Source : Proche & Moyen-Orient, Guillaume Berlat, 30-07-2018
« Ainsi, craignant toujours un funeste accident, J’imite de Conrart le silence prudent » écrit Nicolas Boileau dans son épitre I au Roi en 1669, citant le premier secrétaire perpétuel de l’Académie française. C’est vraisemblablement la posture choisie par le président de la République, Emmanuel Macron dans ce qu’il est convenu de qualifier d’affaire Benalla. À chaque époque politique son Alexandre, pas le Grand mais Alexandre Djourhi sous Nicolas Sarkozy et Alexandre Benalla sous Emmanuel Macron. Décidemment, la promesse des pratiques d’un « monde nouveau » décrétée par Jupiter ne tient pas ses promesses. Il n’entre nullement dans nos intentions de participer à la curée, de s’acharner sur un homme à terre – quoi qu’il ait pu faire et sur lequel nous ne savons que ce que l’on veut bien nous dire – comme le font nos moralistes à la petite semaine. Et, de nos jours, les vautours, les charognards prolifèrent comme le chiendent avec leur bonne conscience en étendard.
Grand bien leur fasse ! Pour notre part, nous préférons suivre la maxime de Jésus « Que celui d’entre vous qui n’a jamais péché lui jette la première pierre ». Plus intéressantes et utiles sont les leçons intemporelles que l’on peut tirer de ce fait divers, condensé des dérives de notre époque, fait divers mu en affaire d’État1 quoi que prétende Jupiter (« tempête dans un verre d’eau »). Elles méritent d’être détaillées pour tenter d’aller au-delà de l’écume des jours.
TRAHISON DES CLERCS
On peut élargir le propos de Julien Benda à la trahison permanente de nos dirigeants politiques – toutes opinions confondues – qui prétendent servir des valeurs (le vrai, le juste) dans leur discours mais font tout le contraire dans leurs actes. Rappelons ce que chantait Guy Béart au siècle dernier dans Les grands principes : « elle me parlait des grands principes, puis agissait n’importe comment en vertu des grands sentiments » ! Ces paroles n’ont pas pris la moindre ride dans la Macronie conquérante2. L’affaire Benalla tombe fort à propos, après l’hystérie collective de la victoire de la coupe du monde de football, pour nous ramener à la dure réalité. La prétendue « République exemplaire » ou sa version actualisée de la « République inaltérable », ce n’est que billevesée et sornette3. Nous en possédons la preuve tangible chaque semaine que le dieu Jupiter fait. Le feuilleton de la moralisation de la vie publique que nous livre régulièrement Prochetmoyen-orien.ch en est la triste illustration. Le nouveau monde ressemble étrangement à l’ancien monde stigmatisé par Emmanuel Macron… en pire avec ses conseillers invisibles, ses copains, ses coquins. Nous baignons en plein dans la confusion des rôles si ce n’est la confusion des sentiments. Mais, juste retour des choses, et « en attendant le fusible et les révélations des commissions d’enquête, dans l’affaire Benalla, c’est Macron qui casque »4.Lire la suite
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