Source : Proche & Moyen-Orient, Guillaume Berlat, 01-05-2017
« Ma foi, sur l’avenir bien fou qui se fiera : tel qui rit vendredi, dimanche pleurera » écrivait déjà au XVIIe siècle Jean Racine dans Les Plaideurs. Bien malin qui pourrait dire quelle sera effectivement la politique étrangère du candidat à l’élection présidentielle du mouvement En Marche, Emmanuel Macron. En effet, il ne faut pas être grand clerc pour imaginer qu’il a toutes les chances de succéder à François Hollande à la présidence de la République le 7 mai prochain. Force est de constater qu’il est resté relativement flou, évasif sur sa doctrine internationale pendant la campagne électorale1. Dans cette atmosphère de « macromania » qui s’est emparée des faiseurs d’opinion, de la pensée « mainstream », il est toujours difficile de séparer le bon grain de l’ivraie. À défaut d’être pleinement informé et renseigné par ses prises de position publiques, essayons d’imaginer ce que le futur président Emmanuel Macron pourrait adopter comme lignes directrices sur le plan international, étant entendu que « son niveau est celui d’un lecteur de la presse »2 ? Mais auparavant, revenons aux caractéristiques d’une authentique politique étrangère, et de son corollaire la diplomatie, pour cadrer les termes du débat sur un plan théorique.
LES CARACTÉRISTIQUES D’UNE AUTHENTIQUE POLITIQUE ÉTRANGÈRE
Distinguons la politique étrangère de la diplomatie, concepts que le commun des mortels confond le plus souvent, sans parler des pseudo-experts !
Les fondements de la politique étrangère : le cap. Traditionnellement, une politique étrangère, digne de ce nom, se caractérise par quatre éléments principaux : un socle conceptuel, une stratégie, une tactique et des moyens. Une authentique politique étrangère se reconnaît à sa déclinaison en termes clairs, compréhensibles par tous : « Une politique qui veut en être une ne se satisfait ni des velléités, ni des équivoques »3. Elle s’impose par le bon sens de ses évidences et la logique de son raisonnement. Rien ne la menace plus que de varier au gré de ses points d’application et des circonstances. Elle doit se méfier des impatiences, répugner aux abstractions, aimer les desseins précis. Tels sont résumés les fondamentaux de la politique étrangère, ne variatur. En un mot, le contraire de ce qu’aura été celle de François Hollande de 2012 à 20174. Une question légitime se pose : quelle devrait être celle de son successeur ?5 Il faut espérer que la politique extérieure d’Emmanuel Macron ne lui soit pas trop étrangère. Il faut espérer que le nouveau président parvienne rapidement à redéfinir la place de la France dans un monde en pleine recomposition.Lire la suite
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