Interview du Secrétaire Général du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, le 3 janvier 2018, par la chaîne Al-Mayadeen. Extrait traduit en soutien au Centre Zahra. Source : Al-Mayadeen Traduction : http://sayed7asan.blogspot.fr Soutenez ce travail et abonnez-vous à la Page Facebook et à la chaine Vimeo pour contourner la censure. Transcription : [...] Journaliste : Y a-t-il eu de telles tentatives d'entrer en relation avec vous (le Hezbollah) de la part de l'administration Trump ?
Hassan Nasrallah : Nous avons catégoriquement rejeté toutes les propositions de coopération des Etats-Unis (de la part des administrations Bush et Obama).
Journaliste : Et de la part de l'administration Trump en particulier, y a-t-il eu des tentatives (de rapprochement) ?
Hassan Nasrallah : Non, je ne crois pas. Pour être précis, la dernière tentative a eu lieu après l'élection de Trump, mais avant sa prise de fonction.
Journaliste : Après les élections.
Hassan Nasrallah : Il y a eu de telles tentatives avant, l'année d'avant et durant les années précédentes, mais la dernière tentative a eu lieu après l'élection de Trump mais avant qu'il prenne ses fonctions.
Journaliste : Durant cette dernière tentative, ont-ils répété les mêmes demandes (que sous Bush : aidez-nous face à Al-Qaïda, abandonnez la Palestine et on vous retirera de la liste des organisations terroristes, on vous donnera le pouvoir au Liban et beaucoup d'argent) ?
Hassan Nasrallah : Non, les détails n'ont pas été abordés cette fois-ci. C'est avec Dick Cheney (que des propositions explicites ont été faites pour rallier le Hezbollah suite au 11 septembre).
Journaliste : Quelle était la raison de cette dernière tentative ?
Hassan Nasrallah : Dans leur dernière tentative, ils ont dit qu'ils voulaient s'asseoir avec nous et discuter, et qu'on pouvait s'entraider. Ils voulaient œuvrer sur la même idée ancienne de l'ennemi commun, selon laquelle Daech et les forces takfiries seraient notre ennemi commun.
Bien sûr, dans notre réponse (succincte), nous leur avons dit que Daech n'est pas notre ennemi commun, mais que c'est un ennemi pour nous (seulement). Daech est l'ami et l'allié des Etats-Unis, et Trump (lui-même) a déclaré pendant une année que c'est Obama et Clinton qui avaient créé Daech.
Journaliste : Eminent Sayed, on parle actuellement de pays européens qui ont essayé d'entrer en contact avec vous. Il se dit que ces discussions ont été couronnées de succès, que vous avez reçu des délégations de pays européens pour les aider à combattre le terrorisme, qu'ils veulent certains noms (de leurs ressortissants ayant rejoint Daech), etc.
Hassan Nasrallah : C'est vrai.
Journaliste : Pouvez-vous nous dire quels sont ces pays ?
Hassan Nasrallah : Non, ce ne serait pas correct, car il a été convenu de ne pas le révéler publiquement. Donc je ne peux pas le divulguer. Mais il s'agit de plusieurs pays d'Europe (de l'Ouest). Et tu sais que l'Union européenne a placé l'aile militaire (du Hezbollah) sur la liste des organisations terroristes.
Journaliste : C'est exact.
Hassan Nasrallah : Mais du fait des besoins sécuritaires en Europe, ils nous ont contactés (pour obtenir notre aide). Et pour détendre l'atmosphère, je peux te dire que durant l'une des rencontres avec un responsable européen, j'ai envoyé des frères pour le rencontrer. Bien sûr, nous n'avons pas des colonels ou des capitaines comme les armées classiques, nous appelons tous nos commandants « Hajjs »... Journaliste : Ce responsable parlait français ou allemand ? Hassan Nasrallah : Pardon ?
Journaliste : Ce responsable parlait français ou allemand ?
Hassan Nasrallah : Il parlait une langue européenne. Et j'ai donc demandé à ces jeunes (commandants du Hezbollah) de déclarer immédiatement à ce responsable, dès le début de la rencontre : « Je suis le Hajj untel, et voici le Hajj untel. Nous appartenons à l'aile militaire du Hezbollah. » Cela pour bien faire comprendre qu'ils n'étaient pas de l'aile politique du Hezbollah, et que ce responsable était donc assis avec des membres d'une organisation que l'Union européenne elle-même désignait comme terroriste, ce afin de confirmer que nous ne sommes pas une organisation terroriste. Au contraire, nous sommes prêts à coopérer même avec vous (les alliés occidentaux de Daech et d'Israël), pour empêcher que des maux frappent n'importe quel peuple du monde, même vos peuples.
Journaliste : Vous avez coopéré avec eux ?
Hassan Nasrallah : Oui, il y a une coopération entre nous.
Journaliste : Avec des pays européens ?
Hassan Nasrallah : Bien sûr, nous parlons (uniquement) d'une coopération sur le plan du renseignement. S'il y a des données ou des informations en notre possession ou entre leurs mains, nous n'avons aucun problème à coopérer là-dessus.
Journaliste : Très bien. [...]
Voir en ligne : https://www.agoravox.tv/IMG/jpg/Hassan-Narallah-1.jpg