Discours du Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, le 14 mai 2018, à l'occasion de la commémoration du deuxième anniversaire de la mort du Commandant du Hezbollah Sayed Moustafa Badreddine.
Traduction : http://sayed7asan.blogspot.fr
Transcription :
[...] (Enfin), la Palestine, qui est la question (la plus) importante — j'en parle rapidement, car tout ce que nous avons évoqué concerne la Palestine. Demain (15 mai) est le 70e anniversaire de la Nakba (‘catastrophe', désignant l'exil forcé des Palestiniens en 1948), la Nakba de la Palestine, et même la Nakba des Arabes, des musulmans et de la Communauté (musulmane), et bien plutôt la Nakba de l'humanité. Ce qui s'est produit il y a 70 ans et s'est perpétué durant 70 années est une marque de honte (gravée au fer rouge) dans l'histoire et sur le front de tous les hommes, de tous les Etats et dirigeants du monde, ainsi que de toutes les organisations internationales dans le monde. Et cela se perpétue jusqu'à aujourd'hui même : ce qui se passe aujourd'hui à Gaza — des dizaines de martyrs, plus de mille blessés — est une continuation de ce qui s'est passé il y a 70 ans.
Les Palestiniens, durant 70 ans, n'ont pas abandonné leur cause. Ils ont pu diverger sur certains choix, mais aucun d'entre eux n'a accepté que la cause palestinienne soit liquidée ou qu'elle soit définitivement classée, indépendamment des termes minimaux (frontières de 1967), médians (frontières de 1948) et maximaux (Palestine historique) (revendiqués par les uns ou les autres). Et leur lutte, leur combat, leurs sacrifices et leurs martyrs ont continué, jusqu'à ce qui se passe aujourd'hui.
Aujourd'hui, nous sommes également face à un défi très grand et très dangereux quant à la question palestinienne, dont je vais parler rapidement, à savoir ce qu'on désigne comme l' « accord du siècle » (réglant définitivement la question palestinienne sous le parrainage de Trump, MBS, etc.), et selon certaines informations — je n'ai pas d'informations particulières (sûres) à ce sujet, mais c'est ce qu'on peut lire dans les médias —, Trump va annoncer au mois de mai, dans les deux dernières semaines qui restent, il va annoncer cet accord officiellement. Et le projet américain pour régler la question palestinienne est celui-ci, les points 1, 2, 3, 4 et 5 (que je vais détailler).
(Quelle est la position de Trump :) « O Palestiniens, ô Arabes, ô musulmans, si vous acceptez (cet accord), bienvenue à vous (tant mieux), venez signer. Si vous n'acceptez pas, à plus (on n'a plus rien à se dire), et on vous l'imposera (quand même). » Parce que j'ai oublié quelque chose dans la première partie (de mon discours) concernant les conséquences (du retrait américain de l'accord sur le nucléaire iranien), ce n'est pas seulement que (Trump et les Etats-Unis) ne respectent pas (les accords conclus ou le reste du monde), mais ils prennent (unilatéralement) les décisions qui favorisent leurs intérêts et viennent les imposer (de force) au monde entier. Et ceux qui ne cèdent pas, ils les soumettent à des sanctions, même si ce sont leurs alliés. Il ne s'agit pas pour eux de proposer un règlement (du conflit), mais ils vont l'annoncer (comme un fait accompli). Si vous l'acceptez, bienvenue à vous (tant mieux). Et si vous le refusez, ils vous feront la guerre, vous infligeront des sanctions et vous l'imposeront (par la force). Voilà le danger qui guette la cause palestinienne ces jours-ci.
Cela a commencé avec la reconnaissance d'Al-Quds (Jérusalem) comme capitale d'Israël, et aujourd'hui, c'est chose faite, malgré le fait que Trump avait promis aux (gouvernements) arabes que cela prendrait deux ou trois ans et qu'il y avait du temps avant qu'elle soit appliquée. Mais non, ils ont choisi un endroit modeste d'Al-Quds (Jérusalem) et se sont dépêchés de déplacer leur ambassade (pour l'inaugurer) aujourd'hui.
Eh bien, en quoi consiste ce projet clair, connu et au sujet duquel plus rien n'est caché ?
1/ Pas de Quds (Jérusalem), ni Est, ni Ouest (pour la Palestine), on n'en parle même pas. Et ce qui apparait au sujet des lieux saints, c'est que ni ce qui est en surface, ni ce qui est souterrain (ne sera accordé aux Palestiniens). Pas de Quds (Jérusalem). Al-Quds est la capitale éternelle d'Israël. Si un musulman veut se rendre à la mosquée Al-Aqsa (3e lieu saint de l'Islam) ou si un chrétien veut se rendre à l'Eglise du Saint-Sépuclre, il doit voir avec Netanyahou. Voilà le premier point. Cela est définitivement réglé pour Trump, il l'a annoncé.
2/ Pas de retour des réfugiés palestiniens. Rien du tout. Maintenant, ils sont en train de se demander ce qu'ils vont faire au Sinaï (désert égyptien), s'ils vont les emmener là-bas... Les réfugiés palestiniens ou bien prendront la nationalité des pays dans lesquels ils résident, ou bien seront envoyés dans d'autres endroits. Mais il ne doit y avoir aucun retour des réfugiés (en Palestine).
3/ L'Etat Palestinien sera Gaza. Voilà tout. L'Etat de Palestine historique, qui est deux ou trois fois plus grand que le Liban, se limitera à Gaza.
4/ Quant à la présence palestinienne en Cisjordanie, elle prendra une certaine forme : auto-gouvernance, autonomie régionale, partie rattachée à l'Etat de Gaza... Je n'ai pas de détails sur ce point.
5/ Traité de paix global. Et tous les pays arabes et musulmans devront se tenir dans le rang, reconnaître Israël, établir des relations avec Israël, normaliser leurs relations avec Israël, et ceux qui n'accepteront pas seront soumis à des sanctions, un blocus, des pressions et des complots qui sont déjà prêts à être mis en œuvre.
Tel est l' « accord du siècle ». Qu'est donc l' « accord du siècle » (si ce n'est cela) ? C'est-à-dire la liquidation de la cause palestinienne. Cela signifie que la cause palestinienne prendra fin de cette manière.
Dans ce contexte, quelle doit être notre position ? Nous ne devons pas nous contenter de décrire et d'analyser. Soyons réalistes. Trump est sérieux dans ce choix, et les choses prennent leur cours naturel. Qu'est-ce qui se passe, et qu'est-ce que cela demande de nous ? De nous et des autres, de tout musulman, de tout Arabe, de tout chrétien, de tout homme digne dans cette région (et dans le monde). Ce qui se passe, c'est qu'il y a un processus visant à imposer ce résultat.
La première étape de ce processus, ce sont les pressions (considérables) exercées sur l'Iran. Actuellement, les pressions exercées sur l'Iran sont maximales. Peut-être que nous autres, qui sommes posés au Liban, en Palestine, en Syrie, ne nous rendons pas bien compte de cela. Aujourd'hui, les pressions sur l'Iran sont au maximum. Ils agissent sur les finances et sur l'économie (iraniennes), pour faire chuter la devise iranienne, et pour ébranler la situation économique à l'intérieur du pays, afin de créer des situations de manifestations populaires contre le gouvernement et contre le régime, et par conséquent mener l'Iran à une toute autre situation (intérieure et quant à sa position sur la Palestine). Le summum des pressions sur l'Iran consiste en le retrait de l'accord sur le nucléaire, le retour des sanctions américaines et la menace de nouvelles sanctions. Il ne s'agit pas seulement des anciennes sanctions, mais également de nouvelles sanctions contre l'Iran. S'agit-il seulement du nucléaire ? Ils savent très bien qu'il n'y a pas de nucléaire militaire en Iran. La véritable raison, Trump l'a énoncée, je n'ai même pas besoin de procéder à des analyses. Il a évoqué :
1/ l'arme nucléaire, en sachant pertinemment que c'est une (accusation) mensongère ;
2/ les missiles balistiques (possédés par l'Iran) et le fait que l'Iran en fabrique ;
3/ le soutien de l'Iran au Hezbollah et au Hamas. Il l'a dit explicitement. C'est-à-dire la Palestine.
Cela signifie : « O l'Iran, mon problème avec toi n'est pas seulement le nucléaire, les missiles balistiques, leur portée, leur fabrication et leur nombre. L'un de mes principaux problèmes avec toi, c'est ton soutien pour les mouvements de Résistance dans la région. » Et lorsque Trump parle du Hamas, en vérité, il ne s'agit pas seulement du Hamas. C'est lui qui dit ‘Hamas'. Mais la République Islamique se tient aux côtés de l'ensemble du peuple palestinien et de tous les mouvements de Résistance en Palestine, et soutient tous ceux qui croient en le choix de la Résistance en Palestine. Tel est donc la (véritable raison des) pressions exercées contre l'Iran. « Si tu veux qu'on revienne à l'accord (sur le nucléaire), qu'on renonce aux sanctions, qu'on cesse de faire pression sur toi avec le taux de conversion de ta devise avec le dollar, qu'on permette aux compagnies européennes de continuer à investir en Iran et commercer avec toi (ô Iran), alors abandonne-nous la Palestine, détache-toi d'elle (et rentre dans le rang comme les autres). » Voilà pour le premier point.
Deuxièmement, la poursuite des pressions sur la Syrie, pour l'accaparer et l'épuiser. La Syrie se rapproche de la victoire. Bientôt, ils nous ressortiront le prétexte de l'arme chimique pour venir menacer, intimider et bombarder, et s'il n'y avait pas certaines craintes (côté américain), ils ne se seraient pas contentés de ce qu'ils ont frappé (la dernière fois). Les Etats-Unis veulent faire en sorte que les dirigeants syriens, le Président Bachar al-Assad, l'Etat syrien, l'Armée syrienne et le peuple syrien continuent à être drainés dans la bataille intérieure, afin de faire sortir la Syrie de cette équation (palestinienne).
Troisièmement, la poursuite des pressions sur les mouvements de Résistance dans la région et surtout au Liban. Ils nous avaient déjà infligé des sanctions bancaires, et maintenant, ils nous menacent de nouvelles sanctions du Congrès, ils menacent quiconque a des liens avec le Hezbollah, sur le plan financier, etc., etc. Vous connaissez l'étendue de cette question, nous en avons déjà beaucoup parlé (par le passé). Mais ce qui est plus dangereux encore, et cela faisait un moment qu'il n'y avait plus rien (de tel), c'est qu'aujourd'hui, on entend chaque jour des menaces de guerre contre le Liban, selon lesquelles s'il se passe telle ou telle chose, ils renverront le Liban à l'âge de pierre, etc., ce genre d'intimidations. Qu'est-ce que cela signifie ? Cela s'inscrit dans ce processus (de liquidation de la cause palestinienne), pour dire « Faites gaffe les Libanais, fais gaffe Hezbollah, soyez raisonnables, restez de côté. Ne vous mettez pas en travers de notre chemin en essayant d'aider les Palestiniens, de leur apporter soutien, support et assistance, sinon vous allez avoir toutes sortes de problèmes. » Donc il y a également les pressions sur le Liban.
Et dernièrement, le renouvellement du blocus contre les Palestiniens à Gaza au point de les affamer. Gaza aujourd'hui fait face à une situation de famine. Avec le temps, Gaza se rapprochera de la situation que vit le peuple yéménite. La situation à Gaza est difficile et (même) terrible à ce point. Viendra un moment où les gens n'auront plus de quoi s'acheter à manger. Et déjà, les gens n'ont plus de quoi s'acheter à manger. Qu'est-ce que cela signifie ? Soit on amène Gaza à se soumettre et à plier le genou par la famine, jusqu'à ce qu'ils se rendent et signent, soit on les mène à l'explosion intérieure. Et les dirigeants de la Résistance à Gaza ont (très) bien fait, car ils ont transformé les menaces d'explosion intérieure en opportunité via la Marche du Retour qui parviendra à son pinacle demain. Mais ce projet et cette vision (de liquidation de la cause palestinienne) se poursuivent.
Il en va de même avec les pressions exercées sur tous les Palestiniens : l'Autorité (palestinienne), l'Organisation de Libération de la Palestine, l'intérieur, l'extérieur, les réfugiés, les pressions morales, psychologiques, financières, le blocus, etc. Ce qu'on demande aux Palestiniens aujourd'hui, et nous en arrivons à la prise de position (requise), ce qu'on demande aux Palestiniens aujourd'hui, via le blocus, les pressions, la famine, la volonté de les faire plier et de les humilier, tout cela vise à obtenir leur signature. Cette signature vaut très cher, elle vaut (vraiment) très cher.
En plus de tout cela, à ce processus, s'ajoute toujours davantage de soutien des gouvernements arabes et du Golfe en faveur du projet américano-israélien d' « accord du siècle ». Cela s'inscrit également dans ce processus. Et pire encore, ce que font certains pays du Golfe, c'est deux choses.
La première chose, à laquelle j'ai déjà fait référence il y a quelques années, c'est la couverture religieuse et de jurisprudence (islamique), c'est-à-dire la justification religieuse de la reddition face à Israël. Vous voyez, lorsqu'Anouar al-Sadate est allé conclure un accord de paix (avec Israël), il s'agissait d'un Etat politique, d'un Président laïc qui concluait une paix avec Israël. Sadate ne lui a donné aucune couverture religieuse, islamique, de jurisprudence (musulmane), il n'a pas prétendu qu'il se conformait à la volonté de Dieu, du Prophète, et des compagnons du Prophète, non. Le plus qu'on ait pu entendre dans les discours d'Anouar al-Sadate, c'est qu'il a essayé de se prévaloir d'un verset coranique, en le récitant en dialecte égyptien (ce qui traduit un manque de déférence pour le Coran), « Et s'ils inclinent à la paix, alors incline-y. » (Coran, 8, 61). Fin de l'histoire. Le Roi Hussein (de Jordanie), lorsqu'il a officiellement conclu la paix avec Israël (au poste frontière de) Wadi Araba, il n'a pas ramené avec lui toutes les organisations religieuses en prétendant que c'était la volonté de Dieu, du Prophète, de la famille du Prophète, des Compagnons, ni, parce que c'est un roi hachémite (descendant du Prophète), que c'était la volonté des Banu Hachim, de nos ancêtres et aïeux, il n'a pas prétendu qu'ils agréaient cela, jamais de la vie. Il s'agissait (seulement) d'un Etat concluant un accord de paix.
Le grand malheur, comme je l'ai dit il y a quelques années, la grande calamité, c'est lorsque l'Arabie Saoudite s'engage sur cette voie. Tel est le grand malheur. Telle est la grande calamité. Car on verra alors le Grand Mufti, le Comité des grands savants, les grands savants, jurisconsultes, les muftis, les savants du hadith, les commentateurs du Coran, comme cela a déjà commencé, (on les verra justifier la reddition face à Israël au nom de l'Islam)... Que vient-on de voir ? C'est Mohammad Ben Salmane qui l'a dit, mais il en a d'abord parlé avec les Cheikhs. On a entendu ce propos : « O nos frères, ô les Arabes, ô les musulmans, vous vous trompez ! La Palestine est à eux, ô gens, ce sont les Juifs qui y ont droit. Ce sont les propriétaires légitimes. C'est la terre de leurs pères et de leurs ancêtres. Et c'est Dieu qui la leur a donnée. Et c'est le Coran qui le dit. » Regardez bien à quel point ils veulent égarer les gens. « C'est le Coran qui dit cela. » Et ils citent des versets du Coran en guise de preuve.
Un imbécile du Golfe qui se prend pour un grand penseur stratégique — je l'ai vu à la télévision — a déclaré : « Israël a été mentionné 38 fois dans le Coran, mais le mot ‘Palestine' n'est pas mentionné dans le Coran. Par conséquent, qui est-ce qui est dans son bon droit ? La Palestine est aux Juifs. Vous n'avez pas votre mot à dire. Ca suffit, rendez la terre à ses propriétaires légitimes ! » Et maintenant, qu'entend-on de notre côté ? Voyez donc, maintenant que l'Arabie Saoudite s'en mêle (ouvertement), ce serait la religion, le Coran, l'Histoire et la promesse divine qui auraient octroyé (la Palestine) aux Juifs. Et par conséquent, nous autres musulmans, avant 1948, et durant des centaines d'années, aurions usurpé la Palestine, en aurions privé ses propriétaires légitimes, et nous devrions donc nous en excuser auprès d'eux et également les indemniser. Et Mohammad Ben Salmane est prêt à verser ces indemnités. Voilà ce qui se passe actuellement.
Lors d'un entretien avec un grand savant sunnite, je lui ai dit : « Si quelqu'un a des relations en Arabie Saoudite, qu'il leur dise ‘O mes frères, celui qui est entré en Palestine et a libéré Al-Quds (Jérusalem), la faisant entrer dans le grand Etat islamique, c'est le deuxième calife Omar Ibn al-Khattab (vénéré par les sunnites). Faites donc attention (à ce que vous dites). Qui est-ce qui aurait ‘occupé' la Palestine (selon vous), privé (les Juifs) de leurs droits (sur cette terre) et leur aurait ôté ce droit historique ? » Mais malheureusement, nous sommes maintenant arrivés (à entendre) que ce serait leur droit historique. J'ai entendu l'un des grands (savants) en Arabie Saoudite déclarer à la télévision que nous devons reconnaitre que tout comme La Mecque est une ville sainte pour les musulmans, de même que Médine est une ville sainte et qu'elle nous appartient, Al-Quds (Jérusalem), la Maison de la Sainteté, est une ville sainte pour les Juifs et doit leur être remise, avec respect, humilité, générosité. Cette ‘générosité arabe', qui ne se manifeste qu'envers l'ennemi.
Ce premier point est pire (que ce qu'ont fait l'Egypte et la Jordanie). Et la deuxième chose qui est pire (que cela), c'est que les pays du Golfe, menés par l'Arabie Saoudite, dirigent la région contre un ennemi qu'ils ont façonné de toutes pièces, et à une guerre qu'ils veulent pousser le monde à lui déclarer, à savoir l'Iran. Ces gouvernements sont prêts à payer les Etats-Unis des centaines de milliards de dollars pour qu'ils viennent mener une guerre contre l'Iran, loin de (toute considération) pour la Palestine et la cause palestinienne. Cela fait partie du processus en cours.
(Quelle est donc) la position (que nous devons prendre face à tout cela) ? Afin d'être réalistes, et de tirer profit (des expériences) de 1948 à ce jour, depuis 70 ans, ainsi que de notre expérience au Liban. O peuple Palestinien, ô peuple Libanais, ô peuple Syrien, ô peuples de la région, ô peuple Iranien — car il se trouve maintenant au cœur du défi —, tous les peuples de la région. Compter en quoi que ce soit sur le droit international, les institutions internationales, les organisations internationales, est un propos vide de sens. Plus que ça. Compter en quoi que ce soit sur les régimes arabes, dans leur grande majorité, est un propos vide de sens. Je parle de notre expérience et de l'expérience des Palestiniens. Sur quoi faut-il compter, en bref ? Sur la position de nos peuples, la position de certains pays et la position des mouvements de Résistance. Voilà ce qui apporte un résultat, et voilà ce qui change l'équation (en notre faveur). Je ne parle pas pour donner de l'espoir. Je ne fais que rappeler ce que nous enseignent les expériences, à savoir que l'espoir est ouvert devant nous, et de manière très grande.
Aujourd'hui, une position est nécessaire dans deux endroits.
Le premier, ce sont les Palestiniens. Actuellement, il n'est pas nécessaire que le Palestinien lance une guerre, ni qu'il lance une Intifada armée, ni rien de tout cela. Ce soulèvement populaire qui est attendu de lui, même s'il ne le réalise pas, une seule chose est demandée de lui, qui suffira à repousser l' « accord du siècle ». Bien sûr, aujourd'hui les Palestiniens manifestent, et ils manifestent depuis des semaines, cela détruit et annihile (complètement) l' « accord du siècle » (et ne fait pas que le repousser). Mais il y a une chose de base qui empêche l' « accord du siècle » d'être réalisé, même si le monde entier est unanime à son sujet, qu'une décision du Conseil de Sécurité de l'ONU (le valide), c'est qu'aucun Palestinien ne le signe. Que ni le Président de l'Autorité palestinienne, ni le Président de l'OLP, ni le Fatah, ni le Hamas, ni le Jihad (Islamique), ni qui que ce soit le signent. Qu'aucun Palestinien qui se présente au monde comme le seul représentant légitime du peuple palestinien ne signe cet accord. S'ils ne signent pas, il ne se passera rien du tout. Israël a occupé la Palestine, et en plus le Golan, ainsi qu'une partie du Liban, et les fermes de Cheba'a jusqu'à présent, mais que Dieu en fasse advenir le meilleur, (car) la cause est restée vivante, les mouvements de Résistance se sont élargis, et sont devenus plus puissants et plus déterminés (que jamais), et la conscience de la Communauté (musulmane) a grandi. Du côté des gouvernants, rien n'a changé, si ce n'est qu'ils ont ôté leur masque, mais leur essence et leur réalité n'ont pas changé, telle est leur réalité depuis des décennies. Par conséquent, la principale position (requise), de laquelle découle la deuxième position, est que les Palestiniens ne signent pas. Et même si mille Trump, mille Netanyahou et mille Mohammad Ben Salmane s'y évertuaient, ils ne pourraient jamais imposer au peuple palestinien la liquidation de la cause palestinienne.
Et le deuxième endroit est l'Axe de la Résistance : la République Islamique d'Iran, la République Arabe Syrienne, au Liban (le Hezbollah), en Irak, au Yémen, nos peuples dans la région, du Bahreïn à l'Afrique du Nord, à la Tunisie, à l'Egypte, etc., etc. L'Axe de la Résistance, avec ses pays, ses partis (mouvements) et ses peuples, doit rester ferme, endurant, ne pas s'incliner, ne pas plier le genou, ne pas se rendre, même si on le soumet à des sanctions, à un blocus, même si on fait chuter le cours de sa devise, même si on lui prolonge la guerre en Syrie et au Yémen, même si on opprime et emprisonne (ses membres et partisans). Il doit rester fermement attaché à ce droit et ne rien céder, et voilà tout ce qui est demandé pour qu'on franchisse cette étape (avec succès). Et nous pouvons franchir cette étape.
En 1996, le monde entier s'est réuni à Charm el-Cheikh, le monde entier, et il était dit à cette époque que le règlement (de la question palestinienne) était terminé, que la question palestinienne était finie, et le monde a fait un choix définitif, mais grâce à la bataille qui a eu lieu au Liban et en Palestine, ainsi qu'à l'endurance de la Syrie et de l'Iran, ce qu'on a prétendu comme se trouvant « à deux portées d'arc, ou plus près encore » (Coran, 53, 9), soit la fin de la question palestinienne en 1996, tous (ces espoirs) ont volé en éclats, et nous sommes maintenant en 2018.
Le projet actuel, comme disent certains — ce ne sont pas mes propos, mais je les emprunte —, ce projet repose sur les trois sommets d'un triangle : Trump, Netanyahou et Mohammad Ben Salmane. Il suffit que l'un de ces trois tombe pour qu'en toute vraisemblance, l'ensemble du projet tombe, si je ne veux pas être catégorique. Mais ces trois-là, du point de vue du réalisme politique, (sont en sursis). Trump est vacillant aux Etats-Unis, du fait des scandales, des problèmes, etc., on ne sait pas où il mène le monde et où il mène les Etats-Unis dans leur situation intérieure. Netanyahou également, avec les dossiers de corruption qui pèsent (lourdement) sur lui, et il essaie de se renforcer par des réussites politiques pour se sauver de tous les dossiers de corruption. Quant à Mohammad Ben Salmane, Dieu seul sait ce qui se passe en Arabie Saoudite (conflits dynastiques et personnels, rumeurs de blessure grave ou d'assassinat, etc.). Quoi qu'il en soit, que Dieu fasse advenir le meilleur. Après le Roi Salmane, on verra ce qui se passe. Il n'y a aucun membre parmi ces trois dont les pas soient fermes, solides, stables et enracinés à son poste.
Et j'ajoute à cela que tous leurs projets dans la région sont tombés et ont échoué, et ils ont vainement gaspillé leurs ressources, leurs alliés et leurs instruments. Et aujourd'hui, l'Axe de la Résistance est plus fort que jamais. Et après ce qui s'est passé en Syrie il y a quelques jours, et ce qui se passe aujourd'hui à Gaza, je vous déclare ceci : ô mes frères et sœurs, n'écoutez pas tous ces... Aujourd'hui, mon cœur est plus fort sur ce point. N'écoutez pas toutes ces intimidations et menaces israéliennes de guerre, ces (prétentions selon lesquelles) ils vont réaliser et accomplir (telle et telle chose contre nous), (nous) faire trembler et (nous) ébranler, mettre le monde sens dessus dessous. Dans la très grande majorité, toutes (ces rodomontades) sont, pour moi comme pour d'autres, nous en avons parlé avec mes frères, j'ai la conviction que ce sont des paroles vaines, des menaces dans le vent. Cet Israël, s'il y a quelqu'un qui a plus peur d'entrer en guerre que tous les autres dans cette région, c'est bien Israël. Et on sait bien que celui qui a très peur crie plus fort, menace, bombe le torse, montre les muscles et insulte, pour que personne ne s'approche de lui. Mais dès qu'on s'approche de lui, il fuit à toutes jambes. Dès qu'on s'approche de lui, il va se terrer dans son trou.
Nous avons de très grands espoirs. Nous avons de très grands espoirs. Nous avons de (vrais) hommes au Liban et dans toute la région, semblables au martyr Moustafa Badreddine, le commandant martyr (du Hezbollah), courageux, résolu, lucide. Nous avons beaucoup d'hommes comme le Hajj Imad Moghniyeh (commandant martyr du Hezbollah), parmi ses frères et compagnons d'armes. Nous avons des savants, des dirigeants, des grands (hommes), des personnalités, des générations entières. Et je connais bien nos nouvelles générations. Nos nouvelles générations ont encore plus d'enthousiasme, d'impulsion et de préparation au martyre. Il n'y a aucun recul à ce sujet, malgré tout ce qu'ils font (pour la pervertir) : les réseaux sociaux, les jeux, l'engourdissement, la corruption morale, les drogues. Notre nouvelle génération est plus forte que cela et plus forte que les générations précédentes. C'est pourquoi (nous ne sommes pas pessimistes), et tous les espoirs nous sont permis. Il nous suffit de persister, de rester fermes et de maintenir cette position. [...]
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