En mal de contenu, Envoyé Spécial s’en prend au Cercle des Volontaires avec des arguments vides de sens

Retour sur l’émission d’Envoyé Spécial
Françoise Joly et Guilaine Chenu, s’apprêtant à lancer le reportage sur « la réinformation » et les « théories du complot ». L’information alternative en ligne de mire ?
Un an après les funestes évènements du 7 janvier 2015, la rédaction du magazine d’informations de France 2 Envoyé Spécial a jugé bon de consacrer une émission complète aux attentats qui ont frappé la France. Le Cercle des Volontaires a eu la piquante surprise d’être intégré à cette première grand-messe mémorielle en raison de son appartenance supposée au club (de plus en plus étendu…) des « adeptes du soupçon ». Précisons que le journaliste Paul Sanfrouche, à l’origine du reportage, nous avait parlé d’un travail sur la « désaffection des français pour les médias traditionnels et l’essor des médias alternatifs ». Sans commentaire…
De manière malheureusement prévisible, le montage final des nombreuses heures de rush enregistrées par les journalistes de France 2 sur une durée de 5 jours en notre compagnie n’a manifestement pas vocation à provoquer un débat quel qu’il soit. Si Paul Sanfourche s’en prend à Hicham Hamza sans même avoir pris la peine de le rencontrer, alors qu’il prétend lui reprocher cette méthode, ses critiques semblent s’essouffler bien rapidement lorsqu’il est question de se confronter à la réalité du travail de terrain. Il semblerait donc que la plupart des sujets abordés lors de ses rencontres avec des membres du Cercle des Volontaires se soient avérés trop sensibles pour être évoqués dans ce reportage.

Que nous est-il reproché en substance ? 

  1. La question de notre micro-trottoir est jugée trop« complexe » pour le bas peuple auquel nous la destinons.
  2. Nous qualifions de « mainstream » les médias de masse subventionnés.
  3. Nous abordons des questions concernant le 11 septembre qui sont visiblement problématiques pour ces journalistes.
  4. Nous sommes « très critiques » envers la politique de l’état d’Israël, ce qui est manifestement interdit.
  5. Nous entretenons des relations avec des délégations elles-mêmes en lien avec des personnalités politiques que ces journalistes s’interdiraient visiblement d’interroger…

Par ailleurs, Paul Sanfourche est à l’origine de deux approximations que nous qualifierons d’erreurs par politesse :
Concernant les membres de la délégation syrienne mentionnée, Raphaël déclare: « je pars avec une délégation de citoyens très diverse, il y a des politiciens, des journalistes, de simples citoyens, des intellectuels ». 25 secondes plus tard, P. Sanfourche s’exclame avec la perspicacité d’un apprenti détective: « de simples citoyens, pas exactement ». Comme si on ne venait pas de lui dire que des politiciens accompagnaient la délégation… Difficile de ne pas voir dans ce type d’anti argument une insulte à l’intelligence des téléspectateurs.
Moins d’une minute plus tard, P. Sanfrouche déclare : « Laurent Louis va même jusqu’à dire que la guerre en Syrie est un mensonge orchestré depuis le 11 septembre 2001 ». Malheureusement pour lui, les sous-titres de l’interview dont il est question affichent alors les propos exacts de Laurent Louis : « Il faut savoir que la guerre du mensonge qui sévit en Syrie n’a pas débuté en 2011. Elle a débuté le 11 septembre. »
Ariel Wizman avait déjà fourni un montage pour le moins orienté du long entretien que Raphaël Berland lui avait accordé le 22 janvier 2014
Là où nous nous employons, dans les entretiens et les débats que nous produisons bénévolement, à fournir un montage se rapprochant tant que faire se peut des conditions du direct, nos détracteurs usent à foison des artifices leur permettant de reconstruire a posteriori ce qu’ils voulaient nous faire dire au départ. La technique n’est pas nouvelle. Elle avait déjà été éprouvée, de manière bien plus fallacieuse, par l’équipe de la nouvelle édition de Canal +, qui avait pris soin de transformer un entretien d’une cinquantaine de minutes en une somme incohérente et pour le moins orientée d’une centaine de secondes. Nous nous étions alors amusés à renverser la donne, en montrant qu’un montage symétrique pouvait tout aussi bien servir à retourner les obsessions dont Ariel Wizman nous soupçonnait contre lui-même.
Ingrid Brinsolaro et Maryse Wolinski ont interrogé la responsabilité des autorités concernant l’assassinat de leurs maris le 7 janvier 2015. Plutôt que de répondre, l’État français a pris la décision d’ignorer leurs questions. Envoyé Spécial pour sa part, préfère fustiger les « adeptes du soupçon » plutôt que de chercher des réponses aux questions légitimes.
Étant données les prétentions à l’investigation avancées par Envoyé Spécial et au vu de la thématique annoncée (qui ne nous avait pas été révélée lors des entretiens), on était en droit d’attendre de cette émission ce que l’on n’attendait guère d’Ariel Wizman. A savoir, qu’y soient posées les questions relatives aux innombrables contradictions internes et autres incohérences émanant des milliers de procès-verbaux des enquêtes concernant Charlie Hebdo et le Bataclan ; que soient interrogées les responsabilités personnelles de François Hollande, de Manuel Valls, de Bernard Cazeneuve, ou le manque de moyens des services de police, de protection ou de renseignement, comme cela avait pourtant été entamé dans leur émission du 18 mars 2015, dans laquelle on apprenait que le garde du corps de Charlie Hebdo Franck Brinsolaro avait mis ses services en alerte contre l’imminence de la menace.
« La population profondément marquée par ces attaques », selon l’expression de l’équipe de rédaction du magazine, n’a de cesse de se poser ces questions. Nombre de voix discordantes au sein même des familles des victimes, parviennent enfin à se faire entendre à ce sujet, et ce malgré les efforts édifiants déployés par le gouvernement pour les étouffer. Ingrid Brinsolaro et Maryse Wolinski parmi tant d’autres, ont témoigné avec courage de ces tentatives. Peut-être aurait-il été plus digne du service public de produire une investigation poussée concernant ces questions, plutôt que de débourser l’argent du contribuable dans ce reportage sans contenu… Au final, ce reportage placé comme un cheveu sur la soupe dans une émission dédiée aux attentats s’avère à l’image des commémorations du 11 janvier : vide de sens.
Galil Agar & Nico Las (TDH) 
 
 
 
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