En pleine commission des Finances, la députée Marie-Christine Dalloz passe au crible les dépenses du Premier ministre et de son cabinet. Elle dénonce un manque de transparence. (Brut, 29 octobre 2018, 3:03)
Les dépenses du Premier ministre et de son cabinet passées au crible, par Marie-Christine Dalloz, rapporteure spéciale (LR, Les Républicains) de la commission des Finances, qui en profite pour dénoncer un manque de transparence... « J'ai souhaité faire cette année un focus sur les dépenses du Premier ministre et de son cabinet. Alors que tous les ministres se voient imposer une réduction drastique de leur cabinet, les effectifs du cabinet du Premier ministre s'élèvent à 496 équivalents temps plein : 69 membres du cabinet, 427 personnes chargées des fonctions support. » Dans les autres cabinets ministériels, le nombre de temps pleins est autour de 60 personnes, soit huit fois moins qu'au cabinet du Premier ministre. A l'Elysée, ils sont deux fois plus, autour de 850 personnes. « Les dépenses de personnels sur le programme 129 (dépenses des services du Premier ministre) s'élèvent à 19 millions d'euros, alors qu'elles ne comprennent que la moitié des effectifs, les autres personnels étant mis à disposition par différents ministères. Ils sont répartis dans cinq hôtels particuliers du 7 ème arrondissement de Paris dont les dépenses hors loyer atteignent 4,4 millions d'euros par an. A cela s'ajoutent des frais de représentation, 70 000 euros, des frais de déplacement, 4,1 millions d'euros, dont 3 millions pour les vols ETEC (avions gouvernementaux). » A l'Elyséee les budgets de déplacement s'élèvent à 8 millions d'euros, soit le double.
Les autres cabinets ministériels ont des frais beaucoup moins élevés car ils n'utilsent pratiquement que le train. « Et des dépences d'intendance de 2,3 millions d'euros, qui ne comprennent que les produits alimentaires, les prestations hôtelières et les vêtements. » Les frais d'intendance des autres cabinets ministériels s'élèvent à environ 300 000 euros, soit 7 à 8 fois moins que le cabinet du Premier ministre. A l'Elysée, les frais d'intendance prévus sont de 2,6 millions d'euros. « La seule tournée en Nouvelle-Calédonie de novembre 2017 a coûté 816 744 euros. En outre, 4 personnes assurent la gestion de la résidence de villégiature de Souzy-la-Briche dans l'Essonne. Tout cela représente des sommes non négligeables, dont on peut interroger le bien fondé.
Je déplore avant tout le manque de transparence sur ces dépenses, d'autant plus lorsque l'on compare avec les prévisions de dépenses du président de la République. C'est ce manque de transparence qui crée la suspicion et alimente les scandales hautement préjudiciables à la confiance entre les citoyens et la classe politique. »
La dernière phrase, tout en étant vraie, a un petit côté cocasse venant d'une députée LR, parti "fondé" sous les auspices de son président de l'époque, Nicolas Sarkozy. Qui, on le sait, a beaucoup oeuvré pour alimenter "les scandales hautement préjudiciables à la confiance entre les citoyens et la classe politique". Un des nombreux scandales de la Sarkozie étant l'affaire Bygmalion (on estime à 18,5 millions d'euros le montant des fausses factures Bygmalion pendant la campagne de Sarkozy pour les présidentielles 2012, où il a lamentablement échoué, qui plus est...)
Dans l'affaire Bygmalion, la justice a confirmé le renvoi en correctionnelle de Nicolas Sarkozy, jeudi 25 octobre. Dans la foulée, son avocat Thierry Herzog a annoncé que l'ancien président de la République allait former un pourvoi en cassation. Le 5 mars 2014, le parquet de Paris ouvrait une enquête préliminaire pour « faux », « abus de biens sociaux » et « abus de confiance » visant la société Bygmalion, soupçonnée d'être au centre d'un système de fausses factures. Grâce à elles, les responsables de Bygmalion et de sa filiale Event and Cie, ainsi que des membres de l'UMP — devenue Les Républicains en 2015 — et de l'équipe de campagne de Nicolas Sarkozy, auraient fait en sorte que les dépenses de campagne du candidat pour l'élection présidentielle de 2012 restent inférieures au plafond autorisé par la loi. Quatorze personnes, dont Guillaume Lambert, qui était le directeur de campagne de Nicolas Sarkozy, et Jérôme Lavrilleux, alors directeur adjoint de campagne, sont renvoyées en procès. Jean-François Copé, lui, a bénéficié d'un non-lieu et est définitivement blanchi. Comment fonctionnait ce système de fausses factures ? Explications avec cette vidéo réalisée en janvier 2016.
L'interview suivante éclaire un peu plus les turpitudes de la Sarkozie : Sarkozy, corruption, assassinat et affaire d'état ? Fabrice Arfi (Thinkerview, 23 mai 2018, 1:54:41) Retour en Macronie pour s'intéresser aux chiffres du quotidien des Français : Carburants, retraites, mutuelles... Pourquoi Macron avance en terrain miné sur le pouvoir d'achat (RTL, 29 octobre 2018) Où l'on trouve même un ancien pilier du parti LR (Xavier Bertrand) s'inquiétant du manque d'intérêt de Macron pour le pouvoir d'achat des Français :
"Emmanuel Macron ferait mieux de s'intéresser au pouvoir d'achat des Français parce que ça grogne de partout et les Français n'y arrivent pas. C'est ça la vérité. Il faut sortir de son bureau et aller entendre les Français".
Bref, l'éternelle comédie politique où, entre anciens et nouveaux tenants du pouvoir, l'on s'exonère systématiquement des leçons que l'on donne aux autres... Cette fameuse "confiance entre les citoyens et la classe politique", c'est un peu comme une boucle temporelle dans laquelle Mowgli reviendrait perpétuellement croiser la route de Kaa :
Mais moi je ne suis pas ainsi que certains de tes prétendus amis... Tu peux avoir confiance en moi. Aie confiance... Crois en moi... que je puissssse veiller sur toi... Attention on va descendre ! Fais un somme, sans méfiance... Je suis là... Aie confiance...
Voir en ligne : https://www.agoravox.tv/IMG/jpg/dalloz-depenses-1er-ministre.jpg