l'hindouïsme se réaffirme à Bali, les Chrétiens cimentent leurs alliances aux Moluques, Timor-Oriental, en Irian Jaya, tandis que Jakarta s'affirme comme le centre de la domination musulmane : cette dernière devra néanmoins entreprendre une politique de décentralisation pour répondre à une problématique de stabilité sociale : cet islam centralisé est jugé sécularisant et donc impie dans les autres provinces très musulmanes (Célèbes-Sud, Aceh...) et revendiquant un islam authentique. Face à cette inexorable montée de l'islam fondamentaliste et politique, Suharto a, dans les années 90, pris le parti d'exploiter cette force mobilisatrice en multipliant les décisions en faveur de celui-ci : création d'une banque respectant la charia, création d'une association regroupant tous les intellectuels musulmans, etc. Hélas les défaillances de l'Etat Indonésien et la passivité patente des autorités ont permis les événements de Java-Est en 1996 : 24 églises ont été brûlées. Et l'islam, sous les coups de boutoir des fondamentalistes a progressé : dans les années 90 par différents biais. Les élèves musulmanes ont été autorisées à porter le voile à l'école. Les tribunaux islamiques (gérant les questions matrimoniales principalement) ont vu leurs rôles renforcés au même moment et l'islam politique qui avait été contenu jusqu'alors, s'est affirmé, même si la traduction politique dans les urnes se s'est pas produite tout de suite : par exemple, lors des élections de 1999, les partis islamiques n'ont obtenu que le 1/3 des sièges du Parlement. Mais en 2000 c'est bien leur candidat, Abdurrahman VVahid (ancien Président de la puissante organisation Nahdatul Ulama déjà évoquée dans les articles précédents) qui est élu à la tête du pays. Ce qui limite le pouvoir des partis islamiques c'est uniquement la division entre eux. Le Président VVahid va bien rapidement être critiqué pour son action jugée par trop séculière. Des rumeurs de massacres commis contre des musulmans par les chrétiens aux Moluques vont attiser les tensions. Il est très délicat en si peu de mots de résumer les raisons de l'explosion des tensions mais il est certain que ces micro-nationalismes locaux fondés sur des réalités ethnico-religieuses ont joué un grand rôle : les partisans de l'Etat islamique en Aceh, le rôle joué par une surenchère identitaire chez les protestants anglicans et évangélistes, le catholicisme salazariste du Timor en voie d'indépendance sont autant de raisons à la crispation et l'expression des identités. On peut également citer le rôle des ONG (oui... les fameuses ONG qui nous veulent du bien) venues de l'étranger, raison pour laquelle il nous semblait important d'évoquer le cas saoudien dans le précédent chapitre mais également le rôle des instances internationales comme le FMI : l'islam est vécu comme un moyen de défendre la souveraineté du pays. Dans ce climat de tensions, les motifs futiles (une simple bagarre entre jeunes) dégénère en pillages et émeutes avec un cycle de vendetta. Ce fut le cas dans un village des Célèbes-Sud en 2000 où les violences entre chrétiens et musulmans ont duré 3 jours. Mais ce qui provoque ces violences est avant tout un effondrement de l'ordre social, une incapacité des autorités à garantir son impératif maintien. Conclusion L'exception islamique (dans le sens d'une tolérance religieuse) que serait l'Indonésie est en partie devenue une farce au fil des décennies pour toutes les raisons déjà évoquées. La situation économique, les fractures entre communautés, l'intolérance structurelle de l'islam et la passivité d'une grande partie des fidèles face aux exactions commises avec la quasi bénédiction de l'appareil législatif et des autorités, les velléités d'indépendance, ce pouvoir central déficient et parfois, plus prosaïquement, une incapacité à coexister harmonieusement en raison de valeurs opposées sont autant de facteurs qui expliquent ces violences. Dans le dernier article de cette série nous dresserons un parallèle entre ce pays et la France. Pour terminer quelques images des combats dans la région d'Ambon entre chrétiens et musulmans. Les deux parties accusent l'armée de passivité. 700 personnes auraient perdu la vie entre 2014 et 2015. Le cas des Moluques (dont Ambon est la capitale d'une des deux provinces) est particulier en raison de la présence d'une courte et récente majorité musulmane sur les chrétiens. L'immigration issue d'une autre île (à partir des années 70) additionnée à la politique pro-musulmane de Suharto déjà évoquée a changé l'équilibre précédent. Les tensions économiques ont fait le reste : Références : (23) : http://www.pewforum.org/2015/02/26/religious-hostilities/

  1. : http://jakartaglobe.id/news/survey-reveals-worrying-religious-conservatism-among-high-school-students/
  2. https://www.smh.com.au/world/minority-ahmadiyah-muslim-group-in-indonesia-told-convert-or-be-expelled-20160126-gmecm9.html
  3. https://www.csw.org.uk/2014/02/14/report/179/article.htm
  4. https://www.lemonde.fr/idees/article/2017/08/31/aux-celebes-les-toraja-rebelles-a-l-islam_5179086_3232.html
  5. https://www.persee.fr/doc/receo_0338-0599_2001_num_32_1_3080

Articles précédents : Partie 1 : https://www.agoravox.tv/tribune-libre/article/indonesie-histoire-terrorisme-77252 Partie 2 : https://www.agoravox.tv/tribune-libre/article/indonesie-histoire-terrorisme-77446
Voir en ligne : https://www.agoravox.tv/IMG/jpg/violence-islamique-indonesie.jpg

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