Source : Proche & Moyen-Orient, Hedy Belhassine, 15-07-2019
Que peut-il y avoir de commun entre le Prince Mohamed ben Salman d’Arabie, le Christ Sauveur du Monde et Donald Trump ? Un tableau à 450 millions de dollars pardi.
C’est l’histoire d’un petit morceau de bois peint à l’époque de la Renaissance, oublié pendant cinq siècles d’indifférence puis restauré à grands frais par des marchands malins. En 1958, il est cédé pour 45 £, en 2005 il est revendu 10 000 dollars. En 2013, Dmitri Rybolovlev un richissime cardiologue russe reconverti dans la potasse l’achète pour 127 millions de dollars à Yves Bouvier un négociant suisse qui venait de l’acquérir pour 75 millions. Belle plus-value nette fiscale ! Il faut dire que dans l’intervalle, l’oeuvre a été attribuée à Léonard de Vinci par des experts formels aussitôt contredits par quelques-uns de leurs collègues grincheux qui reniflent l’embrouille : « provenance spéculative, attribution optimiste, restauration abusive, prix exorbitant ».
Art et business
Ouvrons une première parenthèse sur le célèbre vendeur russe qui, entre autres exploits, a généreusement permis en 2008 à Donald Trump de faire une jolie culbute en lui achetant 95 millions de dollars une villa que le futur Président avait acquise quatre ans plus tôt 42 millions (seulement). Seconde parenthèse sur le très avisé homme d’affaires suisse, patron de ports francs à Genève, Singapour, Luxembourg. Ces établissements sont des entrepôts où les marchandises séjournent en suspension de taxes et droits. Les immeubles dédiés aux objets d’art sont de véritables coffres forts implantés près des aéroports. Ils permettent aux fortunés du monde entier d’y déposer des valeurs et des objets à couvert du fisc du tous les pays; ils peuvent venir les contempler, les vendre ou les échanger en toute sécurité et discrétion. Rappelons accessoirement que les transactions sur les objets d’arts sont de commodes échappatoires aux lois sur le blanchiment d’argent.Lire la suite
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