Source : Boulevard extérieur, François Nicoullaud, 05-01-2018
Le pouvoir iranien a annoncé la “fin de la sédition” après plusieurs journées de manifestations dans de nombreuses villes du pays. Il a mobilisé ses partisans par dizaines de milliers pour s’opposer aux revendications des protestataires qui, dans un premier temps, dénonçaient la hausse du coût de la vie, avant de passer à des slogans plus politiques hostiles au régime. Selon François Nicoullaud, ancien ambassadeur de France à Téhéran, ces manifestations ne menacent pas, dans l’immédiat, l’existence de la République islamique mais elles aggravent ses contradictions internes qui pourraient, à terme, lui être fatales.
Les six jours de manifestations et d’émeutes sporadiques qui viennent de se dérouler en Iran démontrent la persistance dans la population d’une souffrance diffuse et profonde, alimentée par le chômage, la pauvreté, l’absence de perspectives économiques et politiques, alors que prospère d’autre part une richesse insolente, soutenue par l’État et alimentée par la corruption.
« Occupez-vous de nous, crient les manifestants, plutôt que de vous occuper de la Syrie, du Yémen, du Liban, des Palestiniens ». Il s’agit donc d’un appel au secours, mêlée à la colère qui ose s’exprimer contre le gouvernement, et même contre le Guide suprême. Mais pas de figures de proue, pas de ligne directrice. On peut parier que la plupart des gens qui défilent n’ont jamais voté, ou, s’ils ont voté, le faisaient pour ne pas se faire remarquer. À noter que le Mouvement réformateur, qui aurait pu les soutenir, ou au moins leur marquer un peu de sympathie, n’a fait aucun geste en ce sens.
Source