Elections en Suède – la droite "radicale" en pleine ascension

Elections en Suède – la droite "radicale" en pleine ascension La parti anti-immigration, les Démocrates de Suède (Sverigedemokraterna - SD) arriveraient en deuxième ou troisième position lors des prochaines élections en Suède avec environ 20% des suffrages, au coude à coude avec le parti des Modérés (conservateurs), les sociaux-démocrates du sortant Stefan Löfven étant en tête. Ce parti dirigé par Jimmie Akesson est né en 1998 dans un contexte de périphéries en voie de désindustrialisation et de recul des services sociaux (fermeture d'écoles, de maternités, etc.). Comme de nombreux mouvement de droite dite extrême en Europe, il a alors beaucoup séduit les jeunes. Faisant figure d'épouvantail pour une majorité de Suédois le SD ne pourrait néanmoins pas bénéficier d'une éventuelle coalition. En revanche des accords locaux sont en train de se mettre en place entre chrétiens-démocrates et SD. Les sociaux-démocrates de Stefan Löfven crédités de 24-25% dans les sondages sont sous pression et en net recul (1 électeur perdu sur 4 depuis le dernier scrutin) mais devraient selon toute vraisemblance rester le premier parti de Suède. A l'échelon national, le bloc de gauche-écologistes (sociaux-démocrates, parti de gauche et écolos) devancerait donc l'alliance de droite (conservateurs, libéraux, centristes et chrétiens-démocrates) et le poste de 1er ministre devrait donc se disputer entre Ulf Kristersson (parti des Modérés, tendance conservateurs) et le sortant Löfven. Une évolution conforme au reste de l'Europe En 2010, ce parti qui fit son entrée au parlement monocaméral, ne rassemblait alors que 5,7% des voix. Mais en 2014, il fit mieux que doubler son score précédent (12,9%) avec cette fois-ci 39 sièges obtenus sur 349. Björn Söder devint alors l'un des trois vice-Président du parlement. Dans un contexte d'un creusement des inégalités sociales (le plus important des pays de l'OCDE) et une remise en question d'une politique migratoire jugée de plus en plus déraisonnable (300 000 demandeurs d'asile en plus depuis 2015 pour un pays de seulement 9,5 M d'habitants ! 400 000 depuis 2012 soit 1 personne pour 25 habitants, soit le record absolu en Europe), le SD a le vent en poupe et pourrait bien de nouveau faire un bond spectaculaire le 9 septembre prochain. Il faut néanmoins tenir compte que les 20% probables du SD n'ont en réalité pas progressé depuis la crise migratoire de 2015 : en consultant l'historique des sondages, on peut constater que ces 20% étaient déjà atteints en 2015 et depuis lors ce score n'a fait qu'osciller entre 15 et 24%. Ce n'est donc pas une augmentation soudaine des derniers mois mais plutôt un maintien dans le temps. A ce titre on peut comparer avec l'évolution d'autres partis (un plancher atteint il y a quelques années mais un plafond qui semble difficile de dépasser au-delà des 22%) Il faut également tenir compte d'un contexte économique favorable avec un chômage contenu à seulement 7%, une croissance record de 3% et un excédent budgétaire. Voici leur clip de campagne (activez les sous-titres pour une traduction en Anglais) : Malgré de bons indicateurs économiques, la grogne monte face aux défis évidents d'intégration des nouveaux arrivants. Le gouvernement de Löfven a été forcé ces deux dernières années de resserrer les critères d'accueil. Löfven clame désormais vouloir mener une politique migratoire en conformité avec l'aspiration des Suédois... comprendre par là, que face aux légitimes interrogations, aux évidentes difficultés (existence de « quartiers sensibles » comme on dirait chez nous, faits divers sordides, émeutes, etc.), il est, à l'instar d'autres dirigeants européens, bien obligé de tenir compte de l'opinion. Akesson, un parcours typique de l'ère du temps J. Akesson est en entré en politique via les Modérés (centre droit) mais déçu par leur politique libérale et le soutien à l'adhésion à l'UE il s'en écartera rapidement. Le jeune député rejoint alors le SD dont la colonne vertébrale est un euroscepticisme et une opposition à l'immigration qu'il lie à la hausse de criminalité. S'il écartera plusieurs des membres en faisant une politique de tolérance zéro vis-à-vis du racisme de ceux-ci (il saluera d'ailleurs Marine Le Pen pour avoir systématiquement écarté les membres du FN jugés racistes). Les médias n'ayant pas grand chose à reprocher à Akesson, c'est sur une affaire privée de jeu – le seul vice que l'on connaît chez ce gendre idéal – qu'ils feront leurs choux gras : Akesson aurait misé 50 000 € sur des sites de casino en ligne, une « affaire tout à fait privée » pour le leader du SD. Akesson mène surtout une politique de dédiabolisation de son parti depuis une vingtaine d'année qui est en train de porter ses fruits. Récemment il a abandonné l'idée d'un « Burka ban » (une idée lancée par le gouvernement Danois pour lutter contre le voile intégral) expliquant en février dernier qu'il était davantage « favorable à limiter la capacité des parents à imposer aux enfants le port de vêtements religieux dégradant limage des filles ». Il expliquait déjà en 2015 « qu'il n'y a aucun doute que de nombreux membres de mn parti sont favorables à une interdiction complète du voile intégral (…) mais la question est plus complexe qu'une simple réponse « oui » ou « non » ». Ce mois-ci le SD a mis la question de la double-nationalité sur le devant de la scène : elle concerne, entre autres, de nombreux Finlandais (même s'ils ne sont pas le problème puisque le SD ne s'opposerait pas au maintien d'une double-nat pour les ressortissants des pays scandinaves) ayant émigré en Suède et voici la position du SD résumée par Paula Bieler (porte-parole du SD pour les questions migratoires) : « La citoyenneté devrait fonctionner sur le principe d'une nationalité unique. Quelqu'un qui acquiert la nationalité suédoise devrait renoncer à son autre nationalité et inversement. Nous sommes favorables à ce principe simple basé sur le fait que vous êtes un citoyen de part la loyauté et la nationalité à votre nation. Voilà notre principe directeur en tant que parti nationaliste, avec la foi en notre état national ». Outre le cas des quelques 100 000 Finlandais ayant la double-nationalité pour des raisons historiques évidentes, il concerne également près de 135 000 Syriens, 100 000 Iraniens, 54 000 Polonais, 30 000 Allemands, etc. Rappelons au passage que seuls 3 pays refusent la double-nationalité (le voisin Norvégien, l'Autriche et les Pays-Bas). Pour le SD, la double-nationalité devrait être abandonnée. Bien entendu, pour le Ministre des affaires publiques, le social-démocrate Ardalan Shekarabi, c'est tout simplement impensable. SD et réseaux sociaux Le Responsable de Communication du SD, Joakim Wallerstein, epliquait il y a quelques mois : « Les médias sociaux sont depuis lngtemps un canal privilégié pour notre com. Il fût un temps où nous n'avions pas de moyens financiers, aucune publicité dans la presse. Voilà ce qui explique notre présence sur les réseaux sociax. Nous pouvons répondre immédiatement et obtenir des « feedback » [NDA : désolé, je n'ai pas de mot en Français pour traduire] dans la foulée. » Plusieurs experts des médias tempèrent néanmoins ce succès : le SD est le seul parti a sous-titrer en anglais ses publications et le succès électoral ne se joue au nombre de like et de partages [NDA : un certain micro-parti français en sait quelque chose...]. Assurément le SD est le parti le plus performant sur les réseaux sociaux mais il est aussi conscient que ceux-ci ne remplaceront pas de sitôt les rencontres physiques (meetings). C'est en substance ce qu'explique Helen Salomonson, Directrice de communication du parti. Le SD va-t-il traduire dans les urnes cette bonne santé numérique ? Réponse dans une dizaine de jours.
Voir en ligne : https://www.agoravox.tv/IMG/jpg/Jimmie_Akesson.jpg

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