Georges Simenon : Un internationaliste méconnu, par Guillaume Berlat

Source : Proche & Moyen-Orient, Guillaume Berlat, 19-03-2018
« Quelle que soit la chose qu’on veut dire, il n’y a qu’un mot pour l’exprimer, qu’un verbe pour l’animer et qu’un adjectif pour la qualifier » nous rappelle Guy de Maupassant. Rares sont les écrivains qui possèdent ce don de donner vie à leurs personnages. Georges Simenon est d’abord et avant tout « peintre et témoin »1. Les romans de ce petit liégeois désargenté et inconnu (1903-1989), qui débarque à Paris le 11 décembre 1922, voient défiler des galeries de portraits que n’aurait pas désavouées La Bruyère dans ses célèbres Caractères. Policiers, magistrats, truands, concierges… en sont la trame. Mais au fil de ses romans « quintessentiels », d’autres personnages constituent l’environnement social de l’action. Georges Simenon écrit, ne cherche pas à expliquer tout en nous donnant des clés de lecture indispensables pour résoudre des énigmes policières ou diplomatiques. Le romancier s’efface parfois devant le journaliste et le reporter.
En effet, et ceci est moins connu du grand public, dès 1928, le journaliste Georges Simenon effectue de très nombreux reportages en France, en Europe mais aussi entreprend un tour du monde entre 1931 et 1935. Dans ses récits de voyages en Afrique, Europe, Amérique, Océanie, récits qualifiés de « Romans du monde », il ausculte le monde de l’entre-deux-guerres à la manière d’un médecin. Avec humilité et objectivité, il cherche à comprendre les spasmes qui l’agitent. Pour tenter d’y parvenir, il utilise une méthode originale. Il va à la rencontre des peuples, des hommes et, souvent, des diplomates qui apparaissent au détour de ses romans ou en fournissent, parfois, le sujet essentiel. C’est à ce voyage initiatique à la rencontre des autres, à la recherche de « l’homme nu », en quête des diplomates représentants tous les États que nous convie Georges Simenon dans son incessante soif de compréhension du monde agité d’hier, voire d’anticipation du monde incertain et imprévisible de demain.
À LA RENCONTRE DES AUTRES2 : L’ÂME DES PEUPLES3
A l’occasion de son tour du monde en quatre ans, Georges Simenon privilégie une méthode pragmatique pour appréhender un monde porteur d’incertitudes.Lire la suite

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